{"title":"Introduction - Judith et ses sœurs","authors":"N. Koble","doi":"10.58282/colloques.6254","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Christine de Pizan, La Cite des DamesParis, BnF, fr. 609, fol. 2vDans son edition du 25 avril 2017, le journal Le Monde faisait etat d’une petition, redigee par un collectif d’enseignant.e.s et d’etudiant.e.s emanant de l’Ecole normale superieure de Lyon et adressee au Ministere de l’Education nationale. Cette petition reclamait plus d’œuvres de femmes au programme des Agregations de Lettres et souhaitait alerter sur la necessite de retravailler les criteres de jugement qui sont a l’œuvre en France dans l’etablissement du canon litteraire, dans lequel les ecrivaines, toutes epoques confondues, sont « victimes d’un systeme d’invisibilite » qu’aggrave encore, pour les siecles anciens, leur defaut d’existence1.En 1928, dans un ensemble de conferences sur les femmes et le roman, donnees a Cambridge dans deux colleges reserves a des femmes, Virginia Woolf incarnait en Judith, une sœur imaginaire de Shakespeare portee, comme son frere, par une vocation d’ecrivain, cette double invisibilite materielle et symbolique, qui produit chez les femmes qui ecrivent un sentiment puissant d’illegitimite culturelle2. L’analyse visionnaire de la romanciere anglaise, tout en explicitant l’impact des phenomenes de sexuation sur la production litteraire dans l’Histoire, en propose une tres belle compensation symbolique par le biais d’une fiction : aussi douee pour l’ecriture fut-elle, Judith, petite sœur invisible, etait nee dans un contexte qui lui interdisait de toute facon d’exercer son talent,","PeriodicalId":36255,"journal":{"name":"Iranian Journal of Botany","volume":"64 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-06-17","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Iranian Journal of Botany","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.6254","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Environmental Science","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Christine de Pizan, La Cite des DamesParis, BnF, fr. 609, fol. 2vDans son edition du 25 avril 2017, le journal Le Monde faisait etat d’une petition, redigee par un collectif d’enseignant.e.s et d’etudiant.e.s emanant de l’Ecole normale superieure de Lyon et adressee au Ministere de l’Education nationale. Cette petition reclamait plus d’œuvres de femmes au programme des Agregations de Lettres et souhaitait alerter sur la necessite de retravailler les criteres de jugement qui sont a l’œuvre en France dans l’etablissement du canon litteraire, dans lequel les ecrivaines, toutes epoques confondues, sont « victimes d’un systeme d’invisibilite » qu’aggrave encore, pour les siecles anciens, leur defaut d’existence1.En 1928, dans un ensemble de conferences sur les femmes et le roman, donnees a Cambridge dans deux colleges reserves a des femmes, Virginia Woolf incarnait en Judith, une sœur imaginaire de Shakespeare portee, comme son frere, par une vocation d’ecrivain, cette double invisibilite materielle et symbolique, qui produit chez les femmes qui ecrivent un sentiment puissant d’illegitimite culturelle2. L’analyse visionnaire de la romanciere anglaise, tout en explicitant l’impact des phenomenes de sexuation sur la production litteraire dans l’Histoire, en propose une tres belle compensation symbolique par le biais d’une fiction : aussi douee pour l’ecriture fut-elle, Judith, petite sœur invisible, etait nee dans un contexte qui lui interdisait de toute facon d’exercer son talent,