{"title":"辐射防护风险评估:超越线性无阈值模型响应/辐射防护风险评估:超越线性无阈值模型响应","authors":"Michel Bourguignon","doi":"10.1051/radiopro/2022025","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Dans ce numéro de Radioprotection, Jean-Marc Cosset utilise le modèle linéaire sans seuil (LNT) pour s’interroger sur l’évaluation des risques liés à la radiothérapie (Cosset, 2022). L’évaluation du risque engendré par une exposition aux rayonnements ionisants (RI) reste un enjeu puisque l’ensemble de la population est continuellement exposé : les principales expositions sont les expositions médicales, la radioactivité naturelle, les rayonnements cosmiques à bord des avions long courrier et, exceptionnellement, les expositions après un accident nucléaire. Jusqu’à présent, pour évaluer le risque d’apparition d’effets stochastiques, principalement le cancer, la plupart des organisations internationales ont privilégié le modèle de risque linéaire sans seuil (LNT) recommandé par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Ce modèle est basé sur l’utilisation de la dose efficace, grandeur dosimétrique ajustée au risque et calculée à partir de données épidémiologiques du suivi à long terme des survivants des bombes atomiques d’Hiroshima-Nagasaki exposés à une très forte dose à fort débit de dose (ICRP, 2007). Les études ultérieures avec les travailleurs du nucléaire et les patients avec des profils d’exposition très différents (débits de dose variés et répétitions de doses) n’ont pas remis en cause le modèle, même si elles font apparaître des non-linéarités aux faibles doses (ICRP, 2021). Cependant, le risque attribuable sur la durée de vie, prenant aussi en compte les données des personnes non exposées, est plus précis que la dose efficace pour évaluer le risque d’une exposition aux rayonnements ionisants (RI), en particulier chez les femmes (ICRP, 2007 ; Jamshidi et al., 2022). Le modèle LNT implique qu’il n’existe pas de seuil d’induction du risque de cancer après irradiation, autrement dit, même de très faibles doses de RI présentent un risque. Récemment, la CIPR a défini les faibles doses comme< 100mGy de rayonnement à faible transfert linéique d’énergie pour les organes et les tissus, et les faibles débits de dose comme < 5mGy/h (ICRP, 2021). De facto, les expositions médicales semblent être exclues puisqu’elles sont délivrées à des débits de dose beaucoup plus élevés. Ainsi, l’évaluation du risque est un sujet qui doit être étudié davantage et ce sera le cas par la CIPR dans la révision du Système de protection radiologique lancée par une publication récente (Clement et al., 2021, 2022). Par ailleurs, les études épidémiologiques sur lesquelles s’appuie l’évaluation du risque présentent deux biais majeurs : (i) l’absence de prise en compte des expositions médicales additionnelles, et (ii) les associations statistiques entre le risque de développer un cancer et une exposition aux RI qui ne signifient pas qu’il existe un lien de causalité. De plus, chaque individu est exposé au cours de sa vie à une grande variété d’agents génotoxiques (exposome) dont les effets se combinent. Ainsi, retenir l’irradiation à faible dose de RI comme seule cause d’induction de cancer n’est pas raisonnable lorsque la dose totale de RI cumulée reste faible. Parmi les nombreux problèmes soulevés par Jean-Marc Cosset, deux points méritent de s’y attarder : – si le modèle LNT était vérifié, « presque tous les patients en radiothérapie... devraient développer un cancer radio-induit » (Cosset, 2022) ; ce n’est clairement pas le cas sur la base des observations cliniques ; – la notion de dose efficace, exprimée en mSv, implique la prise en compte de doses au corps entier ou d’une moyenne pondérée des doses sur tout le corps alors que les doses de radiothérapie (mais aussi les doses de diagnostic médical) sont délivrées à une petite partie du corps ciblant la tumeur ou l’organe investigué.","PeriodicalId":21009,"journal":{"name":"Radioprotection","volume":"50 1","pages":""},"PeriodicalIF":1.4000,"publicationDate":"2022-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Évaluation des risques en radioprotection : aller au-delà de la réponse du modèle linéaire sans seuil / Risk evaluation in radiological protection: going beyond the linear no-threshold model response\",\"authors\":\"Michel Bourguignon\",\"doi\":\"10.1051/radiopro/2022025\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Dans ce numéro de Radioprotection, Jean-Marc Cosset utilise le modèle linéaire sans seuil (LNT) pour s’interroger sur l’évaluation des risques liés à la radiothérapie (Cosset, 2022). L’évaluation du risque engendré par une exposition aux rayonnements ionisants (RI) reste un enjeu puisque l’ensemble de la population est continuellement exposé : les principales expositions sont les expositions médicales, la radioactivité naturelle, les rayonnements cosmiques à bord des avions long courrier et, exceptionnellement, les expositions après un accident nucléaire. Jusqu’à présent, pour évaluer le risque d’apparition d’effets stochastiques, principalement le cancer, la plupart des organisations internationales ont privilégié le modèle de risque linéaire sans seuil (LNT) recommandé par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Ce modèle est basé sur l’utilisation de la dose efficace, grandeur dosimétrique ajustée au risque et calculée à partir de données épidémiologiques du suivi à long terme des survivants des bombes atomiques d’Hiroshima-Nagasaki exposés à une très forte dose à fort débit de dose (ICRP, 2007). Les études ultérieures avec les travailleurs du nucléaire et les patients avec des profils d’exposition très différents (débits de dose variés et répétitions de doses) n’ont pas remis en cause le modèle, même si elles font apparaître des non-linéarités aux faibles doses (ICRP, 2021). Cependant, le risque attribuable sur la durée de vie, prenant aussi en compte les données des personnes non exposées, est plus précis que la dose efficace pour évaluer le risque d’une exposition aux rayonnements ionisants (RI), en particulier chez les femmes (ICRP, 2007 ; Jamshidi et al., 2022). Le modèle LNT implique qu’il n’existe pas de seuil d’induction du risque de cancer après irradiation, autrement dit, même de très faibles doses de RI présentent un risque. Récemment, la CIPR a défini les faibles doses comme< 100mGy de rayonnement à faible transfert linéique d’énergie pour les organes et les tissus, et les faibles débits de dose comme < 5mGy/h (ICRP, 2021). De facto, les expositions médicales semblent être exclues puisqu’elles sont délivrées à des débits de dose beaucoup plus élevés. Ainsi, l’évaluation du risque est un sujet qui doit être étudié davantage et ce sera le cas par la CIPR dans la révision du Système de protection radiologique lancée par une publication récente (Clement et al., 2021, 2022). Par ailleurs, les études épidémiologiques sur lesquelles s’appuie l’évaluation du risque présentent deux biais majeurs : (i) l’absence de prise en compte des expositions médicales additionnelles, et (ii) les associations statistiques entre le risque de développer un cancer et une exposition aux RI qui ne signifient pas qu’il existe un lien de causalité. De plus, chaque individu est exposé au cours de sa vie à une grande variété d’agents génotoxiques (exposome) dont les effets se combinent. Ainsi, retenir l’irradiation à faible dose de RI comme seule cause d’induction de cancer n’est pas raisonnable lorsque la dose totale de RI cumulée reste faible. Parmi les nombreux problèmes soulevés par Jean-Marc Cosset, deux points méritent de s’y attarder : – si le modèle LNT était vérifié, « presque tous les patients en radiothérapie... devraient développer un cancer radio-induit » (Cosset, 2022) ; ce n’est clairement pas le cas sur la base des observations cliniques ; – la notion de dose efficace, exprimée en mSv, implique la prise en compte de doses au corps entier ou d’une moyenne pondérée des doses sur tout le corps alors que les doses de radiothérapie (mais aussi les doses de diagnostic médical) sont délivrées à une petite partie du corps ciblant la tumeur ou l’organe investigué.\",\"PeriodicalId\":21009,\"journal\":{\"name\":\"Radioprotection\",\"volume\":\"50 1\",\"pages\":\"\"},\"PeriodicalIF\":1.4000,\"publicationDate\":\"2022-01-01\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Radioprotection\",\"FirstCategoryId\":\"3\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.1051/radiopro/2022025\",\"RegionNum\":4,\"RegionCategory\":\"医学\",\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"Q4\",\"JCRName\":\"ENVIRONMENTAL SCIENCES\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Radioprotection","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1051/radiopro/2022025","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"ENVIRONMENTAL SCIENCES","Score":null,"Total":0}
Évaluation des risques en radioprotection : aller au-delà de la réponse du modèle linéaire sans seuil / Risk evaluation in radiological protection: going beyond the linear no-threshold model response
Dans ce numéro de Radioprotection, Jean-Marc Cosset utilise le modèle linéaire sans seuil (LNT) pour s’interroger sur l’évaluation des risques liés à la radiothérapie (Cosset, 2022). L’évaluation du risque engendré par une exposition aux rayonnements ionisants (RI) reste un enjeu puisque l’ensemble de la population est continuellement exposé : les principales expositions sont les expositions médicales, la radioactivité naturelle, les rayonnements cosmiques à bord des avions long courrier et, exceptionnellement, les expositions après un accident nucléaire. Jusqu’à présent, pour évaluer le risque d’apparition d’effets stochastiques, principalement le cancer, la plupart des organisations internationales ont privilégié le modèle de risque linéaire sans seuil (LNT) recommandé par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Ce modèle est basé sur l’utilisation de la dose efficace, grandeur dosimétrique ajustée au risque et calculée à partir de données épidémiologiques du suivi à long terme des survivants des bombes atomiques d’Hiroshima-Nagasaki exposés à une très forte dose à fort débit de dose (ICRP, 2007). Les études ultérieures avec les travailleurs du nucléaire et les patients avec des profils d’exposition très différents (débits de dose variés et répétitions de doses) n’ont pas remis en cause le modèle, même si elles font apparaître des non-linéarités aux faibles doses (ICRP, 2021). Cependant, le risque attribuable sur la durée de vie, prenant aussi en compte les données des personnes non exposées, est plus précis que la dose efficace pour évaluer le risque d’une exposition aux rayonnements ionisants (RI), en particulier chez les femmes (ICRP, 2007 ; Jamshidi et al., 2022). Le modèle LNT implique qu’il n’existe pas de seuil d’induction du risque de cancer après irradiation, autrement dit, même de très faibles doses de RI présentent un risque. Récemment, la CIPR a défini les faibles doses comme< 100mGy de rayonnement à faible transfert linéique d’énergie pour les organes et les tissus, et les faibles débits de dose comme < 5mGy/h (ICRP, 2021). De facto, les expositions médicales semblent être exclues puisqu’elles sont délivrées à des débits de dose beaucoup plus élevés. Ainsi, l’évaluation du risque est un sujet qui doit être étudié davantage et ce sera le cas par la CIPR dans la révision du Système de protection radiologique lancée par une publication récente (Clement et al., 2021, 2022). Par ailleurs, les études épidémiologiques sur lesquelles s’appuie l’évaluation du risque présentent deux biais majeurs : (i) l’absence de prise en compte des expositions médicales additionnelles, et (ii) les associations statistiques entre le risque de développer un cancer et une exposition aux RI qui ne signifient pas qu’il existe un lien de causalité. De plus, chaque individu est exposé au cours de sa vie à une grande variété d’agents génotoxiques (exposome) dont les effets se combinent. Ainsi, retenir l’irradiation à faible dose de RI comme seule cause d’induction de cancer n’est pas raisonnable lorsque la dose totale de RI cumulée reste faible. Parmi les nombreux problèmes soulevés par Jean-Marc Cosset, deux points méritent de s’y attarder : – si le modèle LNT était vérifié, « presque tous les patients en radiothérapie... devraient développer un cancer radio-induit » (Cosset, 2022) ; ce n’est clairement pas le cas sur la base des observations cliniques ; – la notion de dose efficace, exprimée en mSv, implique la prise en compte de doses au corps entier ou d’une moyenne pondérée des doses sur tout le corps alors que les doses de radiothérapie (mais aussi les doses de diagnostic médical) sont délivrées à une petite partie du corps ciblant la tumeur ou l’organe investigué.
RadioprotectionENVIRONMENTAL SCIENCES-PUBLIC, ENVIRONMENTAL & OCCUPATIONAL HEALTH
CiteScore
3.30
自引率
54.50%
发文量
35
审稿时长
>12 weeks
期刊介绍:
Radioprotection publishes articles on all aspects of radiological protection, including non-ionising as well as ionising radiations. Fields of interest range from research, development and theory to operational matters, education and training. The very wide spectrum of its topics includes (theoretical and practical aspects): dosimetry, instrument development, specialized measuring techniques, epidemiology, biological effects (in vivo and in vitro) and risk and environmental impact assessments.