{"title":"Les objets tombent-ils tous de la même manière ? tomber et pada en français et en polonais","authors":"Joanna Cholewa","doi":"10.1163/19589514-04902014","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Les emplois du verbe tomber qui nous intéressent dans cet article décrivent un mouvement réel de la cible, c’est-à-dire un changement de la position d’un élément mobile dans l’espace en fonction du temps, mouvement que Langacker (1987) appelle mouvement objectif et qu’il oppose à un mouvement subjectif, se référant à la situation où une entité, en réalité statique, est conceptualisée subjectivement par l’énonciateur comme si elle était en mouvement. Talmy (2000) nomme ce deuxième type de mouvement fictif et Desclés (1999, 2001) mouvement cinématique virtuel. Nous appelons cible un objet à localiser qui se déplace par rapport à un site – objet localisateur, point de repère grâce auquel est fixée la situation de la cible (d’après Vandeloise 1986, Laur 1993, Borillo 1998). L’objet est pour nous, comme pour Borillo, une entité concrète qui occupe une place ou une position dans l’espace. Cependant, nous en excluons, à l’instar d’Aurnague et al. (1997), les substances, c’est-à-dire des entités massives. Le schéma sémantico-syntaxique évoqué dans le titre se réfère à divers emplois de tomber, dont certains ne seront pas pris en compte dans la présente analyse. Il s’agit d’un choix délibéré, la quantité d’exemples que l’on devrait prendre en considération étant trop grande (pour une analyse plus ample, voir Cholewa 2017). Ainsi, nous écartons les emplois qui décrivent le mouvement virtuel (par exemple, Ses épaules tombent (LVF) ou Le versant sud, donc, tombe vraiment à pic, sur la Seine (F)). En effet, la cible ne change pas dans ce cas de lieu, c’est le regard de l’énonciateur/ observateur qui se déplace, la ligne du déplacement se caractérisant d’une certaine verticalité. La distinction entre objets et substances permet d’éloigner aussi les exemples comme La neige tombe (LVF), où le sujet est une entité massive. Nous écartons également l’emploi qui ne conceptualise pas le déplacement selon l’axe vertical, mais la perte de contact de la cible avec un site inféré, par exemple Les cheveux tombent, ils sont malades (LVF), ainsi que celui qui appartient au groupe des emplois abstraits de tomber, par exemple, Le mur tombe (LVF). Le trait sémantique de base est dans ce cas le mouvement à polarité négative, conceptualisé comme une désagrégation : la cible est une entité intégrale avant le changement, et ne fait plus l’union à la fin de celui-ci. Enfin, nous excluons l’emploi où N0 est une entité appartenant à la classe des parties du corps, comme dans l’exemple Mes paupières tombent (F).","PeriodicalId":90499,"journal":{"name":"Faits de langues","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://sci-hub-pdf.com/10.1163/19589514-04902014","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Faits de langues","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1163/19589514-04902014","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les emplois du verbe tomber qui nous intéressent dans cet article décrivent un mouvement réel de la cible, c’est-à-dire un changement de la position d’un élément mobile dans l’espace en fonction du temps, mouvement que Langacker (1987) appelle mouvement objectif et qu’il oppose à un mouvement subjectif, se référant à la situation où une entité, en réalité statique, est conceptualisée subjectivement par l’énonciateur comme si elle était en mouvement. Talmy (2000) nomme ce deuxième type de mouvement fictif et Desclés (1999, 2001) mouvement cinématique virtuel. Nous appelons cible un objet à localiser qui se déplace par rapport à un site – objet localisateur, point de repère grâce auquel est fixée la situation de la cible (d’après Vandeloise 1986, Laur 1993, Borillo 1998). L’objet est pour nous, comme pour Borillo, une entité concrète qui occupe une place ou une position dans l’espace. Cependant, nous en excluons, à l’instar d’Aurnague et al. (1997), les substances, c’est-à-dire des entités massives. Le schéma sémantico-syntaxique évoqué dans le titre se réfère à divers emplois de tomber, dont certains ne seront pas pris en compte dans la présente analyse. Il s’agit d’un choix délibéré, la quantité d’exemples que l’on devrait prendre en considération étant trop grande (pour une analyse plus ample, voir Cholewa 2017). Ainsi, nous écartons les emplois qui décrivent le mouvement virtuel (par exemple, Ses épaules tombent (LVF) ou Le versant sud, donc, tombe vraiment à pic, sur la Seine (F)). En effet, la cible ne change pas dans ce cas de lieu, c’est le regard de l’énonciateur/ observateur qui se déplace, la ligne du déplacement se caractérisant d’une certaine verticalité. La distinction entre objets et substances permet d’éloigner aussi les exemples comme La neige tombe (LVF), où le sujet est une entité massive. Nous écartons également l’emploi qui ne conceptualise pas le déplacement selon l’axe vertical, mais la perte de contact de la cible avec un site inféré, par exemple Les cheveux tombent, ils sont malades (LVF), ainsi que celui qui appartient au groupe des emplois abstraits de tomber, par exemple, Le mur tombe (LVF). Le trait sémantique de base est dans ce cas le mouvement à polarité négative, conceptualisé comme une désagrégation : la cible est une entité intégrale avant le changement, et ne fait plus l’union à la fin de celui-ci. Enfin, nous excluons l’emploi où N0 est une entité appartenant à la classe des parties du corps, comme dans l’exemple Mes paupières tombent (F).