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Abstract
La banque malheur est un système local/traditionnel de protection sociale servant à financer les dépenses de santé des populations, tout en réduisant les inégalités sociales d’accès aux soins. Elle enregistre au Cameroun plus de 98,5 % d’adhérents, contre 1,5% pour les mutuelles de santé. Très peu d’études ont abordé ses potentialités de solidarité et la manière dont elle parvient à produire de l’équité d’accès aux soins. À partir d’une ethnographie des comportements/réactions devant la maladie, l’article analyse les raisons du fort taux d’adhésion à la banque malheur ; et rend compte des types de solidarités qu’elle promeut. L’étude est ethnographique et a concerné 45 participants. Les résultats montrent l’existence de trois types de solidarités. (1) la caisse maladie : somme cumulée et remise à un bénéficiaire éprouvé par la maladie ou un décès. (2) la main levée à travers les rituels de visites au malade, où s’opèrent les dons de soi, en nature et en argent (3) le soutien financier familial. La solidarité s’inscrit dans le don endetté. L’étude suggère un dialogue entre la banque malheur et les mutuelles de santé, dans une perspective de la renforcer et non pas de la supplanter. Une extension des mutuelles de santé à tous les camerounais, sans une politique intégrée de santé, conduirait à la mort de la banque malheur et augmenterait, paradoxalement, les inégalités sociales de santé qu’elles sont sensées combattre.