{"title":"Le pion de la Tour. Analyse rhétorique des brouillons perdus du Quichotte","authors":"C. Noille","doi":"10.58282/lht.1785","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Oublier Pierre MenardIl n’est peut-etre pas inutile – pour conjurer les dieux de l’indifference ? – de placer ce propos sous la protection de quelques formules emblematiques de notre modernite.Tynianov, citant les Conversations de Goethe avec Eckermann, ecrit :Lady Macbeth dit une fois : « J’ai allaite des enfants », et plus tard on nous dit qu’elle n’a pas d’enfant ; son personnage est justifie car, pour Shakespeare, « ce qui importe, c’est la force de chacune de ses apostrophes. […] » Donc l’unite statique du personnage (comme toute unite statique dans l’œuvre litteraire) se trouve etre extremement instable ; elle depend entierement du principe de construction1.Et on peut lire dans tel article celebre de Tomachevski :Le heros n’est guere necessaire a la fable. La fable comme systeme de motifs peut entierement se passer du heros et de ses traits caracteristiques. Le heros resulte de la transformation du materiau en sujet et represente d’une part un moyen d’enchainement de motifs et d’autre part une motivation personnifiee du lien entre les motifs2.Je me proposerai alors d’interroger le Pierre Menard, auteur du Quichotte en le subordonnant tres exactement a cette regle (morale tout autant qu’heuristique) : ne considerer les personnages que comme de purs moyens, plus ou moins captieux, d’enchainer les motifs et de fasciner mon regard ; et en consequence me passer de Menard, ses collegues et ses amis pour en revenir aux motifs de la fable et a sa dynamique de construction du se","PeriodicalId":126948,"journal":{"name":"Fabula-Lht : Pierre Ménard, notre ami et ses confrères","volume":"86 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2016-07-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Fabula-Lht : Pierre Ménard, notre ami et ses confrères","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/lht.1785","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 1
Abstract
Oublier Pierre MenardIl n’est peut-etre pas inutile – pour conjurer les dieux de l’indifference ? – de placer ce propos sous la protection de quelques formules emblematiques de notre modernite.Tynianov, citant les Conversations de Goethe avec Eckermann, ecrit :Lady Macbeth dit une fois : « J’ai allaite des enfants », et plus tard on nous dit qu’elle n’a pas d’enfant ; son personnage est justifie car, pour Shakespeare, « ce qui importe, c’est la force de chacune de ses apostrophes. […] » Donc l’unite statique du personnage (comme toute unite statique dans l’œuvre litteraire) se trouve etre extremement instable ; elle depend entierement du principe de construction1.Et on peut lire dans tel article celebre de Tomachevski :Le heros n’est guere necessaire a la fable. La fable comme systeme de motifs peut entierement se passer du heros et de ses traits caracteristiques. Le heros resulte de la transformation du materiau en sujet et represente d’une part un moyen d’enchainement de motifs et d’autre part une motivation personnifiee du lien entre les motifs2.Je me proposerai alors d’interroger le Pierre Menard, auteur du Quichotte en le subordonnant tres exactement a cette regle (morale tout autant qu’heuristique) : ne considerer les personnages que comme de purs moyens, plus ou moins captieux, d’enchainer les motifs et de fasciner mon regard ; et en consequence me passer de Menard, ses collegues et ses amis pour en revenir aux motifs de la fable et a sa dynamique de construction du se