{"title":"Auto-censure et dé-censure dans Nègre de personne de Roland Brival et The Pain Tree d'Olive Senior","authors":"Patricia Donatien","doi":"10.4000/transtexts.1402","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Roland Brival et Olive Senior sont tous les deux des auteurs caribeens contemporains issus de societes coloniales hautement dirigistes et conformistes et cependant, ils pratiquent la de-censure. Leurs œuvres sont en effet des outils et des espaces dans lesquels l’indicible et l’inaudible vont pouvoir etre exprimes, au travers d’un certain nombre de strategies d’ecriture clairement identifiables comme relevant d’une esthetique caribeenne. Les deux romans presentes dans cet article sont tous deux recents ; il s’agit, d’une part, de Negre de personne que Brival publie en 2016 et qui est tres singulier en ce sens qu’il met en scene une partie de la vie du poete guyanais Leon Gontran Damas sous la forme d’un recit autobiographique. Dans ce roman le poete raconte son voyage a New York en 1939, et, c’est en ce sens qu’il est singulier, Brival y substitue son ecriture et sa voix a celles de Damas. Le deuxieme roman publie en 2015 par Olive Senior est une evocation de plusieurs recits de vie, tous mis en relation par deux axes recurrents et incontournables dans chaque evocation, une femme, la mere de l’auteur, et un arbre dont le roman porte d’ailleurs le nom The Pain Tree. Dans ces deux œuvres, la censure qui touche aussi bien l’affect que la langue et l’ecriture, n’est pas celle que subissent leurs auteurs ; elle est celle qu’ont subie d’une part Leon Gontran Damas et d’autre part les personnages d’Olive Senior. Tous sont victimes d’un empechement, d’une impossibilite, d’une censure de leur parole et de leur ecriture due aux restrictions des droits des sujets coloniaux, a la rigidite d’une institution et de societes marquees par le non-humanisme esclavagiste et qui impose « l’amnesie comme methode » (Cesaire Discours sur le colonialisme, p.91). L’article est egalement fonde sur le concept d’imposition culturelle avance par le medecin-psychiatre et ecrivain Frantz Fanon qui demontre dans son ouvrage Les Damnes de la terre comment le monde colonial repose sur la violence, y compris culturelle. Ainsi, cette etude a aussi pour ambition d’etudier la censure comme forme de violence coloniale qui previent autant qu’elle reprime toute production qui n’obeit pas a cette imposition culturelle. L’objet principal de ce travail est donc de demontrer comment les œuvres de Roland Brival et Olive Senior participe d’une de-censure des voix et des œuvres litteraires caribeennes de la premiere moitie du XXe siecle.","PeriodicalId":42064,"journal":{"name":"Transcultural Studies","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2020-12-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Transcultural Studies","FirstCategoryId":"95","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/transtexts.1402","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"HISTORY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Roland Brival et Olive Senior sont tous les deux des auteurs caribeens contemporains issus de societes coloniales hautement dirigistes et conformistes et cependant, ils pratiquent la de-censure. Leurs œuvres sont en effet des outils et des espaces dans lesquels l’indicible et l’inaudible vont pouvoir etre exprimes, au travers d’un certain nombre de strategies d’ecriture clairement identifiables comme relevant d’une esthetique caribeenne. Les deux romans presentes dans cet article sont tous deux recents ; il s’agit, d’une part, de Negre de personne que Brival publie en 2016 et qui est tres singulier en ce sens qu’il met en scene une partie de la vie du poete guyanais Leon Gontran Damas sous la forme d’un recit autobiographique. Dans ce roman le poete raconte son voyage a New York en 1939, et, c’est en ce sens qu’il est singulier, Brival y substitue son ecriture et sa voix a celles de Damas. Le deuxieme roman publie en 2015 par Olive Senior est une evocation de plusieurs recits de vie, tous mis en relation par deux axes recurrents et incontournables dans chaque evocation, une femme, la mere de l’auteur, et un arbre dont le roman porte d’ailleurs le nom The Pain Tree. Dans ces deux œuvres, la censure qui touche aussi bien l’affect que la langue et l’ecriture, n’est pas celle que subissent leurs auteurs ; elle est celle qu’ont subie d’une part Leon Gontran Damas et d’autre part les personnages d’Olive Senior. Tous sont victimes d’un empechement, d’une impossibilite, d’une censure de leur parole et de leur ecriture due aux restrictions des droits des sujets coloniaux, a la rigidite d’une institution et de societes marquees par le non-humanisme esclavagiste et qui impose « l’amnesie comme methode » (Cesaire Discours sur le colonialisme, p.91). L’article est egalement fonde sur le concept d’imposition culturelle avance par le medecin-psychiatre et ecrivain Frantz Fanon qui demontre dans son ouvrage Les Damnes de la terre comment le monde colonial repose sur la violence, y compris culturelle. Ainsi, cette etude a aussi pour ambition d’etudier la censure comme forme de violence coloniale qui previent autant qu’elle reprime toute production qui n’obeit pas a cette imposition culturelle. L’objet principal de ce travail est donc de demontrer comment les œuvres de Roland Brival et Olive Senior participe d’une de-censure des voix et des œuvres litteraires caribeennes de la premiere moitie du XXe siecle.
期刊介绍:
The Journal of Transcultural Studies is a peer-reviewed, open-access journal committed to promoting the knowledge and research of transculturality in all disciplines. It is published by the Cluster of Excellence “Asia and Europe in a Global Context: The Dynamics of Transculturality” of the Ruprecht-Karls-Universität Heidelberg.