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Abstract
« Dans la première préface à la Critique de la raison pure Kant se réfère aux Métamorphoses d’Ovide pour comparer une métaphysique hors bornes à la reine Hécube. Or, ce qui semble être tu dans cette métaphore, c’est qu’Ovide fait culminer la douleur d’Hécube dans sa métamorphose en chienne enragée. Le cliché de la reine des sciences est ainsi poussée à son paroxysme : la métaphysique sauvage serait une chienne enragée ! Cet article revient, par le biais de l’œuvre sonore de l’artiste power noise Rosaceae (Leyla Yenirce), à une Hécube qui hante la philosophie. Hécube pose, selon l’argument exposé ici, le problème d’une aísthēsis (αἴσθησις) pure, qui hanterait la notion de raison pure comme son complément logique mais refoulé. Refoulé car, si l’idée d’une raison pure semble parfaitement innocente, celle d’une aísthēsis (αἴσθησις) pure évoque à l’inverse un scandale pour la pensée philosophique, puisque l’idée d’un objet à penser en est exclue, et puisque son spectre renvoie à tout ce qui terrorise les philosophes : la fantaisie et la folie, le désir et la culpabilité, l’enthousiasme et l’irrationalité. »