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Les progrès de la science permettent de réanimer et de prendre en charge de plus en plus tôt un bébé. Mais qu’en est-il de la « réanimation » des rêveries maternelles, nécessaires à la construction d’un espace psychique fiable pour le bébé à venir, alors suspendues par le traumatisme de cette naissance prématurée ? Quels effets peuvent être repérés au niveau des processus psychiques inconscients chez ces femmes devenues mères « trop tôt » ? Quels peuvent être les impacts de cette prise en charge médicale et de ces longs mois d’hospitalisation dans la construction du processus de « maternalité » ? La blessure narcissique, le sentiment d’incompétence et de culpabilité de ces femmes de n’avoir pu mener leur grossesse à terme entrent alors en résonance avec l’illusion de maîtrise et de toute puissance de la science. Après avoir analysé comment la communauté scientifique et médicale tente de border le « réel » de la prématurité, nous essaierons d’entendre l’impact que peut avoir le discours médical sur le vécu psychique de femmes enceintes hospitalisées pour menace d’accouchement prématuré rencontrées dans un service de grossesses dites « à risques ». Enfin, quelques éléments théoriques seront amenés pour penser cette clinique.","PeriodicalId":188005,"journal":{"name":"Relire Michel Foucault","volume":"142 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2022-07-21","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Les bébés dits « grands prématurés » sont-ils un symptôme de la modernité ?\",\"authors\":\"C. 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Les bébés dits « grands prématurés » sont-ils un symptôme de la modernité ?
Depuis une vingtaine d’années, le nombre d’enfants nés avant terme n’a cessé d’augmenter en France et dans le monde. En France, il représente aujourd’hui 7 % des naissances. Or, l’augmentation de la prématurité est principalement liée aux nouvelles méthodes de procréation. Comment pouvons-nous penser ce paradoxe de la modernité ? Bien que l’Organisation Mondiale de la Santé situe la limite de réanimation à un terme de 22 semaines d’aménorrhées (SA) ou à un poids de 500 grammes, la majorité des centres français et européens ne réanime pas les bébés en dessous de 25 SA, en raison des risques très élevés de séquelles. Un bébé d’environ 22 centimètres et pesant 700 grammes peut donc être réanimé. Ladite « grande prématurité » nous plonge au cœur des questions éthiques que pose la réanimation néonatale. Les progrès de la science permettent de réanimer et de prendre en charge de plus en plus tôt un bébé. Mais qu’en est-il de la « réanimation » des rêveries maternelles, nécessaires à la construction d’un espace psychique fiable pour le bébé à venir, alors suspendues par le traumatisme de cette naissance prématurée ? Quels effets peuvent être repérés au niveau des processus psychiques inconscients chez ces femmes devenues mères « trop tôt » ? Quels peuvent être les impacts de cette prise en charge médicale et de ces longs mois d’hospitalisation dans la construction du processus de « maternalité » ? La blessure narcissique, le sentiment d’incompétence et de culpabilité de ces femmes de n’avoir pu mener leur grossesse à terme entrent alors en résonance avec l’illusion de maîtrise et de toute puissance de la science. Après avoir analysé comment la communauté scientifique et médicale tente de border le « réel » de la prématurité, nous essaierons d’entendre l’impact que peut avoir le discours médical sur le vécu psychique de femmes enceintes hospitalisées pour menace d’accouchement prématuré rencontrées dans un service de grossesses dites « à risques ». Enfin, quelques éléments théoriques seront amenés pour penser cette clinique.