{"title":"什么是环境犯罪?作者:gregory Salle(评论)","authors":"Elie Klee","doi":"10.1017/cls.2022.11","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"L’ouvrage de Grégory Salle apporte une intéressante contribution à l’analyse sociologique de la délinquance environnementale. Il a pour ambition de tracer les contours de la notion de crime environnemental en procédant à un examen critique de son traitement par le droit, les médias, les pouvoirs publics nationaux et les institutions internationales. Deux temps peuvent être relevés dans l’analyse de l’auteur. Les quatre premiers chapitres s’axent d’abord sur un examen critique de l’état de l’art et de la pratique concernant la criminalité environnementale. Ils portent successivement sur le traitement réservé à cette criminalité par les médias, certaines institutions internationales, notamment le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), l’organisation internationale de police criminelle (Interpol) et le champ universitaire avec le courant dit de la criminologie verte. Ensuite, dans les trois derniers chapitres, l’auteur se penche sur un nombre important d’études de cas, telles que les trèsmédiatiques affaires du Probo Koala (du nom du navire affrété par la société Trafigura, à l’origine d’un grave déversement toxique en Côte d’Ivoire) et de Chevron-Texaco (concernant des décennies de contamination de l’Amazonie équatorienne), le procès deMonsanto et de son herbicide cancérigène, le Roundup, et la pollution de cours d’eau par les activités de Lactalis en France. L’auteur consacre aussi une étude approfondie à l’extraction massive du sable, par exemple en Inde, enAfrique du Sud ou auMaroc, qui conduit à sa pénurie : il montre que ces activités se situent dans une zone grise qui brouille la frontière entre la légalité et l’illégalité – des mafias qui pratiquent l’extraction illégale, mais très lucrative du sable étant liées à des entreprises de construction qui l’utilisent légalement – et qui rend les réponses juridiques et institutionnelles difficiles. L’ouvrage distingue deux prismes possibles à travers lesquels appréhender la notion de crime environnemental. D’une part, d’un point de vue « légaliste », un crime environnemental est la violation d’une norme juridique prohibant certaines atteintes à l’environnement. D’autre part, le crime peut être considéré au sens générique et être étendu à des faits légaux, mais nocifs. Est alors pris en compte le critère de gravité ou de finalité, qui l’emporte sur la caractérisation d’une infraction. L’auteur prend clairement parti en faveur de la seconde définition et critique l’approche légaliste qui domine actuellement le discours et les pratiques institutionnelles. Il regrette ainsi la rareté des mentions faites à la criminalité environnementale par les médias, le droit et les institutions internationales et, lorsqu’elle est évoquée, la tendance à l’aborder à travers le prisme légaliste qui en restreint la portée. Ce prisme légaliste conduit à ne présenter comme dommageables que les activités illégales commises par des entités illégitimes (mafias, groupes armés ou criminels), laissant entendre que les entités légitimes comme les entreprises multinationales ne commettent pas de crimes environnementaux, alors même qu’elles","PeriodicalId":45293,"journal":{"name":"Canadian Journal of Law and Society","volume":"37 1","pages":"343 - 344"},"PeriodicalIF":0.5000,"publicationDate":"2022-08-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Qu'est-ce que le crime environnemental ? by Grégory Salle (review)\",\"authors\":\"Elie Klee\",\"doi\":\"10.1017/cls.2022.11\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"L’ouvrage de Grégory Salle apporte une intéressante contribution à l’analyse sociologique de la délinquance environnementale. 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Ensuite, dans les trois derniers chapitres, l’auteur se penche sur un nombre important d’études de cas, telles que les trèsmédiatiques affaires du Probo Koala (du nom du navire affrété par la société Trafigura, à l’origine d’un grave déversement toxique en Côte d’Ivoire) et de Chevron-Texaco (concernant des décennies de contamination de l’Amazonie équatorienne), le procès deMonsanto et de son herbicide cancérigène, le Roundup, et la pollution de cours d’eau par les activités de Lactalis en France. L’auteur consacre aussi une étude approfondie à l’extraction massive du sable, par exemple en Inde, enAfrique du Sud ou auMaroc, qui conduit à sa pénurie : il montre que ces activités se situent dans une zone grise qui brouille la frontière entre la légalité et l’illégalité – des mafias qui pratiquent l’extraction illégale, mais très lucrative du sable étant liées à des entreprises de construction qui l’utilisent légalement – et qui rend les réponses juridiques et institutionnelles difficiles. L’ouvrage distingue deux prismes possibles à travers lesquels appréhender la notion de crime environnemental. D’une part, d’un point de vue « légaliste », un crime environnemental est la violation d’une norme juridique prohibant certaines atteintes à l’environnement. D’autre part, le crime peut être considéré au sens générique et être étendu à des faits légaux, mais nocifs. Est alors pris en compte le critère de gravité ou de finalité, qui l’emporte sur la caractérisation d’une infraction. 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Qu'est-ce que le crime environnemental ? by Grégory Salle (review)
L’ouvrage de Grégory Salle apporte une intéressante contribution à l’analyse sociologique de la délinquance environnementale. Il a pour ambition de tracer les contours de la notion de crime environnemental en procédant à un examen critique de son traitement par le droit, les médias, les pouvoirs publics nationaux et les institutions internationales. Deux temps peuvent être relevés dans l’analyse de l’auteur. Les quatre premiers chapitres s’axent d’abord sur un examen critique de l’état de l’art et de la pratique concernant la criminalité environnementale. Ils portent successivement sur le traitement réservé à cette criminalité par les médias, certaines institutions internationales, notamment le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), l’organisation internationale de police criminelle (Interpol) et le champ universitaire avec le courant dit de la criminologie verte. Ensuite, dans les trois derniers chapitres, l’auteur se penche sur un nombre important d’études de cas, telles que les trèsmédiatiques affaires du Probo Koala (du nom du navire affrété par la société Trafigura, à l’origine d’un grave déversement toxique en Côte d’Ivoire) et de Chevron-Texaco (concernant des décennies de contamination de l’Amazonie équatorienne), le procès deMonsanto et de son herbicide cancérigène, le Roundup, et la pollution de cours d’eau par les activités de Lactalis en France. L’auteur consacre aussi une étude approfondie à l’extraction massive du sable, par exemple en Inde, enAfrique du Sud ou auMaroc, qui conduit à sa pénurie : il montre que ces activités se situent dans une zone grise qui brouille la frontière entre la légalité et l’illégalité – des mafias qui pratiquent l’extraction illégale, mais très lucrative du sable étant liées à des entreprises de construction qui l’utilisent légalement – et qui rend les réponses juridiques et institutionnelles difficiles. L’ouvrage distingue deux prismes possibles à travers lesquels appréhender la notion de crime environnemental. D’une part, d’un point de vue « légaliste », un crime environnemental est la violation d’une norme juridique prohibant certaines atteintes à l’environnement. D’autre part, le crime peut être considéré au sens générique et être étendu à des faits légaux, mais nocifs. Est alors pris en compte le critère de gravité ou de finalité, qui l’emporte sur la caractérisation d’une infraction. L’auteur prend clairement parti en faveur de la seconde définition et critique l’approche légaliste qui domine actuellement le discours et les pratiques institutionnelles. Il regrette ainsi la rareté des mentions faites à la criminalité environnementale par les médias, le droit et les institutions internationales et, lorsqu’elle est évoquée, la tendance à l’aborder à travers le prisme légaliste qui en restreint la portée. Ce prisme légaliste conduit à ne présenter comme dommageables que les activités illégales commises par des entités illégitimes (mafias, groupes armés ou criminels), laissant entendre que les entités légitimes comme les entreprises multinationales ne commettent pas de crimes environnementaux, alors même qu’elles
期刊介绍:
The Canadian Journal of Law and Society is pleased to announce that it has a new home and editorial board. As of January 2008, the Journal is housed in the Law Department at Carleton University. Michel Coutu and Mariana Valverde are the Journal’s new co-editors (in French and English respectively) and Dawn Moore is now serving as the Journal’s Managing Editor. As always, the journal is committed to publishing high caliber, original academic work in the field of law and society scholarship. CJLS/RCDS has wide circulation and an international reputation for showcasing quality scholarship that speaks to both theoretical and empirical issues in sociolegal studies.