{"title":"受害者逆转的一个例子:仪式谋杀的指控及其衍生形式","authors":"Pierre-André Taguieff","doi":"10.4000/aad.3500","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"L’analyse du dispositif victimaire, propose ici, s’appuie sur l’accusation de meurtre rituel portee contre les Juifs. Cette accusation rend possible la mise en place d’une construction victimaire des haisseurs des Juifs, que ces derniers utilisent afin de justifier et de legitimer les mesures d’expulsion et d’extermination des Juifs depuis le douzieme siecle. Sont analyses ici les ressorts de l’inversion victimaire qui s’est produite deja a l’epoque de l’antijudaisme chretien et qui ne cesse d’etre rejouee dans les discours legitimant la violence contre les Juifs et aujourd’hui contre l’Etat hebreu. Ce phenomene obeit a un mecanisme rode depuis des siecles ; on l’observe aujourd’hui dans certains discours mediatiques et sur les reseaux sociaux. Il consiste dans la mise en scene de l’autovictimisation d’un groupe (les haisseurs des Juifs) a travers des recits criminalisant un autre groupe (les Juifs) qui est, lui, innocent des crimes qu’on lui impute. Selon ce scenario, les victimes imaginaires se substituent aux victimes reelles pour transformer ces dernieres en responsables des malheurs reels ou potentiels du genre humain, en leur attribuant des intentions criminelles. Une fois la figure du bourreau imaginaire creee et incrustee dans les representations collectives, il devient legitime de se venger de lui en l’eliminant.","PeriodicalId":52023,"journal":{"name":"Argumentation et Analyse du Discours","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.3000,"publicationDate":"2019-10-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Un exemple d’inversion victimaire : l’accusation de meurtre rituel et ses formes dérivées\",\"authors\":\"Pierre-André Taguieff\",\"doi\":\"10.4000/aad.3500\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"L’analyse du dispositif victimaire, propose ici, s’appuie sur l’accusation de meurtre rituel portee contre les Juifs. Cette accusation rend possible la mise en place d’une construction victimaire des haisseurs des Juifs, que ces derniers utilisent afin de justifier et de legitimer les mesures d’expulsion et d’extermination des Juifs depuis le douzieme siecle. Sont analyses ici les ressorts de l’inversion victimaire qui s’est produite deja a l’epoque de l’antijudaisme chretien et qui ne cesse d’etre rejouee dans les discours legitimant la violence contre les Juifs et aujourd’hui contre l’Etat hebreu. Ce phenomene obeit a un mecanisme rode depuis des siecles ; on l’observe aujourd’hui dans certains discours mediatiques et sur les reseaux sociaux. Il consiste dans la mise en scene de l’autovictimisation d’un groupe (les haisseurs des Juifs) a travers des recits criminalisant un autre groupe (les Juifs) qui est, lui, innocent des crimes qu’on lui impute. Selon ce scenario, les victimes imaginaires se substituent aux victimes reelles pour transformer ces dernieres en responsables des malheurs reels ou potentiels du genre humain, en leur attribuant des intentions criminelles. Une fois la figure du bourreau imaginaire creee et incrustee dans les representations collectives, il devient legitime de se venger de lui en l’eliminant.\",\"PeriodicalId\":52023,\"journal\":{\"name\":\"Argumentation et Analyse du Discours\",\"volume\":\" \",\"pages\":\"\"},\"PeriodicalIF\":0.3000,\"publicationDate\":\"2019-10-18\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Argumentation et Analyse du Discours\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.4000/aad.3500\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"0\",\"JCRName\":\"LANGUAGE & LINGUISTICS\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Argumentation et Analyse du Discours","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/aad.3500","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"LANGUAGE & LINGUISTICS","Score":null,"Total":0}
Un exemple d’inversion victimaire : l’accusation de meurtre rituel et ses formes dérivées
L’analyse du dispositif victimaire, propose ici, s’appuie sur l’accusation de meurtre rituel portee contre les Juifs. Cette accusation rend possible la mise en place d’une construction victimaire des haisseurs des Juifs, que ces derniers utilisent afin de justifier et de legitimer les mesures d’expulsion et d’extermination des Juifs depuis le douzieme siecle. Sont analyses ici les ressorts de l’inversion victimaire qui s’est produite deja a l’epoque de l’antijudaisme chretien et qui ne cesse d’etre rejouee dans les discours legitimant la violence contre les Juifs et aujourd’hui contre l’Etat hebreu. Ce phenomene obeit a un mecanisme rode depuis des siecles ; on l’observe aujourd’hui dans certains discours mediatiques et sur les reseaux sociaux. Il consiste dans la mise en scene de l’autovictimisation d’un groupe (les haisseurs des Juifs) a travers des recits criminalisant un autre groupe (les Juifs) qui est, lui, innocent des crimes qu’on lui impute. Selon ce scenario, les victimes imaginaires se substituent aux victimes reelles pour transformer ces dernieres en responsables des malheurs reels ou potentiels du genre humain, en leur attribuant des intentions criminelles. Une fois la figure du bourreau imaginaire creee et incrustee dans les representations collectives, il devient legitime de se venger de lui en l’eliminant.