D. Boutet, Patrick Doan, Claire Danet, Claudia S. Bianchini, Timothée Goguely, Adrien Contesse, Morgane Rébulard
{"title":"Systèmes graphématiques et écritures des langues signées","authors":"D. Boutet, Patrick Doan, Claire Danet, Claudia S. Bianchini, Timothée Goguely, Adrien Contesse, Morgane Rébulard","doi":"10.4000/SIGNATA.1684","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Depuis quelques decennies, les langues des signes (LS) connaissent l’apparition de systemes de notations qui s’inscrivent dans une pratique dominee par les ecritures de langues vocales (LV). Alors que ces dernieres sont caracterisees par une rupture de modalite entre l’ecrit et l’oral, les LS introduisent la situation inedite d’un possible partage des modalites en convoquant dans leur production les memes articulateurs (le membre superieur) et dans leur reception la meme modalite visuelle. Ces circonstances de partage des memes modalites gestuo-visuelle placent l’ecriture et l’oralite des LS dans un rapport de coexistence, voire de semiotiques partagees. L’acte d’ecrire peut alors se manifester comme une inscription des dimensions formelles (parfois hautement graphiques) et gestuelles intrinseques de l’oralite et de l’expression des LS. Nous chercherons dans cet article a developper les fondements d’une approche analogique visuo-gestuelle ancree d’une part dans l’oralite, c’est a dire le geste, et d’autre part dans le trace comme vecteur de sens communs a la langue et son ecriture. Considerer ainsi l’experience scripturale trouve un echo dans la theorie cognitive de l’enaction (Varela et al., 1991) ou plus generalement dans les hypotheses portant sur la cognition incarnee.Nous presenterons trois des principaux systemes de notation actuellement en usage, dont l’usage est le plus souvent limite aux chercheurs en linguistique de ces langues. Les principales caracteristiques de ces systemes de notation seront abordees ; il s’agit de leur lisibilite en lien avec le formalisme sur lequel ils s’appuient, et aussi de leur capacite a etre ecrits et manies (en particulier au regard du principe de linearite des ecritures existantes). Dans une deuxieme partie, les problematiques que l’ecriture des LS posent seront exposees en details : l’articulation des modalites de production et des modalites semiotique orale/ecrite, les domaines analogiques exploitables dans la construction des principes glyphiques et les rapports semiotiques nouveaux entre traces et traces qu’apporte l’ecriture des LS. Dans la troisieme partie, quelques elements des theories sur l’ecriture seront examines au regard de ce qu’une ecriture des LS apporte. Ils seront illustres par le systeme de notation pour les LS appele « Typannot » (sur lequel les auteurs du present article travaillent) et plus specifiquement par ses choix graphematiques et typographiques. Nous developpons pour cela une reflexion a plusieurs niveaux rendant compte de ce couplage entre la technique et notre activite scripturale, portant sur la lisibilite, la modularite, la scripturalite et l’automatisation (requetabilite). Ces criteres constituent le cadre d’une reflexion prenant racine dans les systemes d’ecriture des LV pour evoluer vers des problematiques proprement liees aux modalites gestuelles et formelles des LS.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"25 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2018-12-31","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"7","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Signata","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/SIGNATA.1684","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Arts and Humanities","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Depuis quelques decennies, les langues des signes (LS) connaissent l’apparition de systemes de notations qui s’inscrivent dans une pratique dominee par les ecritures de langues vocales (LV). Alors que ces dernieres sont caracterisees par une rupture de modalite entre l’ecrit et l’oral, les LS introduisent la situation inedite d’un possible partage des modalites en convoquant dans leur production les memes articulateurs (le membre superieur) et dans leur reception la meme modalite visuelle. Ces circonstances de partage des memes modalites gestuo-visuelle placent l’ecriture et l’oralite des LS dans un rapport de coexistence, voire de semiotiques partagees. L’acte d’ecrire peut alors se manifester comme une inscription des dimensions formelles (parfois hautement graphiques) et gestuelles intrinseques de l’oralite et de l’expression des LS. Nous chercherons dans cet article a developper les fondements d’une approche analogique visuo-gestuelle ancree d’une part dans l’oralite, c’est a dire le geste, et d’autre part dans le trace comme vecteur de sens communs a la langue et son ecriture. Considerer ainsi l’experience scripturale trouve un echo dans la theorie cognitive de l’enaction (Varela et al., 1991) ou plus generalement dans les hypotheses portant sur la cognition incarnee.Nous presenterons trois des principaux systemes de notation actuellement en usage, dont l’usage est le plus souvent limite aux chercheurs en linguistique de ces langues. Les principales caracteristiques de ces systemes de notation seront abordees ; il s’agit de leur lisibilite en lien avec le formalisme sur lequel ils s’appuient, et aussi de leur capacite a etre ecrits et manies (en particulier au regard du principe de linearite des ecritures existantes). Dans une deuxieme partie, les problematiques que l’ecriture des LS posent seront exposees en details : l’articulation des modalites de production et des modalites semiotique orale/ecrite, les domaines analogiques exploitables dans la construction des principes glyphiques et les rapports semiotiques nouveaux entre traces et traces qu’apporte l’ecriture des LS. Dans la troisieme partie, quelques elements des theories sur l’ecriture seront examines au regard de ce qu’une ecriture des LS apporte. Ils seront illustres par le systeme de notation pour les LS appele « Typannot » (sur lequel les auteurs du present article travaillent) et plus specifiquement par ses choix graphematiques et typographiques. Nous developpons pour cela une reflexion a plusieurs niveaux rendant compte de ce couplage entre la technique et notre activite scripturale, portant sur la lisibilite, la modularite, la scripturalite et l’automatisation (requetabilite). Ces criteres constituent le cadre d’une reflexion prenant racine dans les systemes d’ecriture des LV pour evoluer vers des problematiques proprement liees aux modalites gestuelles et formelles des LS.