{"title":"Aharon Appelfeld et Philip Roth : le réel, l’imaginaire, le double et le fantastique","authors":"Orly Toren","doi":"10.4000/YOD.2028","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"C’est la marge etroite entre « le reel et l’imaginaire » selon le titre de l’essai de Masha Itzhaki sur Appelfeld que nous souhaiterions explorer a partir de la relation entre Le Temps des prodiges d’Appelfeld et Operation Shylock de Philip Roth. Si la vrai/fausse « confession » de Roth se presente comme le detournement vertigineux des codes du fantastique, de l’autobiographie et de l’autofiction, le roman d’Appelfeld pousse les limites du realisme par l’interrogation que suscite son titre enigmatique qui renvoie au surnaturel. Œuvre qui evoque la Shoah sans la representer, le roman d’Appelfeld correspond a ce que Sartre a defini comme une « litterature des situations extremes ». Neanmoins, par son titre et la page blanche qui separe ses deux parties et renvoie a l’« indicible » de la Shoah, ne sollicite-t-elle pas aussi le fantastique qui, selon Todorov, n’est pas necessairement une configuration imaginaire, mais plutot « l’hesitation eprouvee par un etre qui ne connait que les lois naturelles, face a un evenement en apparence surnaturel » ? Philip Roth, critique litteraire tout autant qu’ecrivain, n’a t-il pas bien cerne cette dualite en creant dans Operation Shylock un Appelfeld fictionnel, le « double » bienveillant de son homonyme reel aux cotes d’un Roth affuble d’un « double malefique », indiquant ainsi qu’Appelfeld transcende l’evenementiel qui lui a valu injustement le titre reducteur d’« auteur de la Shoah » ?","PeriodicalId":53276,"journal":{"name":"Yod","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2014-05-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Yod","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/YOD.2028","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
C’est la marge etroite entre « le reel et l’imaginaire » selon le titre de l’essai de Masha Itzhaki sur Appelfeld que nous souhaiterions explorer a partir de la relation entre Le Temps des prodiges d’Appelfeld et Operation Shylock de Philip Roth. Si la vrai/fausse « confession » de Roth se presente comme le detournement vertigineux des codes du fantastique, de l’autobiographie et de l’autofiction, le roman d’Appelfeld pousse les limites du realisme par l’interrogation que suscite son titre enigmatique qui renvoie au surnaturel. Œuvre qui evoque la Shoah sans la representer, le roman d’Appelfeld correspond a ce que Sartre a defini comme une « litterature des situations extremes ». Neanmoins, par son titre et la page blanche qui separe ses deux parties et renvoie a l’« indicible » de la Shoah, ne sollicite-t-elle pas aussi le fantastique qui, selon Todorov, n’est pas necessairement une configuration imaginaire, mais plutot « l’hesitation eprouvee par un etre qui ne connait que les lois naturelles, face a un evenement en apparence surnaturel » ? Philip Roth, critique litteraire tout autant qu’ecrivain, n’a t-il pas bien cerne cette dualite en creant dans Operation Shylock un Appelfeld fictionnel, le « double » bienveillant de son homonyme reel aux cotes d’un Roth affuble d’un « double malefique », indiquant ainsi qu’Appelfeld transcende l’evenementiel qui lui a valu injustement le titre reducteur d’« auteur de la Shoah » ?