{"title":"Intoxications par le brome recensées par le centre antipoison d’Angers entre 2000 et 2022","authors":"B. Lelievre , M. Cellier , M. Deguigne","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.053","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Les intoxications par le brome sont rares. Le tableau clinique associé peut comprendre notamment des troubles neurologiques et psychiatriques, chez des patients présentant souvent une altération de l’état général. Une étude rétrospective a été menée sur les cas enregistrés entre 2000 et 2022 par le centre antipoison d’Angers pour identifier les origines des intoxications, le diagnostic clinicobiologique et la prise en charge médicale.</p></div><div><h3>Méthodes</h3><p>Une étude rétrospective et descriptive a porté sur les cas d’intoxication par le brome, signalés au Centre antipoison d’Angers du 1<sup>er</sup> janvier 2000 au 30 juin 2022. Ont été inclus des patients de plus de 18<!--> <!-->ans, pour lesquels les cas ont été documentés par des dosages de brome. Le dosage du brome a été effectué par ICP-MS après dilution au 1/40 dans une solution d’HNO<sub>3</sub> 1 % contenant l’étalon interne (rhodium), sur des prélèvements de plasma ou d’urine et dans du café (pour un cas).</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Treize cas (6 hommes, 7 femmes) avec un âge médian de 60<!--> <!-->ans [42–89<!--> <!-->ans] ont été rapportés. L’origine des intoxications était involontaire sauf dans 2 cas (suspicion d’empoisonnement criminel, dont un confirmé par la présence de bromure dans le café). L’intoxication a fait suite à la prise de bromogalactogluconate de calcium (Calcibronat®) (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8), de bromure de potassium (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2), dans un cas, à un contact cutané avec du brome (Br<sub>2)</sub> et dans 2 cas l’agent en cause était inconnu. Les signes cliniques les plus fréquents ont été une confusion (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4), des troubles de l’équilibre (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3) une somnolence (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4) ou une agitation (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2). Une pseudo-hyperchlorémie (8 mesures sur 10) et un trou anionique négatif (2 dossiers) ont été observés. Une bromémie (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->9) ou une bromurie (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3) ont été mesurées à l’admission. La bromémie s’étendait de 6,8 à mg/L à 2120<!--> <!-->mg/L (valeur de référence :<!--> <!--><<!--> <!-->5,6<!--> <!-->mg/L) <span><span>[1]</span></span> et la bromurie de 10,3 à 1710<!--> <!-->mg/L. La bromurie mesurée 8<!--> <!-->jours après l’exposition pour l’unique cas d’exposition cutanée était de 4,1<!--> <!-->mg/L (valeur de référence :<!--> <!--><<!--> <!-->5,43<!--> <!-->mg/L) <span><span>[2]</span></span>. Au vu de ces résultats toxicologiques, l’exposition à un bromure a été écartée dans 4 cas (bromémie ou bromurie normale). Une cinétique de la bromémie a été réalisée dans 6 cas. Dans 1 cas d’exposition chronique à du bromogalactogluconate de calcium, le patient était asymptomatique pour une bromémie<!--> <!-->><!--> <!-->1100<!--> <!-->mg/L alors que plusieurs patients étaient symptomatiques (confusion, agitation, léthargie) pour des bromémies inférieures. La prise en charge a été basée essentiellement sur une hydratation saline. Le patient avec une atteinte cutanée a été traité avec de la sulfadiazine argentique.</p></div><div><h3>Discussion et conclusion</h3><p>Les signes cliniques d’intoxication sont peu spécifiques, cependant, au niveau biologique une pseudo-hyperchlorémie et un trou anionique négatif doivent faire suspecter une intoxication au brome qui sera confirmée par un dosage du brome. Une toxicité peut apparaitre pour des concentrations plasmatiques<!--> <!-->><!--> <!-->500<!--> <!-->mg/L et une concentration<!--> <!-->><!--> <!-->3000<!--> <!-->mg/L peut être létale <span><span>[3]</span></span>. Le tableau clinique semble mal corrélé à la valeur de la bromémie.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Pages S101-S102"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824002142","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
Les intoxications par le brome sont rares. Le tableau clinique associé peut comprendre notamment des troubles neurologiques et psychiatriques, chez des patients présentant souvent une altération de l’état général. Une étude rétrospective a été menée sur les cas enregistrés entre 2000 et 2022 par le centre antipoison d’Angers pour identifier les origines des intoxications, le diagnostic clinicobiologique et la prise en charge médicale.
Méthodes
Une étude rétrospective et descriptive a porté sur les cas d’intoxication par le brome, signalés au Centre antipoison d’Angers du 1er janvier 2000 au 30 juin 2022. Ont été inclus des patients de plus de 18 ans, pour lesquels les cas ont été documentés par des dosages de brome. Le dosage du brome a été effectué par ICP-MS après dilution au 1/40 dans une solution d’HNO3 1 % contenant l’étalon interne (rhodium), sur des prélèvements de plasma ou d’urine et dans du café (pour un cas).
Résultats
Treize cas (6 hommes, 7 femmes) avec un âge médian de 60 ans [42–89 ans] ont été rapportés. L’origine des intoxications était involontaire sauf dans 2 cas (suspicion d’empoisonnement criminel, dont un confirmé par la présence de bromure dans le café). L’intoxication a fait suite à la prise de bromogalactogluconate de calcium (Calcibronat®) (n = 8), de bromure de potassium (n = 2), dans un cas, à un contact cutané avec du brome (Br2) et dans 2 cas l’agent en cause était inconnu. Les signes cliniques les plus fréquents ont été une confusion (n = 4), des troubles de l’équilibre (n = 3) une somnolence (n = 4) ou une agitation (n = 2). Une pseudo-hyperchlorémie (8 mesures sur 10) et un trou anionique négatif (2 dossiers) ont été observés. Une bromémie (n = 9) ou une bromurie (n = 3) ont été mesurées à l’admission. La bromémie s’étendait de 6,8 à mg/L à 2120 mg/L (valeur de référence : < 5,6 mg/L) [1] et la bromurie de 10,3 à 1710 mg/L. La bromurie mesurée 8 jours après l’exposition pour l’unique cas d’exposition cutanée était de 4,1 mg/L (valeur de référence : < 5,43 mg/L) [2]. Au vu de ces résultats toxicologiques, l’exposition à un bromure a été écartée dans 4 cas (bromémie ou bromurie normale). Une cinétique de la bromémie a été réalisée dans 6 cas. Dans 1 cas d’exposition chronique à du bromogalactogluconate de calcium, le patient était asymptomatique pour une bromémie > 1100 mg/L alors que plusieurs patients étaient symptomatiques (confusion, agitation, léthargie) pour des bromémies inférieures. La prise en charge a été basée essentiellement sur une hydratation saline. Le patient avec une atteinte cutanée a été traité avec de la sulfadiazine argentique.
Discussion et conclusion
Les signes cliniques d’intoxication sont peu spécifiques, cependant, au niveau biologique une pseudo-hyperchlorémie et un trou anionique négatif doivent faire suspecter une intoxication au brome qui sera confirmée par un dosage du brome. Une toxicité peut apparaitre pour des concentrations plasmatiques > 500 mg/L et une concentration > 3000 mg/L peut être létale [3]. Le tableau clinique semble mal corrélé à la valeur de la bromémie.