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摘要
从胡安-费尔南多-埃兰(Juan Fernando Herrán)的摄影作品《圣坎波》(Campo Santo)到丹尼尔-门德尔松(Daniel Mendelsohn)的著作《失踪者》(The Disappappeared),失踪问题引发了深刻的思考。对于失踪者的母亲来说,哀悼是不可能的:你无法哀悼一个已经失踪的人。对象已经消失;对象尚未失去;忧郁尚未出现;重新出现总是可能的;哀悼工作没有目的。这里所说的 "消失 "缺乏现实对被毁之物的无情判决,而弗洛伊德认为这种判决是完成哀悼的必要条件。失踪者的亲属被遗忘的可能性所困扰。对人类灾难的个人记忆很少与集体记忆相吻合。对于集体和个人来说,既有生的记忆和遗忘,也有死的记忆和遗忘。
De l’œuvre photographique Campo Santo de Juan Fernando Herrán, au livre Les Disparus de Daniel Mendelsohn, la question de la disparition suscite une réflexion profonde. Pour les mères des disparus, le deuil est impossible : on ne peut pas faire le deuil d’un disparu. L’objet est disparu ; l’objet n’a pas été encore perdu ; la mélancolie n’est pas encore là ; la réapparition reste toujours possible ; le travail du deuil n’a pas d’objet. Dans la disparition dont il est ici question, il manque le verdict implacable que la réalité apporte sur un objet anéanti, verdict que Freud considère essentiel pour la réalisation du deuil. Les parents des disparus sont hantés par la possibilité de l’oubli. La mémoire individuelle des catastrophes humaines ne coïncide que rarement avec la mémoire collective. Tant pour le collectif que pour l’individuel, il existe une mémoire et un oubli qui se situent du côté de la vie, ainsi qu’une mémoire et un oubli qui résident du côté de la mort.