Causes et chronologie des décès après hospitalisation pour une fracture ostéoporotique

E. Legrand, R. Peirolo, H. Racapé, I. Al Sabty, E. Hoppe, B. Bouvard
{"title":"Causes et chronologie des décès après hospitalisation pour une fracture ostéoporotique","authors":"E. Legrand,&nbsp;R. Peirolo,&nbsp;H. Racapé,&nbsp;I. Al Sabty,&nbsp;E. Hoppe,&nbsp;B. Bouvard","doi":"10.1016/j.rhum.2024.10.370","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>La complication ultime de l’ostéoporose n’est pas la fracture, mais le décès post-fracture, bien décrit après fracture de l’ESF et réduit par le traitement de fond, en particulier l’acide zolédronique IV. 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L’analyse des facteurs de risque de décès a été réalisée selon un modèle de Cox temps dépendant, en utilisant toutes les variables disponibles, en particulier l’âge, le sexe, l’IMC, la localisation de la fracture, le service d’hospitalisation, la prise de toxiques, les comorbidités, le risque de chute et les traitements.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Les fractures concernent majoritairement l’ESF (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->118), le rachis (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->50), le poignet (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->45), l’humérus (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->33), le tibia (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->44). La mortalité est chiffrée à 10,4 % à 12 mois et à 17,8 % à 3 ans. Elle est multipliée par trois par rapport à celle attendue dans la population générale. Dans la tranche d’âge 70–79 ans, la mortalité est 5 fois supérieure à celle attendue. Au cours de la première année, respectivement, 20 %, 60 % et 85 % des décès surviennent dans le premier mois, les 3 mois et les 9 mois suivant la fracture. La fracture et ses complications directes n’expliquent que 3 % des décès. Le risque de décès est de 8,8 % chez les femmes et 14,8 % chez les hommes. Le risque de décès n’est pas lié à l’âge ni au site de la fracture mais est étroitement corrélé à la maigreur (RR 1,1 pour −1<!--> <!-->kg/m<sup>2</sup>, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,006), au nombre de comorbidités (RR 1,49, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,01) et au nombre de traitements (RR 1,21, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,001). Parmi les traitements, les antidépresseurs sont associés de façon très significative avec un doublement du risque de décès à 12 mois. Le risque de décès est hautement variable : inférieur à 5 % chez les patients sans comorbidités ou sans traitements et supérieur à 14 % chez les patients avec au moins deux comorbidités ou au moins 4 médicaments. 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Abstract

Introduction

La complication ultime de l’ostéoporose n’est pas la fracture, mais le décès post-fracture, bien décrit après fracture de l’ESF et réduit par le traitement de fond, en particulier l’acide zolédronique IV. L’objectif de ce travail était de décrire la mortalité, mais aussi la chronologie et les causes des décès, après hospitalisation pour fracture ostéoporotique, afin de proposer des mesures préventives.

Patients et méthodes

Il s’agit d’une étude de cohorte prospective, réalisée sur 298 patients (81 hommes et 217 femmes), âgés en moyenne de 76 ans (50–90 ans), hospitalisés dans un CHU (Services de rhumatologie et de chirurgie orthopédique) pour une fracture ostéoporotique datant de moins de 7 jours. Nous avons analysé les comorbidités des patients, les traitements, le risque de décès à 12 et 36 mois, les complications cliniques des fractures et le parcours de soin du patient. L’analyse des facteurs de risque de décès a été réalisée selon un modèle de Cox temps dépendant, en utilisant toutes les variables disponibles, en particulier l’âge, le sexe, l’IMC, la localisation de la fracture, le service d’hospitalisation, la prise de toxiques, les comorbidités, le risque de chute et les traitements.

Résultats

Les fractures concernent majoritairement l’ESF (n = 118), le rachis (n = 50), le poignet (n = 45), l’humérus (n = 33), le tibia (n = 44). La mortalité est chiffrée à 10,4 % à 12 mois et à 17,8 % à 3 ans. Elle est multipliée par trois par rapport à celle attendue dans la population générale. Dans la tranche d’âge 70–79 ans, la mortalité est 5 fois supérieure à celle attendue. Au cours de la première année, respectivement, 20 %, 60 % et 85 % des décès surviennent dans le premier mois, les 3 mois et les 9 mois suivant la fracture. La fracture et ses complications directes n’expliquent que 3 % des décès. Le risque de décès est de 8,8 % chez les femmes et 14,8 % chez les hommes. Le risque de décès n’est pas lié à l’âge ni au site de la fracture mais est étroitement corrélé à la maigreur (RR 1,1 pour −1 kg/m2, p = 0,006), au nombre de comorbidités (RR 1,49, p = 0,01) et au nombre de traitements (RR 1,21, p = 0,001). Parmi les traitements, les antidépresseurs sont associés de façon très significative avec un doublement du risque de décès à 12 mois. Le risque de décès est hautement variable : inférieur à 5 % chez les patients sans comorbidités ou sans traitements et supérieur à 14 % chez les patients avec au moins deux comorbidités ou au moins 4 médicaments. Dans une perspective clinique, nous avons calculé un score de décès, intégrant ces variables, permettant de séparer 4 groupes de patients : très faible risque (n = 74, risque de décès nul à 12 mois, 2,7 % à 3 ans), faible risque (n = 72, risque de décès 6,9 % à 12 mois, 9,7 % à 3 ans), risque élevé (n = 102, risque de décès 15,7 % à 12 mois, 26,4 % à 3 ans), risque majeur (n = 50, risque de décès 20 % à 12 mois, 34 % à 3 ans). Chez les patients des groupes 3 et 4, le risque de décès est très supérieur à celui observé chez des patients du même âge, hospitalisés pour un infarctus du myocarde.

Conclusion

Après hospitalisation pour fracture ostéoporotique, le risque de décès n’est pas lié à l’âge et au site de fracture mais à l’IMC, au nombre de comorbidités et au nombre de traitements. En tenant compte de ces trois facteurs de risque, il est possible d’identifier les patients à haut ou très haut risque de décès et il serait souhaitable de leur proposer, de façon prioritaire, une prise en charge médicale intensive, dans des unités de soins dédiées, associant le traitement des comorbidités et le traitement de fond de l’ostéoporose.
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骨质疏松性骨折住院后死亡的原因和时间顺序
导言骨质疏松症的最终并发症不是骨折,而是骨折后死亡,ESF骨折后的死亡情况已得到很好的描述,并且通过背景治疗,特别是静脉注射唑来膦酸,降低了死亡率。这项研究的目的是描述骨质疏松性骨折住院后的死亡率、死亡时间和原因,以便提出预防措施。患者和方法这是一项前瞻性队列研究,研究对象是因骨质疏松性骨折住院不到 7 天的 298 名患者(81 名男性和 217 名女性),平均年龄 76 岁(50-90 岁)。我们分析了患者的合并症、治疗方法、12个月和36个月的死亡风险、骨折的临床并发症以及患者的护理路径。死亡风险因素采用 Cox 时间依赖模型进行分析,该模型使用了所有可用变量,尤其是年龄、性别、体重指数、骨折位置、病房、药物摄入量、合并症、跌倒风险和治疗方法。结果骨折主要涉及ESF(118例)、脊柱(50例)、手腕(45例)、肱骨(33例)和胫骨(44例)。12个月的死亡率为10.4%,3年的死亡率为17.8%。死亡率是普通人群的三倍。在 70-79 岁年龄组中,死亡率是预期的 5 倍。在骨折后的第一年,分别有20%、60%和85%的死亡发生在骨折后的第一个月、3个月和9个月。骨折及其直接并发症仅占死亡人数的 3%。女性的死亡风险为 8.8%,男性为 14.8%。死亡风险与年龄或骨折部位无关,但与瘦弱程度(-1 kg/m2 RR 1.1,p = 0.006)、合并症数量(RR 1.49,p = 0.01)和治疗次数(RR 1.21,p = 0.001)密切相关。在各种治疗中,抗抑郁药与 12 个月后死亡风险翻倍有非常显著的相关性。死亡风险的变化很大:无合并症或未接受治疗的患者的死亡风险低于 5%,而至少有两种合并症或至少接受 4 种药物治疗的患者的死亡风险则超过 14%。从临床角度来看,我们结合这些变量计算了死亡评分,从而将患者分为四组:极低风险组(74 人,12 个月内死亡风险为零,3 年内死亡风险为 2.7%)、低风险组(72 人,12 个月内死亡风险为 6.9%,3 年内死亡风险为 9.7%)、高风险组(102 人,12 个月内死亡风险为 15.7%,3 年内死亡风险为 26.4%)、高风险组(50 人,12 个月内死亡风险为 20%,3 年内死亡风险为 34%)。结论骨质疏松性骨折住院后,死亡风险与年龄和骨折部位无关,而是与体重指数、合并疾病数量和治疗次数有关。考虑到这三个风险因素,就有可能识别出死亡风险较高或极高的患者,最好优先为他们提供专门病房的强化医疗护理,将并发症的治疗与骨质疏松症的基本治疗结合起来。
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