{"title":"Un cas de censure politique au XVIIe siècle : la chronique de Śarṣa-Dəngəl","authors":"M. Kropp","doi":"10.3406/ETHIO.2001.1003","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Resume : La censure semble bien etre un trait commun a la tradition humaine et a la memoire collective. L'historiographie ethiopienne n'echappe pas a cette regle. Le plus souvent produite a la cour royale, elle etait donc nettement sous le controle du pouvoir et des puissants. Ainsi les chroniques des souverains ethiopiens narrent les evenements d'un regne en plein accord avec les vues officielles, fait que l'historien qui s'en sert comme source historique doit prendre en consideration. La chronique de Sarsa-Dangal offre un cas de censure posterieure : les changements dramatiques dans l'histoire ethiopienne apres la mort de ce souverain (une autre ligne dynastique qui se convertit au catholicisme) exigent que des passages historiques se referant aux actions du roi (Sarsa-Dangəl) et de certains de ses favoris soient changes. Les raisons de cette censure sont diverses : d'une part l'image du roi semble bien avoir change : Susanyos est desormais le souverain absolu qui ne supporte plus — meme pas dans le recit du passe - les conseils ouverts et sinceres de sa noblesse ; d'autre part il s'agit de la damnatio memoriae de quelques dignitaires tombes en disgrâce. La tradition manuscrite de la chronique a neanmoins conserve la redaction non expurgee des chapitres 8 et 9 en question dans quelques mss. Quant au ms. d'Abbadie 42, il porte les traces d'une censure materielle : les fascicules originaux portant les passages inconvenants sont probablement substitues par de nouveaux, ecrits d'une autre main.","PeriodicalId":296547,"journal":{"name":"Annales D'ethiopie","volume":"57 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"1900-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales D'ethiopie","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3406/ETHIO.2001.1003","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Resume : La censure semble bien etre un trait commun a la tradition humaine et a la memoire collective. L'historiographie ethiopienne n'echappe pas a cette regle. Le plus souvent produite a la cour royale, elle etait donc nettement sous le controle du pouvoir et des puissants. Ainsi les chroniques des souverains ethiopiens narrent les evenements d'un regne en plein accord avec les vues officielles, fait que l'historien qui s'en sert comme source historique doit prendre en consideration. La chronique de Sarsa-Dangal offre un cas de censure posterieure : les changements dramatiques dans l'histoire ethiopienne apres la mort de ce souverain (une autre ligne dynastique qui se convertit au catholicisme) exigent que des passages historiques se referant aux actions du roi (Sarsa-Dangəl) et de certains de ses favoris soient changes. Les raisons de cette censure sont diverses : d'une part l'image du roi semble bien avoir change : Susanyos est desormais le souverain absolu qui ne supporte plus — meme pas dans le recit du passe - les conseils ouverts et sinceres de sa noblesse ; d'autre part il s'agit de la damnatio memoriae de quelques dignitaires tombes en disgrâce. La tradition manuscrite de la chronique a neanmoins conserve la redaction non expurgee des chapitres 8 et 9 en question dans quelques mss. Quant au ms. d'Abbadie 42, il porte les traces d'une censure materielle : les fascicules originaux portant les passages inconvenants sont probablement substitues par de nouveaux, ecrits d'une autre main.