Une « Babel » moderne dans les cimes : cité sanatoriale et utopie thérapeutique dans Les « Heures de silence » de Robert de Traz et dans Siloé de Paul Gadenne
{"title":"Une « Babel » moderne dans les cimes : cité sanatoriale et utopie thérapeutique dans Les « Heures de silence » de Robert de Traz et dans Siloé de Paul Gadenne","authors":"Claire Augereau","doi":"10.31743/ql.13315","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Souvent perçu comme le fruit de spéculations empiriques, le sanatorium, destiné dans la première moitié du XXe siècle à la prise en charge des tuberculeux, se présente de prime abord comme une utopie thérapeutique émanant du corps médical. Dans ce lieu clos s’exerce en effet l’autorité du docteur, dont les préconisations ont valeur d’injonctions. Pourtant, deux romans, Les « Heures de silence », de l’écrivain suisse Robert de Traz (1884-1951) et Siloé, de Paul Gadenne (1907-1956), auteur français qui fut lui-même un habitué des établissements de soins, mettent en scène un renversement. Dans ces œuvres, l’unité de lieu sanatoriale devient en effet un artifice commode pour questionner le monde des bien-portants à trois niveaux : l’ego, la relation aux autres et le rapport à l’espace naturel. Parce que la « condition tuberculeuse » pondère les différences entre les individus, elle remet en cause le primat de la santé et esquisse paradoxalement un mode de vie équilibré, fondé sur l’expérience idiorythmique de l’alternance entre solitude, vie sociale et immanence.","PeriodicalId":40202,"journal":{"name":"Quetes Litteraires","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2021-12-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Quetes Litteraires","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.31743/ql.13315","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"LITERATURE, ROMANCE","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Souvent perçu comme le fruit de spéculations empiriques, le sanatorium, destiné dans la première moitié du XXe siècle à la prise en charge des tuberculeux, se présente de prime abord comme une utopie thérapeutique émanant du corps médical. Dans ce lieu clos s’exerce en effet l’autorité du docteur, dont les préconisations ont valeur d’injonctions. Pourtant, deux romans, Les « Heures de silence », de l’écrivain suisse Robert de Traz (1884-1951) et Siloé, de Paul Gadenne (1907-1956), auteur français qui fut lui-même un habitué des établissements de soins, mettent en scène un renversement. Dans ces œuvres, l’unité de lieu sanatoriale devient en effet un artifice commode pour questionner le monde des bien-portants à trois niveaux : l’ego, la relation aux autres et le rapport à l’espace naturel. Parce que la « condition tuberculeuse » pondère les différences entre les individus, elle remet en cause le primat de la santé et esquisse paradoxalement un mode de vie équilibré, fondé sur l’expérience idiorythmique de l’alternance entre solitude, vie sociale et immanence.
山顶上的现代“巴别塔”:罗伯特·德·特拉兹(Robert de Traz)的《沉默时刻》和保罗·加登(Paul Gadenne)的《西洛》(Siloé)中的疗养城市和治疗乌托邦
疗养院通常被视为经验推测的结果,在20世纪上半叶,疗养院旨在治疗结核病患者,乍一看,它是一个来自医学界的治疗乌托邦。在这个封闭的地方,医生行使权力,他的建议具有禁令的价值。然而,瑞士作家罗伯特·德·特拉兹(Robert de Traz,1884-1951)和法国作家保罗·加登(Paul Gadenne,1907-1956)的两部小说《沉默的时刻》(Les Heures de Silence)描绘了一场逆转。在这些作品中,疗养院的统一确实成为一种方便的手段,在三个层面上质疑健康世界:自我、与他人的关系以及与自然空间的关系。因为“结核病状况”权衡了个体之间的差异,它挑战了健康的首要地位,矛盾的是,它勾勒出了一种平衡的生活方式,基于孤独、社会生活和内在之间交替的特殊体验。