如何解释科维德危机以来的受薪就业趋势?

Éric Heyer
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Mais au lieu de baisser de plus de 270 000 postes, l’emploi salarié marchand non agricole a au contraire progressé de près de 800 000 (+4,6 %) au cours des trois dernières années selon les chiffres de la comptabilité nationale. Dans cet article, trois pistes ont été avancées et testées pour expliquer cet écart de plus de 1 million d’emplois salariés marchands au cours de la période 2019-2022 : ■ La première réside dans une durée du travail moyenne par salarié qui n’avait toujours pas retrouvé son niveau qui prévalait avant la crise, réduisant la productivité apparente des salariés ; ■ Le fort recours à l’apprentissage observé depuis 2019 est une deuxième piste envisageable (Coquet, 2023) ; ■ La troisième serait due aux nombreuses aides distribuées aux entreprises depuis la crise de la Covid-19 qui, en modifiant les incitations des entreprises à licencier et embaucher, a pu les inciter à faire de la rétention de main d’œuvre. Ces aides ont non seulement pu enrichir la croissance en emplois des entreprises qui se portent bien mais aussi maintenir artificiellement certaines d’entre elles en activité alors même qu’elles auraient dû faire faillite, comme l’illustre le très faible nombre de défaillances d’entreprises au cours des trois dernières années. Il ressort de nos estimations d’équations de demande de travail réalisées sur données macro-sectorielles que ces trois pistes expliqueraient près de 70 % de l’écart de créations d’emplois décrit précédemment. Dans le détail, la moindre durée du travail des salariés en expliquerait 18 % (soit près de 200 000 emplois), 24 % seraient à mettre en lien avec la forte progression du nombre d’apprentis au cours de période d’analyse (soit plus de 250 000 emplois) et 26 %, soit près de 280 000 emplois, s’expliqueraient par les mesures « exceptionnelles » de soutien aux entreprises. Notons par ailleurs que si ces trois pistes expliquent la quasi-intégralité de l’effet dans le secteur des services marchands, elles n‘en expliquent que la moitié dans celui de la construction et à peine un tiers dans celui de l’industrie. Dans ce secteur, avant de conclure à une baisse tendancielle des gains de productivité et en attendant les comptes nationaux définitifs, une explication alternative pourrait être avancée : l’anticipation d’une reprise illustrée par des carnets de commandes fournis pourrait inciter les employeurs à conserver leurs effectifs afin d’éviter les coûts liés à la recherche de nouveaux candidats une fois les problèmes d’approvisionnement réglés. Ce comportement peut se trouver exacerbé dans un contexte où une grande majorité des entreprises déclare rencontrer des pénuries de main-d’œuvre.","PeriodicalId":517945,"journal":{"name":"Revue de l'OFCE","volume":"7 4","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-03-06","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Comment expliquer l’évolution de l’emploi salarié depuis la crise Covid ?\",\"authors\":\"Éric Heyer\",\"doi\":\"10.3917/reof.180.0179\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Depuis le déclenchement de la crise sanitaire, le dynamisme des créations d’emplois dans le secteur marchand non agricole en France ne cesse de nous surprendre trimestre après trimestre. Fin 2022, soit trois ans après le début de la crise Covid, l’activité dans ce même secteur, mesurée par sa valeur ajoutée, se situe 1,2 % au-dessus de son niveau pré-crise. 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Ces aides ont non seulement pu enrichir la croissance en emplois des entreprises qui se portent bien mais aussi maintenir artificiellement certaines d’entre elles en activité alors même qu’elles auraient dû faire faillite, comme l’illustre le très faible nombre de défaillances d’entreprises au cours des trois dernières années. Il ressort de nos estimations d’équations de demande de travail réalisées sur données macro-sectorielles que ces trois pistes expliqueraient près de 70 % de l’écart de créations d’emplois décrit précédemment. Dans le détail, la moindre durée du travail des salariés en expliquerait 18 % (soit près de 200 000 emplois), 24 % seraient à mettre en lien avec la forte progression du nombre d’apprentis au cours de période d’analyse (soit plus de 250 000 emplois) et 26 %, soit près de 280 000 emplois, s’expliqueraient par les mesures « exceptionnelles » de soutien aux entreprises. 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摘要

自卫生危机爆发以来,法国非农业市场部门创造就业的活力每季度都会给我们带来惊喜。到2022年底,即科维德危机爆发三年后,该行业的活动(以增加值计算)比危机前高出1.2%。根据 Ducoudré 和 Heyer(2017 年)估算的危机前劳动生产率年增长率为 0.9%,在其他条件不变的情况下,这种微弱的活动增长本应导致市场部门的受薪就业人数到 2022 年底下降 1.6%。但根据国民经济核算数据,过去三年市场部门的非农业受薪就业岗位非但没有减少 27 万多个,反而增加了近 80 万个(+4.6%)。本文提出并检验了三种途径,以解释 2019-2022 年期间 100 多万市场受薪就业岗位的缺口:第一个可能的原因是,每个雇员的平均工作时间仍未恢复到危机前的水平,从而降低了雇员的表面生产率; ■ 第二个可能的原因是,自 2019 年以来,学徒的高接受率(Coquet,2023 年); ■ 第三个可能的原因是,自 19 科维德危机以来,向企业发放了大量援助,通过改变企业裁员和雇佣的动机,鼓励企业留住劳动力。这种援助不仅促进了经营状况良好的公司的就业增长,而且还人为地使一些本应破产的公司得以继续经营,过去三年中倒闭公司的数量极少就说明了这一点。我们根据宏观部门数据对劳动力需求方程进行的估算显示,这三个因素几乎可以解释上述创造就业缺口的 70%。具体来说,雇员工作时间的缩短可解释 18%(即近 20 万个就业岗位),24% 与分析期内学徒人数的急剧增加有关(即超过 25 万个就业岗位),26%(即近 28 万个就业岗位)可由 "特殊 "企业扶持措施解释。还应该指出的是,虽然这三个因素几乎可以解释市场服务部门的全部效应,但它们只能解释建筑部门的一半效应,以及工业部门的三分之一效应。在得出该部门生产率提高呈下降趋势的结论之前,在等待最终国民经济核算的同时,可以提出另一种解释:订单爆满所表明的对经济好转的预期可能会鼓励雇主保留其劳动力,以避免在供应问题解决后寻找新的候选人所带来的成本。在大多数公司报告劳动力短缺的情况下,这种行为可能会加剧。
本文章由计算机程序翻译,如有差异,请以英文原文为准。
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Comment expliquer l’évolution de l’emploi salarié depuis la crise Covid ?
Depuis le déclenchement de la crise sanitaire, le dynamisme des créations d’emplois dans le secteur marchand non agricole en France ne cesse de nous surprendre trimestre après trimestre. Fin 2022, soit trois ans après le début de la crise Covid, l’activité dans ce même secteur, mesurée par sa valeur ajoutée, se situe 1,2 % au-dessus de son niveau pré-crise. Compte tenu du sentier de croissance de la productivité du travail observé avant la crise, évalué à 0,9 % l’an par Ducoudré et Heyer (2017), cette faible croissance de l’activité aurait dû conduire, toutes choses égales par ailleurs, à une baisse de 1,6 % de l’emploi salarié dans le secteur marchand fin 2022. Mais au lieu de baisser de plus de 270 000 postes, l’emploi salarié marchand non agricole a au contraire progressé de près de 800 000 (+4,6 %) au cours des trois dernières années selon les chiffres de la comptabilité nationale. Dans cet article, trois pistes ont été avancées et testées pour expliquer cet écart de plus de 1 million d’emplois salariés marchands au cours de la période 2019-2022 : ■ La première réside dans une durée du travail moyenne par salarié qui n’avait toujours pas retrouvé son niveau qui prévalait avant la crise, réduisant la productivité apparente des salariés ; ■ Le fort recours à l’apprentissage observé depuis 2019 est une deuxième piste envisageable (Coquet, 2023) ; ■ La troisième serait due aux nombreuses aides distribuées aux entreprises depuis la crise de la Covid-19 qui, en modifiant les incitations des entreprises à licencier et embaucher, a pu les inciter à faire de la rétention de main d’œuvre. Ces aides ont non seulement pu enrichir la croissance en emplois des entreprises qui se portent bien mais aussi maintenir artificiellement certaines d’entre elles en activité alors même qu’elles auraient dû faire faillite, comme l’illustre le très faible nombre de défaillances d’entreprises au cours des trois dernières années. Il ressort de nos estimations d’équations de demande de travail réalisées sur données macro-sectorielles que ces trois pistes expliqueraient près de 70 % de l’écart de créations d’emplois décrit précédemment. Dans le détail, la moindre durée du travail des salariés en expliquerait 18 % (soit près de 200 000 emplois), 24 % seraient à mettre en lien avec la forte progression du nombre d’apprentis au cours de période d’analyse (soit plus de 250 000 emplois) et 26 %, soit près de 280 000 emplois, s’expliqueraient par les mesures « exceptionnelles » de soutien aux entreprises. Notons par ailleurs que si ces trois pistes expliquent la quasi-intégralité de l’effet dans le secteur des services marchands, elles n‘en expliquent que la moitié dans celui de la construction et à peine un tiers dans celui de l’industrie. Dans ce secteur, avant de conclure à une baisse tendancielle des gains de productivité et en attendant les comptes nationaux définitifs, une explication alternative pourrait être avancée : l’anticipation d’une reprise illustrée par des carnets de commandes fournis pourrait inciter les employeurs à conserver leurs effectifs afin d’éviter les coûts liés à la recherche de nouveaux candidats une fois les problèmes d’approvisionnement réglés. Ce comportement peut se trouver exacerbé dans un contexte où une grande majorité des entreprises déclare rencontrer des pénuries de main-d’œuvre.
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