{"title":"Esclavage et traite des esclaves dans les manuels de l’enseignement secondaire du Sénégal","authors":"I. Seck","doi":"10.3917/kart.desu.2021.01.0177","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"This paper focuses on the issue of slavery and the slave trade as it has been implemented in the History programs of the secondary school system in Senegal. It analyzes the contents of those programs throughout the colonial period up to their last version issued in 2004, and looks at their connections with the historical knowledge so far produced by African historians. Last but not least, this paper also raises some methodological issues related to the way of linking Academic production with school textbooks. African historians have, in the part, favored a victimizing approach to the issue of slavery and have eschewed to highlight the local systems of domination such as domestic slavery and the making of captives on African soil and destined to the Transatlantic slave trade. This approach has generated ‘forbidden knowledge’ comparable to what the colonizers have defined in order to domesticate African minds. Nevertheless, an increasing number of African historians are investigating the issue of slavery in Africa despite a quite hostile environment where the holders of the new historical approach are sometimes depicted as traitors to the African cause. The African communities have, more than ever before, a vested interest in integrating into the education of their children, essential information and knowledge that can assist in clarifying issues and breaking the vicious cycles of violence, marginalization and poverty. L’histoire et son enseignement dans le contexte colonial La première école coloniale au Sénégal, l’École mutuelle de Saint-Louis, a été fondée en 1817 par Jean Dard. Ce dernier était un instituteur venu de Bourgogne avec le gouverneur Schmaltz dans le cadre du retour de la colonie aux Français après la deuxième occupation anglaise. La méthode pédagogique utilisée alors n’était pas inconnue des Africains : les écoliers ‘avancés’ servaient de moniteurs aux autres sous la direction du maître. Les programmes étaient dispensés en français et en wolof. Ensuite, s’implantèrent les écoles religieuses : L’École de la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny pour les filles, en 1826 ; L’École des Frères de Ploërmel pour les garçons, en 1841; Le Collège du Sénégal, en 1843, sous la direction des trois premiers prêtres sénégalais : les abbés Moussa, Fridoil et Boilat (Biondi 1987:95-96). Sous le premier gouvernorat de Faidherbe (1854-1861) débute un processus de laïcisation avec la création de l’École des Otages en 1856. Cette école, connue plus tard sous le nom d’École des Fils de Chefs, devait servir à la formation des enfants de l’aristocratie locale déjà vaincue, dans un esprit 5-Seck.pmd 11/12/2009, 19:44 100 101 Seck : Esclavage et traite des esclaves dans les manuels de l’enseignement secondaire favorable à la France, pour en faire des auxiliaires dévoués de l’administration coloniale. Mais la fréquentation était faible malgré l’opération de charme qui consistait à maintenir l’enseignement en arabe à côté de la langue française. Plus tard, l’école coloniale fut imposée aux indigènes et la francophonie progressa alors à coups de bâton. En 1903, trois arrêtés du gouverneur général de l’AOF, Ernest Roume, mettent en place un système scolaire dont la gestion est retirée aux religieux. La nouvelle structure scolaire comprenait un enseignement primaire élémentaire sanctionné par le Certificat d’études primaires élémentaires (CEPE), un enseignement technique pour former des contremaîtres destinés aux ateliers publics et privés, un enseignement primaire supérieur et commercial ouvert aux détenteurs du CEPE. Enfin, l’École Normale à SaintLouis formait, pour toute l’AOF, des instituteurs et le personnel administratif subalterne. Elle sera transférée à Gorée sous le nom d’École Normale William Ponty d’où, après un cursus de trois années, sortaient des instituteurs et des médecins auxiliaires destinés à l’École de Médecine créée en 1918. L’enseignement secondaire était sanctionné par le Brevet de capacité colonial (équivalent du baccalauréat) auquel préparaient le Lycée Faidherbe, créé en 1920, et le cours secondaire de Dakar créé en 1925 qui deviendra le Lycée Van Vollenhoven (Suret-Canale 1977:464-471). Le régime établi par les arrêtés de 1903 dura jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et même au-delà, suite à des adaptations successives. Cette « LoiCadre » de l’enseignement, dont l’empreinte était encore sensible après les indépendances, porte la signature d’Ernest Roume, mais elle est l’œuvre de Camille Guy, un professeur agrégé d’histoire qui, après avoir enseigné pendant plus de dix ans dans un lycée, fut appelé au ministère des Colonies en 1895 pour en diriger le service géographique. Il deviendra en octobre 1902 le Lieutenant-gouverneur du Sénégal (Bouche 2007:1055-1070). Ce système, dans son esprit assimilationniste, avait surtout pour objectif essentiel de mettre à la disposition du projet colonial des individus sommairement formés, capables de produire des biens et services à moindres frais. Camille Guy avait une vision très claire de l’agenda de l’école coloniale quand il déclarait : Les bons programmes ne s’obtiennent qu’en élaguant, non en ajoutant. Enseignement du français, des sciences élémentaires, des travaux professionnels et d’enseignement technique approprié au milieu et c’est suffisant. A agir autrement on ne prépare pas des citoyens français, mais des déclassés, des vaniteux, des désaxés, qui perdent leurs qualités natives et n’acquièrent que les vices des éducateurs (Cité par Suret-Canale 1977:478). Cette approche n’est pas nouvelle dans la mesure où, entre 1822 et 1834, les jalons d’un enseignement pratique pour les besoins de la colonisation agricole 5-Seck.pmd 11/12/2009, 19:44 101 102 Afrika Zamani, Nos. 15 & 16, 2007–2008 avaient déjà été posés sous l’impulsion du baron Roger, alors gouverneur de la colonie. Mais le système Roume constitue véritablement le point de départ de « la période de l’enseignement utilitaire » (Fall 1997:1071-1080). Au-delà de la mise en place d’un arsenal judiciaire très répressif pour accompagner l’exploitation des colonies, l’école devait aussi contribuer à la domestication des esprits des sujets coloniaux par le bannissement des « savoirs interdits », propres à semer le trouble, et par la codification de « savoirs utiles », destinés à faire accepter la domination coloniale comme un fait qui entre dans l’ordre naturel des choses. Jean Suret-Canale rend compte de ce programme en ces termes : On donnera à ces agents subalternes une formation purement française, on les convaincra de la supériorité exclusive de cette culture européenne dont ils ont le privilège d’obtenir quelques miettes [...] En même temps on s’efforcera de les modeler suivant les règles du « bon esprit » : ils doivent reconnaître la supériorité du Blanc, de sa civilisation qui les a sauvés de la cruauté sanguinaire des « roitelets barbares », lui vouer respect, reconnaissance et surtout obéissance (Suret-Canale 1977:474-475). Les écoles confessionnelles de la première heure devaient déjà contribuer à évangéliser et à civiliser les jeunes Africains. À partir de 1838, l’histoire était inscrite au programme de l’école catholique pour servir la foi et la tradition chrétiennes dans un pays où la religion majoritaire, l’Islam, constituait un frein potentiel au projet colonial (Sow 2004). Cette approche se traduisit par un taux de scolarisation très faible, largement inférieur à celui de la Gambie anglaise toute proche. L’histoire fut bannie des programmes de l’école laïque jusqu’en 1892 au profit de la géographie et de la maîtrise de la langue française, mais son enseignement s’est maintenu dans les écoles religieuses où, à partir de 1858, les programmes intégrèrent l’histoire moderne de la France à côté de l’histoire ancienne et ecclésiastique. Toutefois, dans les écoles laïques, les séances de lecture et de composition littéraire étaient des prétextes pour faire de l’histoire. L’Afrique y a d’emblée fait son apparition sous une forme caricaturale, notamment avec la présentation de l’esclavage et de la traite des esclaves comme des maux propres au continent. Ce passage, extrait du cahier d’un écolier de l’École des Fils de Chefs, en est une parfaite illustration : « Chez les peuples civilisés il n’y a pas d’esclaves. Vendre un homme, une femme ou un enfant c’est le plus grand crime que l’on puisse commettre. Ce n’est que chez les peuples noirs de l’Afrique que cette détestable habitude existe (Sow 2004:834) ». On donne à Georges Hardy le crédit de la réalisation du système scolaire initié par Roume pendant son séjour dans les colonies entre 1912 et 1919. Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé d’histoire, Hardy avait 5-Seck.pmd 11/12/2009, 19:44 102 103 Seck : Esclavage et traite des esclaves dans les manuels de l’enseignement secondaire notamment réorganisé l’École normale William Ponty, doté les écoles de programmes et fait publier des manuels parmi lesquels une géographie et une histoire de l’AOF (Bouche 2007:1070).1 L’enseignement de l’histoire, introduit par la réforme de 1903, était d’abord limité au primaire supérieur qui n’était rien d’autre que le socle d’un niveau secondaire encore embryonnaire. L’orientation de cet enseignement peut être observée à travers les contenus des manuels, supports pédagogiques privilégiés pour la diffusion de l’idéologie coloniale. Les manuels dépouillés par Abdoul Sow, notamment ceux de E. Lavisse et celui de A. Leguillette pour l’enseignement primaire, et ceux de la collection Malet-Issac pour l’enseignement secondaire, étaient essentiellement consacrés à l’histoire de France dont l’œuvre coloniale était justifiée et magnifiée et dont le drapeau avait la propriété magique de rendre à l’esclave sa liberté. Aux antipodes, figurait l’Afrique qui ne pouvait alors revendiquer une histoire autre que celle de la colonisation qui a mis fin à l’esclavage et aux guerres tribales. 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Abstract
This paper focuses on the issue of slavery and the slave trade as it has been implemented in the History programs of the secondary school system in Senegal. It analyzes the contents of those programs throughout the colonial period up to their last version issued in 2004, and looks at their connections with the historical knowledge so far produced by African historians. Last but not least, this paper also raises some methodological issues related to the way of linking Academic production with school textbooks. African historians have, in the part, favored a victimizing approach to the issue of slavery and have eschewed to highlight the local systems of domination such as domestic slavery and the making of captives on African soil and destined to the Transatlantic slave trade. This approach has generated ‘forbidden knowledge’ comparable to what the colonizers have defined in order to domesticate African minds. Nevertheless, an increasing number of African historians are investigating the issue of slavery in Africa despite a quite hostile environment where the holders of the new historical approach are sometimes depicted as traitors to the African cause. The African communities have, more than ever before, a vested interest in integrating into the education of their children, essential information and knowledge that can assist in clarifying issues and breaking the vicious cycles of violence, marginalization and poverty. L’histoire et son enseignement dans le contexte colonial La première école coloniale au Sénégal, l’École mutuelle de Saint-Louis, a été fondée en 1817 par Jean Dard. Ce dernier était un instituteur venu de Bourgogne avec le gouverneur Schmaltz dans le cadre du retour de la colonie aux Français après la deuxième occupation anglaise. La méthode pédagogique utilisée alors n’était pas inconnue des Africains : les écoliers ‘avancés’ servaient de moniteurs aux autres sous la direction du maître. Les programmes étaient dispensés en français et en wolof. Ensuite, s’implantèrent les écoles religieuses : L’École de la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny pour les filles, en 1826 ; L’École des Frères de Ploërmel pour les garçons, en 1841; Le Collège du Sénégal, en 1843, sous la direction des trois premiers prêtres sénégalais : les abbés Moussa, Fridoil et Boilat (Biondi 1987:95-96). Sous le premier gouvernorat de Faidherbe (1854-1861) débute un processus de laïcisation avec la création de l’École des Otages en 1856. Cette école, connue plus tard sous le nom d’École des Fils de Chefs, devait servir à la formation des enfants de l’aristocratie locale déjà vaincue, dans un esprit 5-Seck.pmd 11/12/2009, 19:44 100 101 Seck : Esclavage et traite des esclaves dans les manuels de l’enseignement secondaire favorable à la France, pour en faire des auxiliaires dévoués de l’administration coloniale. Mais la fréquentation était faible malgré l’opération de charme qui consistait à maintenir l’enseignement en arabe à côté de la langue française. Plus tard, l’école coloniale fut imposée aux indigènes et la francophonie progressa alors à coups de bâton. En 1903, trois arrêtés du gouverneur général de l’AOF, Ernest Roume, mettent en place un système scolaire dont la gestion est retirée aux religieux. La nouvelle structure scolaire comprenait un enseignement primaire élémentaire sanctionné par le Certificat d’études primaires élémentaires (CEPE), un enseignement technique pour former des contremaîtres destinés aux ateliers publics et privés, un enseignement primaire supérieur et commercial ouvert aux détenteurs du CEPE. Enfin, l’École Normale à SaintLouis formait, pour toute l’AOF, des instituteurs et le personnel administratif subalterne. Elle sera transférée à Gorée sous le nom d’École Normale William Ponty d’où, après un cursus de trois années, sortaient des instituteurs et des médecins auxiliaires destinés à l’École de Médecine créée en 1918. L’enseignement secondaire était sanctionné par le Brevet de capacité colonial (équivalent du baccalauréat) auquel préparaient le Lycée Faidherbe, créé en 1920, et le cours secondaire de Dakar créé en 1925 qui deviendra le Lycée Van Vollenhoven (Suret-Canale 1977:464-471). Le régime établi par les arrêtés de 1903 dura jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et même au-delà, suite à des adaptations successives. Cette « LoiCadre » de l’enseignement, dont l’empreinte était encore sensible après les indépendances, porte la signature d’Ernest Roume, mais elle est l’œuvre de Camille Guy, un professeur agrégé d’histoire qui, après avoir enseigné pendant plus de dix ans dans un lycée, fut appelé au ministère des Colonies en 1895 pour en diriger le service géographique. Il deviendra en octobre 1902 le Lieutenant-gouverneur du Sénégal (Bouche 2007:1055-1070). Ce système, dans son esprit assimilationniste, avait surtout pour objectif essentiel de mettre à la disposition du projet colonial des individus sommairement formés, capables de produire des biens et services à moindres frais. Camille Guy avait une vision très claire de l’agenda de l’école coloniale quand il déclarait : Les bons programmes ne s’obtiennent qu’en élaguant, non en ajoutant. Enseignement du français, des sciences élémentaires, des travaux professionnels et d’enseignement technique approprié au milieu et c’est suffisant. A agir autrement on ne prépare pas des citoyens français, mais des déclassés, des vaniteux, des désaxés, qui perdent leurs qualités natives et n’acquièrent que les vices des éducateurs (Cité par Suret-Canale 1977:478). Cette approche n’est pas nouvelle dans la mesure où, entre 1822 et 1834, les jalons d’un enseignement pratique pour les besoins de la colonisation agricole 5-Seck.pmd 11/12/2009, 19:44 101 102 Afrika Zamani, Nos. 15 & 16, 2007–2008 avaient déjà été posés sous l’impulsion du baron Roger, alors gouverneur de la colonie. Mais le système Roume constitue véritablement le point de départ de « la période de l’enseignement utilitaire » (Fall 1997:1071-1080). Au-delà de la mise en place d’un arsenal judiciaire très répressif pour accompagner l’exploitation des colonies, l’école devait aussi contribuer à la domestication des esprits des sujets coloniaux par le bannissement des « savoirs interdits », propres à semer le trouble, et par la codification de « savoirs utiles », destinés à faire accepter la domination coloniale comme un fait qui entre dans l’ordre naturel des choses. Jean Suret-Canale rend compte de ce programme en ces termes : On donnera à ces agents subalternes une formation purement française, on les convaincra de la supériorité exclusive de cette culture européenne dont ils ont le privilège d’obtenir quelques miettes [...] En même temps on s’efforcera de les modeler suivant les règles du « bon esprit » : ils doivent reconnaître la supériorité du Blanc, de sa civilisation qui les a sauvés de la cruauté sanguinaire des « roitelets barbares », lui vouer respect, reconnaissance et surtout obéissance (Suret-Canale 1977:474-475). Les écoles confessionnelles de la première heure devaient déjà contribuer à évangéliser et à civiliser les jeunes Africains. À partir de 1838, l’histoire était inscrite au programme de l’école catholique pour servir la foi et la tradition chrétiennes dans un pays où la religion majoritaire, l’Islam, constituait un frein potentiel au projet colonial (Sow 2004). Cette approche se traduisit par un taux de scolarisation très faible, largement inférieur à celui de la Gambie anglaise toute proche. L’histoire fut bannie des programmes de l’école laïque jusqu’en 1892 au profit de la géographie et de la maîtrise de la langue française, mais son enseignement s’est maintenu dans les écoles religieuses où, à partir de 1858, les programmes intégrèrent l’histoire moderne de la France à côté de l’histoire ancienne et ecclésiastique. Toutefois, dans les écoles laïques, les séances de lecture et de composition littéraire étaient des prétextes pour faire de l’histoire. L’Afrique y a d’emblée fait son apparition sous une forme caricaturale, notamment avec la présentation de l’esclavage et de la traite des esclaves comme des maux propres au continent. Ce passage, extrait du cahier d’un écolier de l’École des Fils de Chefs, en est une parfaite illustration : « Chez les peuples civilisés il n’y a pas d’esclaves. Vendre un homme, une femme ou un enfant c’est le plus grand crime que l’on puisse commettre. Ce n’est que chez les peuples noirs de l’Afrique que cette détestable habitude existe (Sow 2004:834) ». On donne à Georges Hardy le crédit de la réalisation du système scolaire initié par Roume pendant son séjour dans les colonies entre 1912 et 1919. Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé d’histoire, Hardy avait 5-Seck.pmd 11/12/2009, 19:44 102 103 Seck : Esclavage et traite des esclaves dans les manuels de l’enseignement secondaire notamment réorganisé l’École normale William Ponty, doté les écoles de programmes et fait publier des manuels parmi lesquels une géographie et une histoire de l’AOF (Bouche 2007:1070).1 L’enseignement de l’histoire, introduit par la réforme de 1903, était d’abord limité au primaire supérieur qui n’était rien d’autre que le socle d’un niveau secondaire encore embryonnaire. L’orientation de cet enseignement peut être observée à travers les contenus des manuels, supports pédagogiques privilégiés pour la diffusion de l’idéologie coloniale. Les manuels dépouillés par Abdoul Sow, notamment ceux de E. Lavisse et celui de A. Leguillette pour l’enseignement primaire, et ceux de la collection Malet-Issac pour l’enseignement secondaire, étaient essentiellement consacrés à l’histoire de France dont l’œuvre coloniale était justifiée et magnifiée et dont le drapeau avait la propriété magique de rendre à l’esclave sa liberté. Aux antipodes, figurait l’Afrique qui ne pouvait alors revendiquer une histoire autre que celle de la colonisation qui a mis fin à l’esclavage et aux guerres tribales. À l’image caricaturale donnée aux chefs indigènes dont certains étaient as
本文主要关注奴隶制和奴隶贸易问题,因为它已经在塞内加尔中学系统的历史课程中实施。它分析了从殖民时期到2004年发行的最后一个版本的这些节目的内容,并研究了它们与非洲历史学家迄今为止所产生的历史知识的联系。最后,本文还提出了一些与学术生产与学校教科书联系方式有关的方法论问题。在这方面,非洲历史学家倾向于用一种受害的方法来研究奴隶制问题,并避免强调当地的统治制度,如国内奴隶制和在非洲土地上制造俘虏,并注定要进行跨大西洋奴隶贸易。这种方法产生了“禁忌知识”,与殖民者为了驯化非洲人的思想而定义的知识相当。然而,越来越多的非洲历史学家正在调查非洲的奴隶制问题,尽管在一个相当敌对的环境中,新历史方法的持有者有时被描述为非洲事业的叛徒。非洲社区比以往任何时候都更有必要把能够帮助澄清问题和打破暴力、边缘化和贫穷的恶性循环的基本信息和知识纳入其子女的教育。L ' histoire et son enseignement dans le contcontescolonial, La premiires扮成ssamnacimale, L ' École mutuelle de Saint-Louis,在1817年扮成Jean Dard。在勃艮第学院,我们的行政长官,我们的行政长官,我们的行政长官,我们的行政长官,我们的行政长官,我们的行政长官,我们的行政长官,我们的行政长官,我们的行政长官,我们的行政长官,我们的职业,我们的职业。3 .在非洲,有两个办法:1 .在非洲,有三个办法:1 .在非洲,有三个办法:1 .在非洲,有三个办法:1 .在非洲,有三个办法:我们的方案是将所有的<s:1> <s:1> <s:1> <s:1>和其他的<s:1> <s:1>和其他的。Ensuite, s ' implant<e:1> les religieuses: L ' École de la congr<s:1> des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny pour les filles, en 1826;L ' École des frires de Ploërmel pour les garcons, en 1841;ssamenachiale学院,1843年,关于三个总理的指示prêtres ssamenachiale: ssamenachiale: Moussa, Fridoil和Boilat (Biondi 1987:95-96)。费得尔贝总督(1854-1861)在1856年的一次会议上宣布了他的任期。cete samade, conue plus ard sous le nom d ' École des Fils de Chefs, devit servir formation des enfants de l ' aristoc贵族地区dsamfants vaaincue, dans un esprit 5-Seck。[pmd] 2009年11月12日,19:44 100 101 sech:在法国建立第二级有利的行政管理系统,建立辅助的行政管理系统,建立辅助的行政管理系统。我的工作是:我的工作是:我的职业是:我的职业是:我的职业是:我的职业是:我的职业是:我的职业是:我的职业是:我的职业是:我的职业是:我的职业是:再加上,我的“<s:1> <s:1> <s:1> <s:1> <s:1> <s:1>”和“法语国家的进步”都是指我的“<s:1> <s:1> <s:1> <s:1>政变”。1903年,欧内斯特·鲁姆(Ernest Roume)与法国<s:1> <s:1> <s:1> <s:1>行政管理系统(unsystem) <s:1>行政管理系统(sscolaire)达成协议,要求退休的<s:1>行政管理系统(isrs)。“新结构”是指综合的、初步的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的、与其他的。Enfin, l ' École Normale <e:1>圣路易斯格式,pour toute l ' aof, des institute et le人事行政副院长。Elle血清受让人戈雷苏勒笔名d并正威廉Ponty d财产,然后联合国cursus三排,sortaient des instituteurs组织et des auxiliaires并让一个医学院的账户en 1918。第二阶段的<s:1> <s:1> <s:1> <s:1> <s:1> <s:1> <s:1> <s:1> <s:1> <s:1> <s:1> - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -将所有的<s:1> <s:1> <s:1> <s:1>世界第二次Guerre - mondiale和même - au-del - com合并,将所有的<s:1> <s:1> des调整为连续的arrêtés de 1903。Cette«LoiCadre»de l ' enciciement, don ' empreinte sametement, not l ' empreinte sametement, not l ' empreinte sametement, porte la signature d ' ernest Roume, mais elle est l ' œuvre de Camille Guy, unprofessor agrgire quire, aprrous avoir enseignespendant and de dix ans dans unlycacement, fut appelise au ministre des Colonies en 1895 pour en diriger le service gsamographique。一九二二年十月,《ssamnacimade -gouverneur》(Bouche 2007:1055-1070)。这些系统,如精神上的同化,在本质上的目标上的超越,在项目上的本质上的超越,在项目上的本质上的超越,在个人的本质上的超越,在个人的本质上的超越,在个人的本质上的超越,在个人的本质上的超越,在个人的本质上的超越,在个人的本质上的超越,在个人的本质上的超越,在个人的本质上的超越,在个人的本质上的超越,在个人的本质上的超越,在生产能力上的本质上的超越,在服务上的本质上的超越。 卡米尔·盖伊(Camille Guy)对殖民学校的议程有一个非常清晰的愿景,他说:好的课程只能通过削减而不是增加来实现。法语教学、基础科学、专业工作和适合环境的技术教育就足够了。否则,我们不会培养法国公民,而是培养堕落的、虚荣的、精神错位的人,他们失去了天生的品质,只获得了教育者的恶习(引用于Suret-Canale 1977:478)。这种方法并不新鲜,因为在1822年到1834年间,农业殖民需要的实践教学的里程碑5-Seck。非洲扎马尼,第15和16号,2007 - 2008年已经在殖民地总督罗杰男爵的鼓动下建立。但鲁姆体系实际上是“功利教育时期”的起点(1997年秋季:1071-1080)。之外建立司法阿森纳非常压抑的来搭配定居点的剥削,学校也应当有助于驯化神界主体由流放殖民地禁用»,«知识特有的混淆,并由编纂«»有用知识,旨在让所有人之间的殖民统治,作为一个事实,在事物的自然秩序。Jean Suret-Canale这样描述这个项目:这些低级特工将接受纯粹的法国训练,他们将被说服相信这种欧洲文化的独特优越性,他们有幸从这种文化中获得一些面包屑。]同时,人们会尽力塑造规则下的«»精神:他们必须认识到好白,其文明的优越性救了那些残忍嗜血的«»野蛮鹪鹩,怎么办,承认和尊重尤其是服从他(Suret-Canale 1977:474-475)。从一开始,宗教学校就应该为非洲年轻人的福音传播和文明做出贡献。从1838年开始,历史被纳入天主教学校的课程,以服务于基督教信仰和传统,在这个国家,主要宗教伊斯兰教是殖民计划的潜在障碍(Sow 2004)。这种做法导致了非常低的入学率,远低于邻近的英属冈比亚。世俗学校历史被赶方案,直至1892年输给地理学和精通法语,但他一直保持在宗教学校教育,从1858年法国现代史上年龄歧视的方案,旁边的古代历史和教会。然而,在世俗学校,阅读和写作是创造历史的借口。从一开始,非洲就以漫画的形式出现了,特别是奴隶制和奴隶贸易被描绘成非洲大陆特有的罪恶。这段话摘自酋长之子学校的一个学生的笔记本,很好地说明了这一点:“在文明人中间没有奴隶。卖男人、女人或孩子是你能犯下的最大罪行。这种可恶的习惯只存在于非洲的黑人中(Sow 2004:834)。乔治·哈代(Georges Hardy)在1912年至1919年期间在殖民地建立了学校系统。哈代曾就读于ecole normale superieure,毕业于历史专业,有5个seck。Seck:中学教科书中的奴隶制和奴隶贸易,特别是重组的威廉·庞蒂师范学校,为学校提供课程,并出版教科书,其中包括aof的地理和历史(2007:1070)1903年改革引入的历史教学最初仅限于小学的上层,而上层只不过是仍处于萌芽阶段的中学水平的基础。这种教学的方向可以通过教科书的内容来观察,教科书是传播殖民意识形态的首选教学材料。教科书由阿卜杜勒- Sow剥皮,尤其是e . a . Leguillette Lavisse与小学和中学Malet-Issac来收藏的人,大多用于是作品的法国殖民历史和magnifiée合理且会旗曾经拥有魔法使其自由的奴隶。在世界的另一端是非洲,当时除了殖民统治结束了奴隶制和部落战争之外,非洲没有其他历史。 给土著首领的漫画形象,其中一些是