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Les enjeux de la patrimonialisation du parc historique de la canne-à-sucre en Haïti
L’acces au passe colonial-esclavagiste, par la memoire, l’histoire ou la culture, se retrouve en Haiti dans les habitations coloniales qui connaissent des stades divers de patrimonialisation depuis plusieurs annees. Parmi elles, la reconstitution museologique du parc historique de la canne-a-sucre, ancienne exploitation agricole coloniale devenue ulterieurement lieu de memoire au sens de Pierre Nora (1984) emblematique en milieu urbain en Haiti, est une mise en scene en objets, en mots et en images des traces (Veschambre 2008) materielles et symboliques de la memoire colonial-esclavagiste et des marques de la memoire domestique (Rautenberg 2003) et familiale (Muxel 1996) qui fait l’objet de legitimations memorielles et de revendications identitaires. Par son aspect historique, memoriel, patrimonial, urbain, pedagogique et culturel, il permet de penser autrement les liens entre memoire, histoire et culture dans une societe postcoloniale. Cet article, resultant d’une recherche ethnographique et sociologique composite (archives, analyse de contenu, observations, photographies et entretiens), menee in situ entre 2011 et 2013 avec des individus dont les histoires, les milieux d’origine et les conditions socio-economiques varient, montre que ce haut lieu de l’histoire sociale haitienne interroge fondamentalement la relation au passe colonial-esclavagiste, inlassablement reconstruit pour dessiner le present. L’analyse sociologique des materiaux de l’enquete de terrain permet de comprendre comment ce centre culturel-musee (Verges 2012) contribue a l’invisibilisation des rapports sociaux esclavagistes tout en donnant a voir l’hegemonie des elites economique, politique et culturelle dans la hierarchie sociale haitienne.