S. Benhaddou , L. Ribeiro-Parenti , N. Khodorova , A. Willemetz , M. Chapelais , M. Le Gall , C. Gaudichon
{"title":"胃旁路对大鼠肠道和外周组织中膳食蛋白质消化率及其固存的影响","authors":"S. Benhaddou , L. Ribeiro-Parenti , N. Khodorova , A. Willemetz , M. Chapelais , M. Le Gall , C. Gaudichon","doi":"10.1016/j.nupar.2023.03.007","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction et but de l’étude</h3><p>Le « Roux-en-Y Gastric Bypass » (RYGB) consiste à réduire le volume de l’estomac et à modifier le circuit alimentaire dans le tube digestif. Il permet de traiter efficacement l’obésité et ses comorbidités mais peut causer des carences nutritionnelles. Le RYGB est susceptible d’induire une malabsorption protéique, bien que plusieurs études n’indiquent pas de défaut d’absorption en réponse à cette chirurgie. Nous avons précédemment suggéré que les protéines alimentaires seraient davantage séquestrées dans le tissu intestinal au détriment des autres organes, ce qui participerait à la dénutrition protéique parfois observée chez ces patients. La présente étude a pour objectif de vérifier cette hypothèse en quantifiant la rétention de l’azote alimentaire dans les tissus intestinaux et périphériques après RYGB, à différents temps postopératoires chez le rat.</p></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><p>Des rats Wistar obèses ont été opérés d’un RYGB. Le groupe contrôle était composé de rats faussement opérés (Sham) dont la prise alimentaire était ajustée par <em>pair-feeding</em> aux rats RYGB. Un mois (RYGB : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->9, Sham : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8) ou trois mois (RYGB : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->7, Sham : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8) après chirurgie, les rats ont reçu un repas test contenant des protéines marquées au 15N. La digestibilité des protéines alimentaires et la séquestration de l’azote alimentaire dans les organes ont été évaluées en mesurant le 15N retrouvé dans les contenus du tractus gastrointestinal et dans les tissus 6<!--> <!-->h après le repas test. Les résultats sont présentés sous forme de moyenne<!--> <!-->±<!--> <!-->écart-type à la moyenne et analysés par une Anova à deux facteurs, le groupe et le temps.</p></div><div><h3>Résultats et analyses statistiques</h3><p>La digestibilité des protéines était identique entre les rats Sham et RYGB aux deux temps postopératoires étudiés, de l’ordre de 94 %. L’intestin grêle était hypertrophié chez les rats RYGB à 1 mois (+1,3<!--> <!-->g, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,02), un effet qui disparaissait à 3 mois. La séquestration de l’azote alimentaire dans les tissus intestinaux différait selon le segment. Dans la muqueuse iléale, la quantité d’azote alimentaire captée était plus importante chez les rats RYGB que chez les rats Sham à 1 mois (respectivement 0,48<!--> <!-->±<!--> <!-->0,18 % vs 0,3<!--> <!-->±<!--> <!-->0,09 % de l’azote ingéré, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,03), un effet qui perdurait à 3 mois. Dans les parois de l’estomac, de l’intestin proximal (duodénum<!--> <!-->+<!--> <!-->jéjunum), du cæcum et du côlon, la quantité d’azote alimentaire retenue était identique dans les deux groupes de rats aux deux temps postopératoires. Dans le foie, le muscle et la peau des rats RYGB, la quantité d’azote alimentaire captée était significativement inférieure à celle des rats Sham, un effet qui s’atténuait 3 mois après le RYGB dans le muscle et la peau. En revanche, il n’y avait pas de différence de rétention de l’azote alimentaire entre les groupes dans les reins, la rate et les protéines plasmatiques, quel que soit le temps postopératoire. Enfin, la quantité d’azote alimentaire retrouvée dans les urines tendait à être plus importante chez les rats RYGB que chez les rats Sham (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,06), de 1,4 % après 1 mois et 2,2 % après 3 mois.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Nous confirmons que le bypass gastrique ne diminue pas la digestibilité des protéines. Malgré une hypertrophie de la muqueuse intestinale observée 1 mois après RYGB, notre hypothèse de sur-captation des protéines alimentaires par l’intestin n’est confirmée que dans l’iléon. Par ailleurs, nous observons bien une diminution de la captation des protéines alimentaires après bypass gastrique dans les organes périphériques étudiés, des effets qui s’atténuent avec le temps. Cette diminution transitoire de la rétention périphérique pourrait s’expliquer par des pertes métaboliques augmentées après RYGB, ce qui concorde avec l’augmentation de la quantité d’azote alimentaire excrétée dans les urines chez les rats RYGB.</p></div>","PeriodicalId":54702,"journal":{"name":"Nutrition Clinique et Metabolisme","volume":"37 2","pages":"Page e6"},"PeriodicalIF":0.5000,"publicationDate":"2023-05-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Effet du bypass gastrique sur la digestibilité des protéines alimentaires et leur séquestration dans les tissus intestinaux et périphériques chez le rat\",\"authors\":\"S. Benhaddou , L. Ribeiro-Parenti , N. Khodorova , A. Willemetz , M. Chapelais , M. Le Gall , C. 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La présente étude a pour objectif de vérifier cette hypothèse en quantifiant la rétention de l’azote alimentaire dans les tissus intestinaux et périphériques après RYGB, à différents temps postopératoires chez le rat.</p></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><p>Des rats Wistar obèses ont été opérés d’un RYGB. Le groupe contrôle était composé de rats faussement opérés (Sham) dont la prise alimentaire était ajustée par <em>pair-feeding</em> aux rats RYGB. Un mois (RYGB : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->9, Sham : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8) ou trois mois (RYGB : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->7, Sham : <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8) après chirurgie, les rats ont reçu un repas test contenant des protéines marquées au 15N. La digestibilité des protéines alimentaires et la séquestration de l’azote alimentaire dans les organes ont été évaluées en mesurant le 15N retrouvé dans les contenus du tractus gastrointestinal et dans les tissus 6<!--> <!-->h après le repas test. Les résultats sont présentés sous forme de moyenne<!--> <!-->±<!--> <!-->écart-type à la moyenne et analysés par une Anova à deux facteurs, le groupe et le temps.</p></div><div><h3>Résultats et analyses statistiques</h3><p>La digestibilité des protéines était identique entre les rats Sham et RYGB aux deux temps postopératoires étudiés, de l’ordre de 94 %. L’intestin grêle était hypertrophié chez les rats RYGB à 1 mois (+1,3<!--> <!-->g, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,02), un effet qui disparaissait à 3 mois. La séquestration de l’azote alimentaire dans les tissus intestinaux différait selon le segment. Dans la muqueuse iléale, la quantité d’azote alimentaire captée était plus importante chez les rats RYGB que chez les rats Sham à 1 mois (respectivement 0,48<!--> <!-->±<!--> <!-->0,18 % vs 0,3<!--> <!-->±<!--> <!-->0,09 % de l’azote ingéré, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,03), un effet qui perdurait à 3 mois. Dans les parois de l’estomac, de l’intestin proximal (duodénum<!--> <!-->+<!--> <!-->jéjunum), du cæcum et du côlon, la quantité d’azote alimentaire retenue était identique dans les deux groupes de rats aux deux temps postopératoires. Dans le foie, le muscle et la peau des rats RYGB, la quantité d’azote alimentaire captée était significativement inférieure à celle des rats Sham, un effet qui s’atténuait 3 mois après le RYGB dans le muscle et la peau. En revanche, il n’y avait pas de différence de rétention de l’azote alimentaire entre les groupes dans les reins, la rate et les protéines plasmatiques, quel que soit le temps postopératoire. Enfin, la quantité d’azote alimentaire retrouvée dans les urines tendait à être plus importante chez les rats RYGB que chez les rats Sham (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,06), de 1,4 % après 1 mois et 2,2 % après 3 mois.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Nous confirmons que le bypass gastrique ne diminue pas la digestibilité des protéines. Malgré une hypertrophie de la muqueuse intestinale observée 1 mois après RYGB, notre hypothèse de sur-captation des protéines alimentaires par l’intestin n’est confirmée que dans l’iléon. Par ailleurs, nous observons bien une diminution de la captation des protéines alimentaires après bypass gastrique dans les organes périphériques étudiés, des effets qui s’atténuent avec le temps. 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Effet du bypass gastrique sur la digestibilité des protéines alimentaires et leur séquestration dans les tissus intestinaux et périphériques chez le rat
Introduction et but de l’étude
Le « Roux-en-Y Gastric Bypass » (RYGB) consiste à réduire le volume de l’estomac et à modifier le circuit alimentaire dans le tube digestif. Il permet de traiter efficacement l’obésité et ses comorbidités mais peut causer des carences nutritionnelles. Le RYGB est susceptible d’induire une malabsorption protéique, bien que plusieurs études n’indiquent pas de défaut d’absorption en réponse à cette chirurgie. Nous avons précédemment suggéré que les protéines alimentaires seraient davantage séquestrées dans le tissu intestinal au détriment des autres organes, ce qui participerait à la dénutrition protéique parfois observée chez ces patients. La présente étude a pour objectif de vérifier cette hypothèse en quantifiant la rétention de l’azote alimentaire dans les tissus intestinaux et périphériques après RYGB, à différents temps postopératoires chez le rat.
Matériel et méthodes
Des rats Wistar obèses ont été opérés d’un RYGB. Le groupe contrôle était composé de rats faussement opérés (Sham) dont la prise alimentaire était ajustée par pair-feeding aux rats RYGB. Un mois (RYGB : n = 9, Sham : n = 8) ou trois mois (RYGB : n = 7, Sham : n = 8) après chirurgie, les rats ont reçu un repas test contenant des protéines marquées au 15N. La digestibilité des protéines alimentaires et la séquestration de l’azote alimentaire dans les organes ont été évaluées en mesurant le 15N retrouvé dans les contenus du tractus gastrointestinal et dans les tissus 6 h après le repas test. Les résultats sont présentés sous forme de moyenne ± écart-type à la moyenne et analysés par une Anova à deux facteurs, le groupe et le temps.
Résultats et analyses statistiques
La digestibilité des protéines était identique entre les rats Sham et RYGB aux deux temps postopératoires étudiés, de l’ordre de 94 %. L’intestin grêle était hypertrophié chez les rats RYGB à 1 mois (+1,3 g, p = 0,02), un effet qui disparaissait à 3 mois. La séquestration de l’azote alimentaire dans les tissus intestinaux différait selon le segment. Dans la muqueuse iléale, la quantité d’azote alimentaire captée était plus importante chez les rats RYGB que chez les rats Sham à 1 mois (respectivement 0,48 ± 0,18 % vs 0,3 ± 0,09 % de l’azote ingéré, p = 0,03), un effet qui perdurait à 3 mois. Dans les parois de l’estomac, de l’intestin proximal (duodénum + jéjunum), du cæcum et du côlon, la quantité d’azote alimentaire retenue était identique dans les deux groupes de rats aux deux temps postopératoires. Dans le foie, le muscle et la peau des rats RYGB, la quantité d’azote alimentaire captée était significativement inférieure à celle des rats Sham, un effet qui s’atténuait 3 mois après le RYGB dans le muscle et la peau. En revanche, il n’y avait pas de différence de rétention de l’azote alimentaire entre les groupes dans les reins, la rate et les protéines plasmatiques, quel que soit le temps postopératoire. Enfin, la quantité d’azote alimentaire retrouvée dans les urines tendait à être plus importante chez les rats RYGB que chez les rats Sham (p = 0,06), de 1,4 % après 1 mois et 2,2 % après 3 mois.
Conclusion
Nous confirmons que le bypass gastrique ne diminue pas la digestibilité des protéines. Malgré une hypertrophie de la muqueuse intestinale observée 1 mois après RYGB, notre hypothèse de sur-captation des protéines alimentaires par l’intestin n’est confirmée que dans l’iléon. Par ailleurs, nous observons bien une diminution de la captation des protéines alimentaires après bypass gastrique dans les organes périphériques étudiés, des effets qui s’atténuent avec le temps. Cette diminution transitoire de la rétention périphérique pourrait s’expliquer par des pertes métaboliques augmentées après RYGB, ce qui concorde avec l’augmentation de la quantité d’azote alimentaire excrétée dans les urines chez les rats RYGB.
期刊介绍:
Nutrition Clinique et Métabolisme is the journal of the French-speaking Society of Enteral and Parenteral Nutrition. Associating clinicians, biologists, pharmacists, and fundamentalists, the articles presented in the journal concern man and animals, and deal with organs and cells. The goal is a better understanding of the effects of artificial nutrition and human metabolism. Original articles, general reviews, update articles, technical notes and communications are published, as well as editorials and case reports.