{"title":"Les États spirituels de Muḥammad le Champion (Ḥālāt-i Pahlawān Muḥammad) de Mīr ʿAlī Shīr Nawāʾī","authors":"Marc Toutant","doi":"10.1163/22105956-bja10014","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"\n Dans le Ḥālāt-i Pahlawān Muḥammad (« Les États spirituels de Muḥammad Le Champion », 899/1493), le grand polygraphe timouride Mīr ʿAlī Shīr Nawāʾī (844-906/ 1441-1501) retrace la carrière d’un champion de lutte qui fut aussi un célèbre mystique. Nawāʾī avait rencontré le Champion lorsqu’il avait lui-même dû trouver refuge à Machhad au début des années 860/fin des années 1450 et les deux hommes restèrent ainsi de proches compagnons jusqu’à la mort de Pahlawān Muḥammad en 899/1493 à Niʿmatābād (une bourgade située dans les environs de Hérat). Bien qu’issu d’une famille d’éminents lutteurs, Pahlawān Muḥammad brillait aussi par ses talents de musicien, de poète, de médecin et d’astrologue. Le récit de Nawāʾī plonge alors son lecteur dans un univers qui se situe au croisement de ces diverses pratiques, depuis les soirées littéraires (majlis) qui réunissaient la haute société de la capitale timouride jusqu’aux activités charitables de l’hostellerie soufie (takiya) du Champion. Inscrit dans le genre hagiographique par son titre, le texte se distingue cependant des ḥalāt et manāqib traditionnels de plusieurs façons. La vie de l’athlète soufi est d’abord envisagée du point de vue des relations que ce dernier entretenait avec l’auteur. Nawāʾī est ainsi un acteur de premier plan dans cette biographie héroïque et le rôle qu’il tient l’incite à jouer avec les codes de l’hagiographie. N’hésitant pas à se mettre en scène dans un dialogue savoureux, il tourne en dérision sa propre crédulité face à ce qu’il est tenté d’interpréter au départ comme l’expression d’un pouvoir surnaturel du Champion et qui n’est en définitive que l’ultime témoignage de son tempérament et de ses mérites exceptionnels, autant de qualités qui constituent pour le poète naqshbandī la vraie nature de l’ethos soufi.","PeriodicalId":37993,"journal":{"name":"Journal of Sufi Studies","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.6000,"publicationDate":"2021-12-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Journal of Sufi Studies","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1163/22105956-bja10014","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"RELIGION","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Dans le Ḥālāt-i Pahlawān Muḥammad (« Les États spirituels de Muḥammad Le Champion », 899/1493), le grand polygraphe timouride Mīr ʿAlī Shīr Nawāʾī (844-906/ 1441-1501) retrace la carrière d’un champion de lutte qui fut aussi un célèbre mystique. Nawāʾī avait rencontré le Champion lorsqu’il avait lui-même dû trouver refuge à Machhad au début des années 860/fin des années 1450 et les deux hommes restèrent ainsi de proches compagnons jusqu’à la mort de Pahlawān Muḥammad en 899/1493 à Niʿmatābād (une bourgade située dans les environs de Hérat). Bien qu’issu d’une famille d’éminents lutteurs, Pahlawān Muḥammad brillait aussi par ses talents de musicien, de poète, de médecin et d’astrologue. Le récit de Nawāʾī plonge alors son lecteur dans un univers qui se situe au croisement de ces diverses pratiques, depuis les soirées littéraires (majlis) qui réunissaient la haute société de la capitale timouride jusqu’aux activités charitables de l’hostellerie soufie (takiya) du Champion. Inscrit dans le genre hagiographique par son titre, le texte se distingue cependant des ḥalāt et manāqib traditionnels de plusieurs façons. La vie de l’athlète soufi est d’abord envisagée du point de vue des relations que ce dernier entretenait avec l’auteur. Nawāʾī est ainsi un acteur de premier plan dans cette biographie héroïque et le rôle qu’il tient l’incite à jouer avec les codes de l’hagiographie. N’hésitant pas à se mettre en scène dans un dialogue savoureux, il tourne en dérision sa propre crédulité face à ce qu’il est tenté d’interpréter au départ comme l’expression d’un pouvoir surnaturel du Champion et qui n’est en définitive que l’ultime témoignage de son tempérament et de ses mérites exceptionnels, autant de qualités qui constituent pour le poète naqshbandī la vraie nature de l’ethos soufi.
期刊介绍:
The Journal of Sufi Studies furnishes an international scholarly forum for research on Sufism. Taking an expansive view of the subject, the journal brings together all disciplinary perspectives. It publishes peer-reviewed articles and book reviews on the historical, cultural, social, philosophical, political, anthropological, literary, artistic and other aspects of Sufism in all times and places. By promoting an understanding of the richly variegated Sufi tradition in both thought and practice and in its cultural and social contexts, the Journal of Sufi Studies makes a distinctive contribution to current scholarship on Sufism and its integration into the broader field of Islamic studies.