{"title":"人群流动的心理问题及其后果","authors":"Julie Geneste-Saelens","doi":"10.1016/j.pxur.2023.10.017","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Les mouvements de foule, décrits depuis l’antiquité, ont bénéficié d’une attention particulière du point de vue de leurs mécanismes psychologiques à partir du <span>xix</span><sup>e</sup> siècle avec Gustave Lebon et Gabriel Tarde. La foule est alors décrite, non comme une addition d’individualités, mais comme une entité unique, autonome, répondant aux instincts et aux passions les plus ordinaires. La psychanalyse amènera avec Sigmund Freud le concept de « foule psychologique ». Dans la masse, Moi individuel et Moi communautaire dialoguent et entraînent l’individu dans des mécanismes de défense souvent régressifs voire primaires. Primauté des émotions et effacement de la morale règnent. Angoisses archaïques à la source de mouvement de panique, impulsivité, toute puissance, invulnérabilité, impunité, sont autant de sentiments qui révèlent la dangereuse puissance du collectif. Des différences entre une foule spontanée et une foule intentionnelle s’observent. Mais que reste-t-il de la spécificité individuelle dans de tels phénomènes de masse ? Que reste-t-il du lien à l’autre et de l’altérité ? Puis, il y a la vie après le drame. Ochlophobie, trouble de stress post-traumatique et remaniements de la personnalité viennent s’installer avec leurs lots symptomatiques et leur réduction du monde autour de l’évènement dramatique. Mais de quel traumatisme parle-t-on ? De la menace vitale ou de la perte de l’altérité ? Peut-on guérir de ce traumatisme ? Donner du sens à cette perte de sens où l’homme devient, l’espace d’un temps, sauvage.</p></div><div><p>If already described since antiquity, crowd movements have received particular attention from a psychological mechanisms analysis perspective since the late 19th century thanks to sociologists Gustave Lebon and Gabriel Tarde. The crowd is then described, not as the sum of individualities, but as a single autonomous entity that responds to the most ordinary instincts and passions. With Sigmund Freud, psychoanalysis brought in the concept of “psychological crowds”. In the mob, the individual ego and the community ego interact, leading the individual to develop often regressive or even primal defense mechanisms. Emotions take precedence and erase morality. Archaic anxieties leading to panic, impulsivity, omnipotence, invulnerability, impunity, are all feelings that reveal the dangerous power of the collective even if differences between spontaneous and intentional crowds are noticeable. However, what remains of individual specificity in such mass phenomena? Of the link to other and alterity? Then there is life after the tragedy. Ochlophobia, post-traumatic stress disorder and personality reorganization take hold, along with their own set of symptoms and their reduction of the world around the dramatic event. But to which kind of trauma are we referring? The vital threat or the loss of alterity? Is recovery possible? How to make sense of this loss of meaning where men become, for one moment, wild?</p></div>","PeriodicalId":100904,"journal":{"name":"Médecine de Catastrophe - Urgences Collectives","volume":"7 4","pages":"Pages 263-266"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Aspects psychologiques des mouvements de foule et leurs conséquences\",\"authors\":\"Julie Geneste-Saelens\",\"doi\":\"10.1016/j.pxur.2023.10.017\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><p>Les mouvements de foule, décrits depuis l’antiquité, ont bénéficié d’une attention particulière du point de vue de leurs mécanismes psychologiques à partir du <span>xix</span><sup>e</sup> siècle avec Gustave Lebon et Gabriel Tarde. 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Aspects psychologiques des mouvements de foule et leurs conséquences
Les mouvements de foule, décrits depuis l’antiquité, ont bénéficié d’une attention particulière du point de vue de leurs mécanismes psychologiques à partir du xixe siècle avec Gustave Lebon et Gabriel Tarde. La foule est alors décrite, non comme une addition d’individualités, mais comme une entité unique, autonome, répondant aux instincts et aux passions les plus ordinaires. La psychanalyse amènera avec Sigmund Freud le concept de « foule psychologique ». Dans la masse, Moi individuel et Moi communautaire dialoguent et entraînent l’individu dans des mécanismes de défense souvent régressifs voire primaires. Primauté des émotions et effacement de la morale règnent. Angoisses archaïques à la source de mouvement de panique, impulsivité, toute puissance, invulnérabilité, impunité, sont autant de sentiments qui révèlent la dangereuse puissance du collectif. Des différences entre une foule spontanée et une foule intentionnelle s’observent. Mais que reste-t-il de la spécificité individuelle dans de tels phénomènes de masse ? Que reste-t-il du lien à l’autre et de l’altérité ? Puis, il y a la vie après le drame. Ochlophobie, trouble de stress post-traumatique et remaniements de la personnalité viennent s’installer avec leurs lots symptomatiques et leur réduction du monde autour de l’évènement dramatique. Mais de quel traumatisme parle-t-on ? De la menace vitale ou de la perte de l’altérité ? Peut-on guérir de ce traumatisme ? Donner du sens à cette perte de sens où l’homme devient, l’espace d’un temps, sauvage.
If already described since antiquity, crowd movements have received particular attention from a psychological mechanisms analysis perspective since the late 19th century thanks to sociologists Gustave Lebon and Gabriel Tarde. The crowd is then described, not as the sum of individualities, but as a single autonomous entity that responds to the most ordinary instincts and passions. With Sigmund Freud, psychoanalysis brought in the concept of “psychological crowds”. In the mob, the individual ego and the community ego interact, leading the individual to develop often regressive or even primal defense mechanisms. Emotions take precedence and erase morality. Archaic anxieties leading to panic, impulsivity, omnipotence, invulnerability, impunity, are all feelings that reveal the dangerous power of the collective even if differences between spontaneous and intentional crowds are noticeable. However, what remains of individual specificity in such mass phenomena? Of the link to other and alterity? Then there is life after the tragedy. Ochlophobia, post-traumatic stress disorder and personality reorganization take hold, along with their own set of symptoms and their reduction of the world around the dramatic event. But to which kind of trauma are we referring? The vital threat or the loss of alterity? Is recovery possible? How to make sense of this loss of meaning where men become, for one moment, wild?