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Œdipe et Ogbanje dans la migration des femmes nigérianes en Italie : d’une mythologie virulente de l’adoption et de ses anticorps
En Italie, les femmes africaines immigrees, en majorite nigerianes, sont placees sous la protection de l’Etat en tant que victimes de traite humaine. Mais lorsqu’elles deviennent meres, il arrive souvent que les institutions les considerent comme inaptes, incapables d’elever leurs enfants. Si les juges – s’appuyant sur les rapports etablis par les services sociaux – estiment qu’elles « ne sont pas animees par un sentiment maternel responsable », elles perdent le droit de rencontrer leur enfant, jusqu’a la separation definitive. La rupture du lien decidee par la mise en place d’une procedure d’adoption fait alors d’un enfant africain ne d’une mere immigree un « sans-parents » et un produit de l’Etat, tandis que les meres retombent dans les oubliettes des rapports inutiles et dans l’anonymat des sans-papiers. En s’appuyant sur la litterature questionnant les rapports entre migration, Etat et famille, l’auteur analyse comment ces petits sujets deviennent italiens en vertu de la forclusion du nom de leur mere noire. Enfin, a partir d’une reflexion sur les mythes evoquant l’« enfant perdu qui revient » (l’Œdipe et l’Ogbanje), les conclusions meneront vers un choix narratif : entre l’Œdipe et l’Ogbanje, on se demande en effet a quelle condition il est possible de conjurer la tragedie.