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Abstract
En commentant la sortie posthume de Suite francaise, dernier roman d’Irene Nemirovsky morte a Auschwitz au mois d’aout 1942, la presse francaise a souvent fait reference au chef d’œuvre de son compatriote russe Leon Tolstoi. Pour Rene de Ceccatty dans Le Monde (1er octobre 2004), Suite francaise « est le Guerre et paix d’Irene Nemirovsky ». Selon Clemence Boulouque dans Le Figaro (9 novembre 2004), « La jeune femme avait l’ambition d’en faire Guerre et Paix ». Dans Liberation (29 octobre 2004), Pascale Nivelle parle de « son Guerre et Paix d’un autre siecle ». Il ne s’agit pas de quelque perspicacite critique commune, mais de plusieurs references a Guerre et paix relevees dans les « Notes manuscrites d’Irene Nemirovsky » publiees en Annexe dans le meme volume que le roman. La consultation des manuscrits de Nemirovsky conserves a l’IMEC revele que la reference a Guerre et paix est frequente dans ses notes de travail ; reflechissant a ses projets litteraires en 1940, elle ecrit : « En somme, ma fille, tu veux faire ta petite Guerre et paix1 ». Issue d’une famille cultivee de la haute bourgeoisie russe, et titulaire du certificat d’etudes superieures de litterature russe de la Sorbonne, Nemirovsky avait une bonne connaissance des classiques de la litterature de son pays de naissance2. Ce que les critiques de Suite francaise n’ont pas remarque, c’est que la reflexion de Nemirovsky sur Tolstoi passe par sa lecture de deux critiques litteraires anglais occupant une position central