{"title":"La consécration légale de l’aide à mourir doit assurer la conciliation de l’intimité du malade et de l’approche collégiale de la fin de vie","authors":"","doi":"10.1016/j.etiqe.2024.05.004","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>La légalisation de l’euthanasie et/ou du suicide assisté va-t-elle déchirer le principe de fraternité qui vient tempérer celui de l’autonomie tendue à l’extrême vers l’autodétermination ? Viendra-t-elle consacrer une mutilation de la loi Claeys-Leonetti ou promouvoir une avancée des libertés éclairant ses qualités propres à rassurer chacun dans notre démocratie sanitaire ? Ces questions recouvrent celle du recours à la collégialité dans la pratique de l’aide à mourir, comme impératif procédural, au risque de perdre le sens du dialogue intime du médecin avec le mourant. Revenir à la délibération éthique est d’autant plus précieux qu’elle engage chacun dans un dialogue approfondi et ouvert sur un projet qui s’adapte finement à chaque cas, sa casuistique donc étant d’un usage très souple. Faut-il légiférer dès lors tandis qu’on peut craindre qu’une loi ne puisse jamais être en mesure de résoudre l’ensemble des situations singulières ? L’équilibre à trouver est probablement des plus précaire entre l’incontournable respect de l’intimité et l’indispensable collégialité dans cette volonté d’instituer la mort choisie comme nouvelle règle du bien mourir.</p></div><div><p>Legalization of Medical Assistance in Dying Will it tear apart the principle of fraternity which tempers that of autonomy stretched to the extreme towards self-determination? Will this enshrine a mutilation of the Claeys-Leonetti Law or promote an advance in freedoms enlightening its own qualities to reassure everyone in our health democracy? These questions include the use of collegiality in the practice of assisted dying, as a procedural imperative, at the risk of losing the sense of the physician's intimate dialogue with the patient at the end of life. Returning to ethical deliberation is all the more valuable as it engages everyone in a thorough and open dialogue on a project that adapts finely to each case, its casuistry therefore being of a very flexible use. Should we legislate then while we can fear that a law can never be able to solve all the singular situations? The balance to be found is probably the most precarious between the unavoidable respect for intimacy and the indispensable collegiality in this will to institute the chosen death as new rule of the good to die.</p></div>","PeriodicalId":72955,"journal":{"name":"Ethique & sante","volume":"21 3","pages":"Pages 233-243"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-06-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Ethique & sante","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1765462924000588","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
La légalisation de l’euthanasie et/ou du suicide assisté va-t-elle déchirer le principe de fraternité qui vient tempérer celui de l’autonomie tendue à l’extrême vers l’autodétermination ? Viendra-t-elle consacrer une mutilation de la loi Claeys-Leonetti ou promouvoir une avancée des libertés éclairant ses qualités propres à rassurer chacun dans notre démocratie sanitaire ? Ces questions recouvrent celle du recours à la collégialité dans la pratique de l’aide à mourir, comme impératif procédural, au risque de perdre le sens du dialogue intime du médecin avec le mourant. Revenir à la délibération éthique est d’autant plus précieux qu’elle engage chacun dans un dialogue approfondi et ouvert sur un projet qui s’adapte finement à chaque cas, sa casuistique donc étant d’un usage très souple. Faut-il légiférer dès lors tandis qu’on peut craindre qu’une loi ne puisse jamais être en mesure de résoudre l’ensemble des situations singulières ? L’équilibre à trouver est probablement des plus précaire entre l’incontournable respect de l’intimité et l’indispensable collégialité dans cette volonté d’instituer la mort choisie comme nouvelle règle du bien mourir.
Legalization of Medical Assistance in Dying Will it tear apart the principle of fraternity which tempers that of autonomy stretched to the extreme towards self-determination? Will this enshrine a mutilation of the Claeys-Leonetti Law or promote an advance in freedoms enlightening its own qualities to reassure everyone in our health democracy? These questions include the use of collegiality in the practice of assisted dying, as a procedural imperative, at the risk of losing the sense of the physician's intimate dialogue with the patient at the end of life. Returning to ethical deliberation is all the more valuable as it engages everyone in a thorough and open dialogue on a project that adapts finely to each case, its casuistry therefore being of a very flexible use. Should we legislate then while we can fear that a law can never be able to solve all the singular situations? The balance to be found is probably the most precarious between the unavoidable respect for intimacy and the indispensable collegiality in this will to institute the chosen death as new rule of the good to die.