{"title":"Expérience et explication de l’image à l’ère digitale","authors":"Gian Maria Tore, Yves-Marie Visetti","doi":"10.4000/signata.4703","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Que notre rapport à l’art, au musée comme dans la société, connaisse actuellement des transformations radicales ; que l’histoire de l’art en particulier soit destinée à être révolutionnée par le numérique ; et que la toute nouvelle Digital Art History soit en passe de nous dire et montrer autre chose que ce que nous avons pu voir et savoir jusqu’à maintenant : cela paraît désormais une évidence séduisante. Tel est le point de départ de cette étude, qui entend revenir dans le même temps à des questions liminaires : qu’est-ce, d’une part, que mieux voir et mieux expliquer un tableau, et comment s’y prend-on [§ 1] ? de quelle façon, d’autre part, les recherches liées à la numérisation des images — venant bien après celles portant sur le traitement automatique des langues et des textes — pourraient-elles nous aider à augmenter et affiner notre regard [§ 2] ? Tels sont les problèmes travaillés ici d’une manière frontale et critique. L’article trouve son élan initial dans une certaine conception de l’expérience et de l’explication du tableau, ressaisis dans leur nouage fondamental. On soutient que l’entreprise de connaissance ne peut en être coupée : d’où s’ensuivent, par contraste, les limites gnoséologiques propres aux traitements automatiques fondés sur le balayage de grands corpus. Corrélativement, certains principes d’analyse clés en histoire de l’art, théorie esthétique et sémiotique visuelle sont passés en revue et discutés : motifs (dans une conception critique de l’iconographie traditionnelle), diagrammes (en relation étroite avec la notion de figuralité), entrelacements du visuel et du verbal (enjeu essentiel et délicat de notre relation à l’œuvre d’art, que les humanités numériques ne doivent en aucun cas éluder) [§ 3]. À la lumière de ce bilan, l’article propose une série de dispositifs numériques originaux capables de mieux nouer, et augmenter, l’expérience et l’explication du tableau [§ 4]. En s’appuyant à quelques cas d’étude des toiles de Gustave Courbet, on vise finalement à conjuguer les exigences phénoménologiques de la rencontre singulière de chaque tableau avec celles d’une invention de la valeur sémiotique qui soit fondamentalement solidaire d’une mise en montage des œuvres. On voudrait montrer, en somme, les voies positives d’un renouvellement dont les machines pourraient être un adjuvant essentiel, à condition de ne pas en rester aux directions de recherche et aux modalités d’intervention que l’on a vu célébrées et programmées jusqu’à présent.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"65 2","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-11-06","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Signata","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/signata.4703","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Arts and Humanities","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Que notre rapport à l’art, au musée comme dans la société, connaisse actuellement des transformations radicales ; que l’histoire de l’art en particulier soit destinée à être révolutionnée par le numérique ; et que la toute nouvelle Digital Art History soit en passe de nous dire et montrer autre chose que ce que nous avons pu voir et savoir jusqu’à maintenant : cela paraît désormais une évidence séduisante. Tel est le point de départ de cette étude, qui entend revenir dans le même temps à des questions liminaires : qu’est-ce, d’une part, que mieux voir et mieux expliquer un tableau, et comment s’y prend-on [§ 1] ? de quelle façon, d’autre part, les recherches liées à la numérisation des images — venant bien après celles portant sur le traitement automatique des langues et des textes — pourraient-elles nous aider à augmenter et affiner notre regard [§ 2] ? Tels sont les problèmes travaillés ici d’une manière frontale et critique. L’article trouve son élan initial dans une certaine conception de l’expérience et de l’explication du tableau, ressaisis dans leur nouage fondamental. On soutient que l’entreprise de connaissance ne peut en être coupée : d’où s’ensuivent, par contraste, les limites gnoséologiques propres aux traitements automatiques fondés sur le balayage de grands corpus. Corrélativement, certains principes d’analyse clés en histoire de l’art, théorie esthétique et sémiotique visuelle sont passés en revue et discutés : motifs (dans une conception critique de l’iconographie traditionnelle), diagrammes (en relation étroite avec la notion de figuralité), entrelacements du visuel et du verbal (enjeu essentiel et délicat de notre relation à l’œuvre d’art, que les humanités numériques ne doivent en aucun cas éluder) [§ 3]. À la lumière de ce bilan, l’article propose une série de dispositifs numériques originaux capables de mieux nouer, et augmenter, l’expérience et l’explication du tableau [§ 4]. En s’appuyant à quelques cas d’étude des toiles de Gustave Courbet, on vise finalement à conjuguer les exigences phénoménologiques de la rencontre singulière de chaque tableau avec celles d’une invention de la valeur sémiotique qui soit fondamentalement solidaire d’une mise en montage des œuvres. On voudrait montrer, en somme, les voies positives d’un renouvellement dont les machines pourraient être un adjuvant essentiel, à condition de ne pas en rester aux directions de recherche et aux modalités d’intervention que l’on a vu célébrées et programmées jusqu’à présent.