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Inversement, il peut adopter une strategie de divergence (Giles, Coupland & Coupland 1991) en continuant d’utiliser ses deux langues quand il s’adresse a un locuteur monolingue. Au-dela du choix reserve aux bilingues, la question est rarement envisagee dans l’autre sens : quelles strategies les locuteurs monolingues peuvent-ils adopter par souci d’accommodation envers les locuteurs bilingues ? Dans les pays de tradition monolingue et/ou a forte immigration, le bilinguisme fait courir le risque de l’exclusion, du fait de son caractere marginal. A l’inverse, nous soutenons que si un locuteur monolingue essaie d’adopter une strategie de convergence, forcement non naturelle, son discours peut etre percu comme exemple de sur-accommodation, risquant de lui aliener a la fois les locuteurs bilingues et les locuteurs monolingues.Nous proposons une reflexion fondee sur trois etudes de cas, a savoir la ou les facons dont Hillary Clinton, Donald Trump et Justin Trudeau s’adressent (ou non) aux minorites linguistiques. Aux Etats-Unis, ou les hispanophones forment desormais la plus grande minorite de population, elle est a la fois vilipendee au pretexte qu’elle menacerait l’unite d’une communaute censement unie par l’anglais, et courtisee en tant que reservoir de voix electorales. Au Canada, les rapports entre communautes linguistiques posent egalement question, notamment dans la mesure ou le bilinguisme, bien qu’institutionnel, peut etre percu comme un privilege de classe pour les anglophones, ou une menace pour les francophones.","PeriodicalId":31138,"journal":{"name":"Anglophonia","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2017-11-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Les monolingues parlent aux bilingues : Plurilinguisme et parole politique aux États-Unis et au Canada\",\"authors\":\"Charles Brasart\",\"doi\":\"10.4000/ANGLOPHONIA.1140\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Dans la continuite du concept de « communaute imaginee » developpe par Anderson (1983), Cohen (1985) propose un modele dans lequel les communautes sont le resultat d’une construction, axee autour d’un repertoire symbolique commun. 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Les monolingues parlent aux bilingues : Plurilinguisme et parole politique aux États-Unis et au Canada
Dans la continuite du concept de « communaute imaginee » developpe par Anderson (1983), Cohen (1985) propose un modele dans lequel les communautes sont le resultat d’une construction, axee autour d’un repertoire symbolique commun. Dans les communautes bilingues, ce repertoire symbolique est notamment illustre par les deux langues partagees (et le double bagage culturel qui s’y rattache), dont l’emploi est assimile a un acte d’identite a fonction « emblematique » (Matras 2009 : 57). Celui-ci permet a la fois de definir qui appartient et qui n’appartient pas a la communaute. Le locuteur bilingue peut ainsi adopter une strategie de convergence en utilisant ses deux langues avec les membres de sa communaute etroite, ou en se cantonnant a l’une d’elles avec les membres de la communaute monolingue. Inversement, il peut adopter une strategie de divergence (Giles, Coupland & Coupland 1991) en continuant d’utiliser ses deux langues quand il s’adresse a un locuteur monolingue. Au-dela du choix reserve aux bilingues, la question est rarement envisagee dans l’autre sens : quelles strategies les locuteurs monolingues peuvent-ils adopter par souci d’accommodation envers les locuteurs bilingues ? Dans les pays de tradition monolingue et/ou a forte immigration, le bilinguisme fait courir le risque de l’exclusion, du fait de son caractere marginal. A l’inverse, nous soutenons que si un locuteur monolingue essaie d’adopter une strategie de convergence, forcement non naturelle, son discours peut etre percu comme exemple de sur-accommodation, risquant de lui aliener a la fois les locuteurs bilingues et les locuteurs monolingues.Nous proposons une reflexion fondee sur trois etudes de cas, a savoir la ou les facons dont Hillary Clinton, Donald Trump et Justin Trudeau s’adressent (ou non) aux minorites linguistiques. Aux Etats-Unis, ou les hispanophones forment desormais la plus grande minorite de population, elle est a la fois vilipendee au pretexte qu’elle menacerait l’unite d’une communaute censement unie par l’anglais, et courtisee en tant que reservoir de voix electorales. Au Canada, les rapports entre communautes linguistiques posent egalement question, notamment dans la mesure ou le bilinguisme, bien qu’institutionnel, peut etre percu comme un privilege de classe pour les anglophones, ou une menace pour les francophones.