Margot Lestienne , Marie Guillon , Alexandra Macgregor , Laurie Surig , Hélène Donnadieu , Céline Eiden , Hélène Peyrière , groupe d’étude ProtoPsy
{"title":"Troubles psychiatriques et neurocognitifs chez de jeunes consommateurs de protoxyde d’azote non médical : série de cas","authors":"Margot Lestienne , Marie Guillon , Alexandra Macgregor , Laurie Surig , Hélène Donnadieu , Céline Eiden , Hélène Peyrière , groupe d’étude ProtoPsy","doi":"10.1016/j.therap.2024.10.048","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Depuis plusieurs années, une augmentation de la consommation de protoxyde d’azote non médical est observée en France, particulièrement chez des adolescents et adultes jeunes. Les complications liées à ces usages, recensées au niveau national, sont principalement neurologiques, plus rarement thrombotiques ou psychiatriques [8,5 % des notifications (NotS)] en 2022 <span><span>[1]</span></span>.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Analyse des NotS reçues au centre d’addictovigilance de Montpellier entre 2022 et 2024, et concernant un trouble psychiatrique et/ou neurocognitif chez des usagers de protoxyde d’azote.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sur la période, 16,7 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->19, hommes 78,9 %, âge moyen 23,7<!--> <!-->±<!--> <!-->6,7 ans) des 114 NotS impliquant du protoxyde d’azote concernaient des troubles psychiatriques (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->13), neurocognitifs (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3) ou les deux (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3). Une atteinte neurologique périphérique était associée dans 6 cas (31,5 %). Des troubles psychiatriques étaient préexistants dans 4 cas (21 %). Les consommations associées étaient principalement du cannabis (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->11, 57 %), et de l’alcool (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->10, 52 %). Documentées dans 10 cas/19, les modalités de consommations étaient quotidiennes (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->9) avec des quantités moyenne de 201<!--> <!-->±<!--> <!-->112 Eq cartouches (1 bonbonne<!--> <!-->=<!--> <!-->70 cartouches)/jour [écart : 20–420].</div><div>Les symptômes rapportés étaient psychiatriques (troubles du comportement : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->11, troubles psychotiques/délire/hallucinations : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->13, persécution/paranoïa : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->9, hétéro-agressivité : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->7, décompensation psychiatriques : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->7, schizophasie : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1) et/ou neurocognitifs (trouble de la mémoire/cognitifs : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->5, désorientation spatio-temporelle : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3, ralentissement psychomoteur : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3, trouble de la concentration : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1, syndrome confusionnel : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1).</div><div>Le dosage de la vitamine B12 était renseigné dans 12 cas, (<<!--> <!-->145<!--> <!-->pmol/L : 4 cas, moyenne : 115<!--> <!-->±<!--> <!-->9,2<!--> <!-->pmol/L), de l’homocystéine dans 9 cas (><!--> <!-->15<!--> <!-->μmol/L, 9 cas, moyenne 75,5<!--> <!-->±<!--> <!-->56,1<!--> <!-->μmol/L [écart : 17,2–155,5]), et de l’acide methylmalonique dans 7 cas (><!--> <!-->0,5<!--> <!-->μmol/L, 5 cas, moyenne 2,4<!--> <!-->±<!--> <!-->3<!--> <!-->μmol/L [écart : 0,51–8]). Les examens d’imagerie cérébrale (documentés dans 9 cas) étaient normaux sauf un cas d’hypersignal de la substance blanche.</div><div>Douze patients ont bénéficié d’un traitement antipsychotique et 8 d’anxiolytique. Treize ont été hospitalisés et quatre sont retournés au domicile sans hospitalisation.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Ces observations soulignent l’importance et la singularité des troubles psychiatriques induits par les troubles de l’usage de protoxyde d’azote. Des symptômes moins classiques neurocognitifs sont rapportés par les professionnels de santé. Dans la littérature, certains auteurs parlent d’encéphalopathie et des anomalies de la substance blanche, avec démyélinisation, notamment des lobes frontaux sont décrits <span><span>[2]</span></span>. Le protoxyde d’azote cumule 3 types de mécanisme potentiellement neurotoxiques pouvant être suspectés : psychoactif (antagoniste récepteurs NMDA, effet gabaergique), biochimiques (perturbation du métabolisme de la vitamine B12) et anoxiques <span><span>[3]</span></span>.</div></div>","PeriodicalId":23147,"journal":{"name":"Therapie","volume":"79 6","pages":"Pages 762-763"},"PeriodicalIF":2.2000,"publicationDate":"2024-11-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Therapie","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0040595724001641","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"PHARMACOLOGY & PHARMACY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Depuis plusieurs années, une augmentation de la consommation de protoxyde d’azote non médical est observée en France, particulièrement chez des adolescents et adultes jeunes. Les complications liées à ces usages, recensées au niveau national, sont principalement neurologiques, plus rarement thrombotiques ou psychiatriques [8,5 % des notifications (NotS)] en 2022 [1].
Matériel et méthodes
Analyse des NotS reçues au centre d’addictovigilance de Montpellier entre 2022 et 2024, et concernant un trouble psychiatrique et/ou neurocognitif chez des usagers de protoxyde d’azote.
Résultats
Sur la période, 16,7 % (n = 19, hommes 78,9 %, âge moyen 23,7 ± 6,7 ans) des 114 NotS impliquant du protoxyde d’azote concernaient des troubles psychiatriques (n = 13), neurocognitifs (n = 3) ou les deux (n = 3). Une atteinte neurologique périphérique était associée dans 6 cas (31,5 %). Des troubles psychiatriques étaient préexistants dans 4 cas (21 %). Les consommations associées étaient principalement du cannabis (n = 11, 57 %), et de l’alcool (n = 10, 52 %). Documentées dans 10 cas/19, les modalités de consommations étaient quotidiennes (n = 9) avec des quantités moyenne de 201 ± 112 Eq cartouches (1 bonbonne = 70 cartouches)/jour [écart : 20–420].
Les symptômes rapportés étaient psychiatriques (troubles du comportement : n = 11, troubles psychotiques/délire/hallucinations : n = 13, persécution/paranoïa : n = 9, hétéro-agressivité : n = 7, décompensation psychiatriques : n = 7, schizophasie : n = 1) et/ou neurocognitifs (trouble de la mémoire/cognitifs : n = 5, désorientation spatio-temporelle : n = 3, ralentissement psychomoteur : n = 3, trouble de la concentration : n = 1, syndrome confusionnel : n = 1).
Le dosage de la vitamine B12 était renseigné dans 12 cas, (< 145 pmol/L : 4 cas, moyenne : 115 ± 9,2 pmol/L), de l’homocystéine dans 9 cas (> 15 μmol/L, 9 cas, moyenne 75,5 ± 56,1 μmol/L [écart : 17,2–155,5]), et de l’acide methylmalonique dans 7 cas (> 0,5 μmol/L, 5 cas, moyenne 2,4 ± 3 μmol/L [écart : 0,51–8]). Les examens d’imagerie cérébrale (documentés dans 9 cas) étaient normaux sauf un cas d’hypersignal de la substance blanche.
Douze patients ont bénéficié d’un traitement antipsychotique et 8 d’anxiolytique. Treize ont été hospitalisés et quatre sont retournés au domicile sans hospitalisation.
Conclusion
Ces observations soulignent l’importance et la singularité des troubles psychiatriques induits par les troubles de l’usage de protoxyde d’azote. Des symptômes moins classiques neurocognitifs sont rapportés par les professionnels de santé. Dans la littérature, certains auteurs parlent d’encéphalopathie et des anomalies de la substance blanche, avec démyélinisation, notamment des lobes frontaux sont décrits [2]. Le protoxyde d’azote cumule 3 types de mécanisme potentiellement neurotoxiques pouvant être suspectés : psychoactif (antagoniste récepteurs NMDA, effet gabaergique), biochimiques (perturbation du métabolisme de la vitamine B12) et anoxiques [3].
期刊介绍:
Thérapie is a peer-reviewed journal devoted to Clinical Pharmacology, Therapeutics, Pharmacokinetics, Pharmacovigilance, Addictovigilance, Social Pharmacology, Pharmacoepidemiology, Pharmacoeconomics and Evidence-Based-Medicine. Thérapie publishes in French or in English original articles, general reviews, letters to the editor reporting original findings, correspondence relating to articles or letters published in the Journal, short articles, editorials on up-to-date topics, Pharmacovigilance or Addictovigilance reports that follow the French "guidelines" concerning good practice in pharmacovigilance publications. The journal also publishes thematic issues on topical subject.
The journal is indexed in the main international data bases and notably in: Biosis Previews/Biological Abstracts, Embase/Excerpta Medica, Medline/Index Medicus, Science Citation Index.