Pardon paternel et justice d’exception dans Les Corrivaus (1573) de Jean de La Taille

Abstract

Les Corrivaus de Jean de la Taille (1573) dramatise la souveraineté royale comme source de justice et de concorde. Une double tentative d'enlèvement demeure impunie dans cette comédie humaniste. Le pardon des pères s'exerce au mépris apparent de l'institution judiciaire, entre éthique nobiliaire, royalisme pacificateur et morale évangélique. Le discours figuratif investit les thèmes de l'union et du rapt, alors que le mécontentement et la satisfaction nobiliaires redéfinissent le crime des fils. La justice des pères apaise le conflit, entre autorité patriarcale et acte de charité. Ressort un homologue de ‘justice d'exception' (Agamben), acte justifié par une menace imminente et visant le rétablissement de l'harmonie collective. A l'inverse d'appels polémiques à l'expurgation violente, durant les premières guerres de religion, la perspective est anti-machiavélienne et conciliatrice. La Taille représente l'aristocratie comme un pilier d'une monarchie elle-même justifiée par un paternalisme bienveillant rendant possible une France réunifiée où chacun soit ‘satisfait’.