{"title":"Le dépistage universel de la longueur du col parmi les grossesses monofœtales sans antécédent d’accouchement prématuré est-il justifié ?","authors":"P. Rozenberg","doi":"10.1016/j.jgyn.2016.09.023","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>La mesure échographique par voie vaginale de la longueur du col avec un seuil de 15<!--> <!-->mm est actuellement la meilleure méthode permettant d’identifier un groupe de femmes asymptomatiques en population générale à risque d’accouchement prématuré spontané, et notamment parmi les patientes asymptomatiques présentant une grossesse monofœtale sans antécédent. Le cerclage et la 17 alpha-hydroxyprogestérone caproate (17OHP-C) sont des traitements inefficaces pour réduire le risque d’accouchement prématuré parmi les patientes asymptomatiques ayant un col court à l’échographie au second trimestre de la grossesse. En revanche, la progestérone vaginale (sous forme de capsule à 200<!--> <!-->mg ou de gel à 90<!--> <!-->mg) a été démontrée efficace dans 2 larges essais randomisés pour réduire le risque d’accouchement prématuré et possiblement la morbidité et mortalité périnatale composite associée parmi les femmes asymptomatiques ayant un col court sélectionnées en population générale par une échographie du col au second trimestre de la grossesse. Trois analyses médico-économiques sont convergentes pour montrer que le dépistage universel de la longueur cervicale avec traitement par progestérone vaginale semble être coût-efficace par rapport à l’absence de dépistage. Toutefois, il est encore prématuré de conclure définitivement que ce dépistage universel est justifié pour plusieurs raisons : un grand nombre de femmes doivent être dépistées afin de prévenir un nombre relativement faible d’accouchements prématurés. De plus, l’épidémiologie des accouchements prématurés est telle que l’utilisation de la progestérone parmi les femmes asymptomatiques ayant un col court dépisté par une échographie du col au second trimestre de la grossesse en population générale ne réduira pas sensiblement la prévalence des accouchements prématurés ; il n’y a pas de donnée comparant l’efficacité du dépistage échographique universel suivi d’un traitement par progestérone vaginale en cas de col court par rapport à l’absence de dépistage universel associée à un traitement par progestérone des cols courts de découverte fortuite ; le dépistage échographique universel peut ne pas produire les mêmes résultats dans la pratique que ceux observés dans les essais randomisés publiés, du fait de différences de population, de glissement dans les critères d’éligibilité, ou « d’étirement » du seuil définissant le col court. De plus, l’institution de traitements non évalués ou non recommandés tels que le repos au lit, les tocolytiques, la 17OHP-C ou le cerclage, peuvent potentiellement entraîner des conséquences délétères non intentionnelles et diminuer le rapport coût–efficacité ; les analyses coût–efficacité évaluant le dépistage universel de la longueur du col présentent des incertitudes sur des variables critiques dont, notamment, la prévalence du col court et l’efficacité de la progestérone. En conclusion, bien que la mise en œuvre d’une telle stratégie de dépistage puisse être considérée par les praticiens individuellement, ce dépistage ne peut pas être mandaté universellement.</p></div><div><p>The ultrasonographic measurement of cervical length with a cutoff of 15<!--> <!-->mm is currently the best method to identify a group of asymptomatic women in the general population at risk of spontaneous preterm birth, especially among asymptomatic patients with a singleton pregnancy with no history of preterm birth. Cerclage and 17 alpha-hydroxyprogesterone caproate (17OHP-C) are ineffective to reduce the risk of preterm birth among asymptomatic patients with a short cervix in midtrimester. However, vaginal progesterone (200-mg capsules of micronized progesterone or gel containing 90<!--> <!-->mg progesterone) has been demonstrated effective in 2 large randomized trials to reduce the risk of preterm birth and possibly the composite morbidity and perinatal mortality associated among asymptomatic women with a short cervix in the general population screened by ultrasound of the cervix in midtrimester. Three cost-effectiveness analyses are converging to show that universal screening for cervical length with vaginal progesterone treatment seems to be cost-effective compared with no screening. However, it is too early to definitively conclude that universal screening is justified for several reasons: many women must be screened to prevent a relatively small number of preterm births. Moreover, the epidemiology of preterm delivery is such that the use of progesterone in asymptomatic women with a short cervix screened by ultrasound in midtrimester in the general population will not significantly reduce the prevalence of preterm births; there are no data comparing the effectiveness of universal ultrasound screening followed by vaginal progesterone treatment in case of short cervix versus no universal screening associated to a progesterone treatment in case of incidentally observed short cervix; the universal ultrasound screening may not produce the same results in practice than those observed in published randomized trials, due to population differences, “indication creep”, or “stretching of the cutoff” defining the short cervix. Moreover, the implementation of unevaluated or not recommended treatments, such as bed rest, tocolytics, 17OHP-C or cerclage, can potentially cause unintended deleterious consequences and reduce the cost-effectiveness; the cost-effectiveness analyses evaluating universal screening for cervical length present uncertainties on critical variables, notably the short cervix prevalence and the progesterone efficacy. In conclusion, although the implementation of such a screening strategy can be considered by individual practitioners, this screening cannot be universally mandated.</p></div>","PeriodicalId":14805,"journal":{"name":"Journal de gynecologie, obstetrique et biologie de la reproduction","volume":"45 10","pages":"Pages 1337-1345"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2016-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://sci-hub-pdf.com/10.1016/j.jgyn.2016.09.023","citationCount":"9","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Journal de gynecologie, obstetrique et biologie de la reproduction","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0368231516301521","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q2","JCRName":"Medicine","Score":null,"Total":0}
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Abstract
La mesure échographique par voie vaginale de la longueur du col avec un seuil de 15 mm est actuellement la meilleure méthode permettant d’identifier un groupe de femmes asymptomatiques en population générale à risque d’accouchement prématuré spontané, et notamment parmi les patientes asymptomatiques présentant une grossesse monofœtale sans antécédent. Le cerclage et la 17 alpha-hydroxyprogestérone caproate (17OHP-C) sont des traitements inefficaces pour réduire le risque d’accouchement prématuré parmi les patientes asymptomatiques ayant un col court à l’échographie au second trimestre de la grossesse. En revanche, la progestérone vaginale (sous forme de capsule à 200 mg ou de gel à 90 mg) a été démontrée efficace dans 2 larges essais randomisés pour réduire le risque d’accouchement prématuré et possiblement la morbidité et mortalité périnatale composite associée parmi les femmes asymptomatiques ayant un col court sélectionnées en population générale par une échographie du col au second trimestre de la grossesse. Trois analyses médico-économiques sont convergentes pour montrer que le dépistage universel de la longueur cervicale avec traitement par progestérone vaginale semble être coût-efficace par rapport à l’absence de dépistage. Toutefois, il est encore prématuré de conclure définitivement que ce dépistage universel est justifié pour plusieurs raisons : un grand nombre de femmes doivent être dépistées afin de prévenir un nombre relativement faible d’accouchements prématurés. De plus, l’épidémiologie des accouchements prématurés est telle que l’utilisation de la progestérone parmi les femmes asymptomatiques ayant un col court dépisté par une échographie du col au second trimestre de la grossesse en population générale ne réduira pas sensiblement la prévalence des accouchements prématurés ; il n’y a pas de donnée comparant l’efficacité du dépistage échographique universel suivi d’un traitement par progestérone vaginale en cas de col court par rapport à l’absence de dépistage universel associée à un traitement par progestérone des cols courts de découverte fortuite ; le dépistage échographique universel peut ne pas produire les mêmes résultats dans la pratique que ceux observés dans les essais randomisés publiés, du fait de différences de population, de glissement dans les critères d’éligibilité, ou « d’étirement » du seuil définissant le col court. De plus, l’institution de traitements non évalués ou non recommandés tels que le repos au lit, les tocolytiques, la 17OHP-C ou le cerclage, peuvent potentiellement entraîner des conséquences délétères non intentionnelles et diminuer le rapport coût–efficacité ; les analyses coût–efficacité évaluant le dépistage universel de la longueur du col présentent des incertitudes sur des variables critiques dont, notamment, la prévalence du col court et l’efficacité de la progestérone. En conclusion, bien que la mise en œuvre d’une telle stratégie de dépistage puisse être considérée par les praticiens individuellement, ce dépistage ne peut pas être mandaté universellement.
The ultrasonographic measurement of cervical length with a cutoff of 15 mm is currently the best method to identify a group of asymptomatic women in the general population at risk of spontaneous preterm birth, especially among asymptomatic patients with a singleton pregnancy with no history of preterm birth. Cerclage and 17 alpha-hydroxyprogesterone caproate (17OHP-C) are ineffective to reduce the risk of preterm birth among asymptomatic patients with a short cervix in midtrimester. However, vaginal progesterone (200-mg capsules of micronized progesterone or gel containing 90 mg progesterone) has been demonstrated effective in 2 large randomized trials to reduce the risk of preterm birth and possibly the composite morbidity and perinatal mortality associated among asymptomatic women with a short cervix in the general population screened by ultrasound of the cervix in midtrimester. Three cost-effectiveness analyses are converging to show that universal screening for cervical length with vaginal progesterone treatment seems to be cost-effective compared with no screening. However, it is too early to definitively conclude that universal screening is justified for several reasons: many women must be screened to prevent a relatively small number of preterm births. Moreover, the epidemiology of preterm delivery is such that the use of progesterone in asymptomatic women with a short cervix screened by ultrasound in midtrimester in the general population will not significantly reduce the prevalence of preterm births; there are no data comparing the effectiveness of universal ultrasound screening followed by vaginal progesterone treatment in case of short cervix versus no universal screening associated to a progesterone treatment in case of incidentally observed short cervix; the universal ultrasound screening may not produce the same results in practice than those observed in published randomized trials, due to population differences, “indication creep”, or “stretching of the cutoff” defining the short cervix. Moreover, the implementation of unevaluated or not recommended treatments, such as bed rest, tocolytics, 17OHP-C or cerclage, can potentially cause unintended deleterious consequences and reduce the cost-effectiveness; the cost-effectiveness analyses evaluating universal screening for cervical length present uncertainties on critical variables, notably the short cervix prevalence and the progesterone efficacy. In conclusion, although the implementation of such a screening strategy can be considered by individual practitioners, this screening cannot be universally mandated.