Le contexte des nouvelles réformes est double :
– L’entrée dans les études de santé est une réforme de l’université et donc politique :
– Objectif principal : suppression de l’année de sélection ;
– Une grande instabilité 3 ans après son installation.
– La refonte du 2e cycle est l’approche la plus clinique et la plus professionnalisante depuis 30 ans :
– Formation et évaluation de la compétence socle de l’étudiant pour entrer dans le 3e cycle ;
– Paradigme d’apprentissage et non plus d’enseignement.
Ces contextes très différents sont l’occasion d’interroger la place des sciences morphologiques a deux moments importants (mais non exclusifs) de la transformation de néo-bacheliers en médecins spécialistes durant une décade.
Notre enjeu principal est la réussite de nos étudiants à la fin de la 2e année des études en santé car dans la majorité des universités, nous devons accueillir des étudiants au parcours très différents (PASS et LAS, L1 pour ceux qui ont abandonné l’année PASS).
Notre réflexion pédagogique doit donc se focaliser sur les 2e et 3e année et en déduire nos objectifs pédagogiques de la première année.
Plus que jamais car les heures sont comptées plus qu’auparavant, nous aurions grand intérêt à exprimer par écrit les connaissances de base, hiérarchisée et les habiletés qui en découlent en fin de 1er cycle. Ces objectifs pédagogiques ainsi formulés auraient l’avantage d’une attente explicite vis-à-vis de nos étudiants et poseraient une base d’association avec les cliniciens.
Formulés en termes de maîtrise de connaissances dans un contexte clinique, les étudiants en comprendraient plus aisément la pertinence et leur serviraient au cours des 2e et 3e cycle.
Car, nous savons que donner du sens à un apprentissage est le moyen le plus efficace d’ancrer des connaissances à long terme. Nous avons la chance que les contextes cliniques nous offrent cette opportunité.
Comment l’histologie et l’anatomie normale servent l’anatomo-pathologie et la sémiologie ? Pour une fraction importante des promotions entrant dans le 3e cycle, la non-compréhension de mécanismes de base est une source majeure de troubles profonds du raisonnement et de prises en charge des patients.
Ces objectifs pédagogiques ainsi formulés sont indissociables d’une évaluation diversifiée et surtout répondant à un alignement pédagogique.
Nous devons aider les étudiants à maîtriser une histologie et d’une anatomie descriptive ou topographique surtout lorsqu’elles servent la compréhension d’un phénomène clinique ou physiopathologique. La descriptive n’est plus l’essence de la discipline, certains peuvent le regretter alors que l’habileté à la description est une école de rigueur pour l’habileté clinique. Le fameux « plan anatomique type » structure la rigueur de l’examen clinique.
Ces objectifs pédagogiques ainsi posés pour tous, y compris pour les bacheliers et leurs enseignants, nous devrons les évaluer selon le principe de l’alignement pédagogique (pour une meilleure cohérence entre les outils d’évaluation et les visées et activités d’apprentissage de nos étudiants).
Un effort important doit être réalisé par notre collectivité pour progresser dans la science de l’évaluation dont la maîtrise doit être aussi fine que celle de la formation. Et individuellement y consacrer presque autant de temps (en composition et en analyses fines des résultats d’évaluation). Tous les outils sont disponibles pour être utilisés avec toute la diversité appropriée.
En terme de temps de formation le constat est assez clair : les amphithéâtres sont souvent clairsemés car les étudiants n’y trouvent pas de plus-values à assister à cette transmission de la connaissance. L’interactivité, même avec de grands groupes, est possible et les mises en situation clinique diverses sont à développer ; les commentaires des enseignants en renforcement et en correction sont une des manières les plus efficaces d’assurer notre rôle dans le processus de formation des étudiants futurs médecins.
À l’heure de l’IA balbutiante dont les des algorithmes aideront les professionnels de soins à accélérer les mécanismes diagnostiques, à proposer des aides au diagnostic et à la thérapeutique, nous devons nous assurer que la validation finale par le professionnel de santé aura été maîtrisée et donc comprise (y compris avec ses biais) faute d’en devenir des suiveurs ou pire des victimes.
Nous aurons à nous interroger sur ce que nos disciplines véhiculent comme valeurs professionnelles plus que de connaissances factuelles, comment nos disciplines contribuent à modeler l’éthique professionnelle de futurs soignants, comment elles forgent d’assise des compétences à résoudre les difficultés de nos concitoyens.