Hypersomnolences d’origine centrale

C. Denis , L. Barateau , Y. Dauvilliers
{"title":"Hypersomnolences d’origine centrale","authors":"C. Denis ,&nbsp;L. Barateau ,&nbsp;Y. Dauvilliers","doi":"10.1016/j.praneu.2024.01.006","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Cette revue détaille la présentation clinique, le diagnostic, la physiopathologie et la prise en charge des hypersomnolences d’origine centrale : la narcolepsie de type 1 (NT1) et 2 (NT2), l’hypersomnie idiopathique (HI) et le syndrome de Kleine–Levin (KLS). La NT1 est la mieux caractérisée tout d’abord sur un plan (1) clinique avec une somnolence diurne excessive, des cataplexies, hallucinations liées au sommeil, des paralysies du sommeil et souvent un mauvais sommeil de nuit, (2) neurophysiologique avec des latences moyennes d’endormissement diurne inférieures à 8<!--> <!-->minutes, avec au moins un endormissement en sommeil paradoxal sur deux des cinq siestes, ou sur le sommeil de nuit préalable, et (3) des taux bas d’hypocrétine-1 ou orexine-A dans le liquide cérébrospinal, marqueur très sensible et spécifique, qui suffit au diagnostic. La NT1 est causée par la destruction des neurones à orexine, avec une origine auto-immune ou dysimmune fortement suspectée. La NT2 est bien moins caractérisée, avec une clinique proche de la NT1 sauf les cataplexies absentes, avec les mêmes critères neurophysiologiques et des taux non abaissés d’hypocrétine. La NT2 est d’évolutivité variable, sans biomarqueur spécifique. L’HI est caractérisée cliniquement par une somnolence diurne excessive, souvent un allongement du temps de sommeil de nuit et de jour, et une inertie au réveil, avec une confirmation neurophysiologique nécessaire de la somnolence diurne excessive avec des endormissements en sommeil lent et du temps de sommeil allongé de plus de 11<!--> <!-->heures/24. Il existe un continuum entre la NT2 et HI, trouble pour lequel il n’existe pas non plus de biomarqueur biologique. La dépression, la privation de sommeil, le travail posté et la consommation de psychotropes en sont les diagnostics différentiels principaux. Le KLS se caractérise par des épisodes récurrents d’hypersomnie, en moyenne 10<!--> <!-->jours, associée à une déréalisation, une apathie, une confusion et parfois des troubles du comportement alimentaire voire sexuel. Ces épisodes sont souvent déclenchés par une privation de sommeil, la prise d’alcool, une infection virale ou un traumatisme crânien. En dehors des épisodes, le patient n’a que rarement des symptômes invalidant ; l’évolution est le plus souvent favorable avec les années. À ce jour, le traitement des hypersomnolences d’origine centrale est uniquement symptomatique, reposant sur des éveillants/psychostimulants pour les NT1, NT2 et HI, des anticataplectiques pour la NT1, et des traitements de prévention des épisodes pour le KLS. Le développement récent d’agonistes des récepteurs-2 de l’orexine nous promet une révolution dans la prise en charge de ces pathologies rares.</p></div><div><p>This review details the clinical presentation, diagnosis, pathophysiology and management of hypersomnolence of central origin: narcolepsy type 1 (NT1) and 2 (NT2), idiopathic hypersomnia (HI) and Kleine–Levin syndrome (KLS). NT1 is best characterized on (1) clinical level with excessive daytime sleepiness, cataplexy, sleep-related hallucinations, sleep paralysis and often poor night sleep, (2) neurophysiological with mean latencies of daytime sleep below 8<!--> <!-->minutes, with at least one sleep onset in REM sleep, or on the previous night's sleep, and (3) low levels of hypocretin-1 or orexin-A in the cerebrospinal fluid spinal, very sensitive and specific marker, which is sufficient for diagnosis. NT1 is caused by the destruction of orexin neurons, with an autoimmune or dysimmune origin strongly suspected. NT2 is much less characterized, with a clinic similar to NT1 except for absent cataplexies, with the same neurophysiological criteria and the absence of low hypocretin levels. NT2 is of variable evolution, without specific biomarker. IH is clinically characterized by excessive daytime sleepiness, often prolonged nighttime and daytime sleep time, and inertia upon awakening. A neurophysiological confirmation of excessive daytime sleepiness with mean latencies of daytime sleep below 8<!--> <!-->minutes, or a prolonged sleep of more than 11<!--> <!-->hours/24 is mandatory. There is a continuum between NT2 and HI, a disorder for which there is also no biological biomarker. Depression, sleep deprivation, shift work and psychotropic drug consumption are the main differential diagnoses. KLS is characterized by recurrent episodes of hypersomnia, on average 10 days, associated with derealization, apathy, confusion and sometimes eating or even sexual behavior disorders. These episodes are often triggered by sleep deprivation, alcohol intake, viral infection or head trauma. Apart from episodes, the patient rarely has disabling symptoms; the evolution is most often favorable over the years. To date, the treatment of hypersomnolence of central origin is only symptomatic, based on alerting agents/psychostimulants for NT1, NT2 and HI, in addition to anticataplectics for NT1, and episode prevention treatments for KLS. The recent development of orexin receptor 2 agonists promises a revolution in the treatment of these rare pathologies.</p></div>","PeriodicalId":53613,"journal":{"name":"Pratique Neurologique - FMC","volume":"15 1","pages":"Pages 40-46"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Pratique Neurologique - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1878776224000074","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Medicine","Score":null,"Total":0}
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Abstract

Cette revue détaille la présentation clinique, le diagnostic, la physiopathologie et la prise en charge des hypersomnolences d’origine centrale : la narcolepsie de type 1 (NT1) et 2 (NT2), l’hypersomnie idiopathique (HI) et le syndrome de Kleine–Levin (KLS). La NT1 est la mieux caractérisée tout d’abord sur un plan (1) clinique avec une somnolence diurne excessive, des cataplexies, hallucinations liées au sommeil, des paralysies du sommeil et souvent un mauvais sommeil de nuit, (2) neurophysiologique avec des latences moyennes d’endormissement diurne inférieures à 8 minutes, avec au moins un endormissement en sommeil paradoxal sur deux des cinq siestes, ou sur le sommeil de nuit préalable, et (3) des taux bas d’hypocrétine-1 ou orexine-A dans le liquide cérébrospinal, marqueur très sensible et spécifique, qui suffit au diagnostic. La NT1 est causée par la destruction des neurones à orexine, avec une origine auto-immune ou dysimmune fortement suspectée. La NT2 est bien moins caractérisée, avec une clinique proche de la NT1 sauf les cataplexies absentes, avec les mêmes critères neurophysiologiques et des taux non abaissés d’hypocrétine. La NT2 est d’évolutivité variable, sans biomarqueur spécifique. L’HI est caractérisée cliniquement par une somnolence diurne excessive, souvent un allongement du temps de sommeil de nuit et de jour, et une inertie au réveil, avec une confirmation neurophysiologique nécessaire de la somnolence diurne excessive avec des endormissements en sommeil lent et du temps de sommeil allongé de plus de 11 heures/24. Il existe un continuum entre la NT2 et HI, trouble pour lequel il n’existe pas non plus de biomarqueur biologique. La dépression, la privation de sommeil, le travail posté et la consommation de psychotropes en sont les diagnostics différentiels principaux. Le KLS se caractérise par des épisodes récurrents d’hypersomnie, en moyenne 10 jours, associée à une déréalisation, une apathie, une confusion et parfois des troubles du comportement alimentaire voire sexuel. Ces épisodes sont souvent déclenchés par une privation de sommeil, la prise d’alcool, une infection virale ou un traumatisme crânien. En dehors des épisodes, le patient n’a que rarement des symptômes invalidant ; l’évolution est le plus souvent favorable avec les années. À ce jour, le traitement des hypersomnolences d’origine centrale est uniquement symptomatique, reposant sur des éveillants/psychostimulants pour les NT1, NT2 et HI, des anticataplectiques pour la NT1, et des traitements de prévention des épisodes pour le KLS. Le développement récent d’agonistes des récepteurs-2 de l’orexine nous promet une révolution dans la prise en charge de ces pathologies rares.

This review details the clinical presentation, diagnosis, pathophysiology and management of hypersomnolence of central origin: narcolepsy type 1 (NT1) and 2 (NT2), idiopathic hypersomnia (HI) and Kleine–Levin syndrome (KLS). NT1 is best characterized on (1) clinical level with excessive daytime sleepiness, cataplexy, sleep-related hallucinations, sleep paralysis and often poor night sleep, (2) neurophysiological with mean latencies of daytime sleep below 8 minutes, with at least one sleep onset in REM sleep, or on the previous night's sleep, and (3) low levels of hypocretin-1 or orexin-A in the cerebrospinal fluid spinal, very sensitive and specific marker, which is sufficient for diagnosis. NT1 is caused by the destruction of orexin neurons, with an autoimmune or dysimmune origin strongly suspected. NT2 is much less characterized, with a clinic similar to NT1 except for absent cataplexies, with the same neurophysiological criteria and the absence of low hypocretin levels. NT2 is of variable evolution, without specific biomarker. IH is clinically characterized by excessive daytime sleepiness, often prolonged nighttime and daytime sleep time, and inertia upon awakening. A neurophysiological confirmation of excessive daytime sleepiness with mean latencies of daytime sleep below 8 minutes, or a prolonged sleep of more than 11 hours/24 is mandatory. There is a continuum between NT2 and HI, a disorder for which there is also no biological biomarker. Depression, sleep deprivation, shift work and psychotropic drug consumption are the main differential diagnoses. KLS is characterized by recurrent episodes of hypersomnia, on average 10 days, associated with derealization, apathy, confusion and sometimes eating or even sexual behavior disorders. These episodes are often triggered by sleep deprivation, alcohol intake, viral infection or head trauma. Apart from episodes, the patient rarely has disabling symptoms; the evolution is most often favorable over the years. To date, the treatment of hypersomnolence of central origin is only symptomatic, based on alerting agents/psychostimulants for NT1, NT2 and HI, in addition to anticataplectics for NT1, and episode prevention treatments for KLS. The recent development of orexin receptor 2 agonists promises a revolution in the treatment of these rare pathologies.

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