« On m’a dit parfois que mes propos manquaient de je ne sais quelle gravite […]. Peut-etre un jour entreprendrai-je de me repandre en discours pompeux […], si jamais tel malheur m’arrivait, je vous supplie de m’en prevenir »(Tristan Dereme, preface a L’Onagre orange)Une poetique doit-elle, pour exister, respecter les formes canoniques du discours theorique ? Telle semble etre la question posee par l’œuvre du poete Tristan Dereme, figure eminente du milieu litteraire de l’entre-deux-guerres, qui fut, entre autres, l’auteur d’une serie d’ouvrages dans lesquels ce poeticien invente un salon litteraire, et confie sa pensee a des etres imaginaires.D’un livre a l’autre, nous retrouvons les reflexions de ces amoureux de beaux vers, qui aiment a se reunir pour evoquer les petits bonheurs de l’existence, mais egalement citer des vers, les transformer, les parodier, en faire des centons ou encore commenter les debats poetiques de fond. La se trouvent le poete Polypheme Durand, la candide Mme Baramel, M. Theodore Decalandre a qui Dereme prete ses initiales, ou encore MM. Lalouette, Escanecrabe, Laverdurette, etc. Cette poetique de la poesie originale et surprenante fut notamment reunie dans une serie de livres aux titres enigmatiques : Le Poisson rouge, L’Escargot bleu, La Tortue indigo, L’Onagre orange et La Libellule violette1 qui composent un bestiaire colore, un « prisme » permettant d’entrevoir, selon la formule de l’auteur « la vie quotidienne au prisme de la poesie ».On se propos
{"title":"Une poétique de la poésie par Tristan Derème","authors":"Amandine Cyprès","doi":"10.4000/books.pufc.7662","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/books.pufc.7662","url":null,"abstract":"« On m’a dit parfois que mes propos manquaient de je ne sais quelle gravite […]. Peut-etre un jour entreprendrai-je de me repandre en discours pompeux […], si jamais tel malheur m’arrivait, je vous supplie de m’en prevenir »(Tristan Dereme, preface a L’Onagre orange)Une poetique doit-elle, pour exister, respecter les formes canoniques du discours theorique ? Telle semble etre la question posee par l’œuvre du poete Tristan Dereme, figure eminente du milieu litteraire de l’entre-deux-guerres, qui fut, entre autres, l’auteur d’une serie d’ouvrages dans lesquels ce poeticien invente un salon litteraire, et confie sa pensee a des etres imaginaires.D’un livre a l’autre, nous retrouvons les reflexions de ces amoureux de beaux vers, qui aiment a se reunir pour evoquer les petits bonheurs de l’existence, mais egalement citer des vers, les transformer, les parodier, en faire des centons ou encore commenter les debats poetiques de fond. La se trouvent le poete Polypheme Durand, la candide Mme Baramel, M. Theodore Decalandre a qui Dereme prete ses initiales, ou encore MM. Lalouette, Escanecrabe, Laverdurette, etc. Cette poetique de la poesie originale et surprenante fut notamment reunie dans une serie de livres aux titres enigmatiques : Le Poisson rouge, L’Escargot bleu, La Tortue indigo, L’Onagre orange et La Libellule violette1 qui composent un bestiaire colore, un « prisme » permettant d’entrevoir, selon la formule de l’auteur « la vie quotidienne au prisme de la poesie ».On se propos","PeriodicalId":398913,"journal":{"name":"Les écrivains théoriciens de la littérature (1920-1945)","volume":"128 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-05-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124225375","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Avant-Propos","authors":"Bruno Curatolo & Julia Peslier","doi":"10.58282/colloques.1812","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.1812","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":398913,"journal":{"name":"Les écrivains théoriciens de la littérature (1920-1945)","volume":"104 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-05-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"132901200","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
En commentant la sortie posthume de Suite francaise, dernier roman d’Irene Nemirovsky morte a Auschwitz au mois d’aout 1942, la presse francaise a souvent fait reference au chef d’œuvre de son compatriote russe Leon Tolstoi. Pour Rene de Ceccatty dans Le Monde (1er octobre 2004), Suite francaise « est le Guerre et paix d’Irene Nemirovsky ». Selon Clemence Boulouque dans Le Figaro (9 novembre 2004), « La jeune femme avait l’ambition d’en faire Guerre et Paix ». Dans Liberation (29 octobre 2004), Pascale Nivelle parle de « son Guerre et Paix d’un autre siecle ». Il ne s’agit pas de quelque perspicacite critique commune, mais de plusieurs references a Guerre et paix relevees dans les « Notes manuscrites d’Irene Nemirovsky » publiees en Annexe dans le meme volume que le roman. La consultation des manuscrits de Nemirovsky conserves a l’IMEC revele que la reference a Guerre et paix est frequente dans ses notes de travail ; reflechissant a ses projets litteraires en 1940, elle ecrit : « En somme, ma fille, tu veux faire ta petite Guerre et paix1 ». Issue d’une famille cultivee de la haute bourgeoisie russe, et titulaire du certificat d’etudes superieures de litterature russe de la Sorbonne, Nemirovsky avait une bonne connaissance des classiques de la litterature de son pays de naissance2. Ce que les critiques de Suite francaise n’ont pas remarque, c’est que la reflexion de Nemirovsky sur Tolstoi passe par sa lecture de deux critiques litteraires anglais occupant une position central
1942年8月,艾琳·内米洛夫斯基(irene Nemirovsky)死于奥斯维辛集中营(Auschwitz),在评论她的最后一部小说《法国组曲》(Suite francaise)时,法国媒体经常提到她的俄罗斯同胞列夫·托尔斯泰(Leon Tolstoi)的杰作。Rene de Ceccatty在《世界报》(2004年10月1日)上写道:“这是irene Nemirovsky的战争与和平。”根据Clemence Boulouque在《费加罗报》(2004年11月9日)上的说法,“这位年轻女子有把它变成战争与和平的野心。”在《解放》(2004年10月29日)中,帕斯卡尔·尼维尔谈到了“另一个世纪的战争与和平”。这不是一个普遍的批评观点的问题,而是在《艾琳·内米洛夫斯基的手写笔记》中对战争与和平的一些引用,这些笔记与小说同卷出版。对imec保存的内米洛夫斯基手稿的研究表明,他的工作笔记中经常提到《战争与和平》;回想起她1940年的文学计划,她写道:“简而言之,我的女儿,你想发动你的小战争与和平。”内米罗夫斯基来自一个受过教育的俄罗斯上层资产阶级家庭,拥有索邦大学的俄罗斯文学高等教育证书,对他出生国家的文学经典有很好的了解。法国评论家没有注意到的是,内米洛夫斯基对托尔斯泰的反思是通过阅读两篇占据中心位置的英国文学评论家来实现的
{"title":"Les intertextes anglais de Suite française","authors":"Angela Kershaw","doi":"10.4000/books.pufc.7742","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/books.pufc.7742","url":null,"abstract":"En commentant la sortie posthume de Suite francaise, dernier roman d’Irene Nemirovsky morte a Auschwitz au mois d’aout 1942, la presse francaise a souvent fait reference au chef d’œuvre de son compatriote russe Leon Tolstoi. Pour Rene de Ceccatty dans Le Monde (1er octobre 2004), Suite francaise « est le Guerre et paix d’Irene Nemirovsky ». Selon Clemence Boulouque dans Le Figaro (9 novembre 2004), « La jeune femme avait l’ambition d’en faire Guerre et Paix ». Dans Liberation (29 octobre 2004), Pascale Nivelle parle de « son Guerre et Paix d’un autre siecle ». Il ne s’agit pas de quelque perspicacite critique commune, mais de plusieurs references a Guerre et paix relevees dans les « Notes manuscrites d’Irene Nemirovsky » publiees en Annexe dans le meme volume que le roman. La consultation des manuscrits de Nemirovsky conserves a l’IMEC revele que la reference a Guerre et paix est frequente dans ses notes de travail ; reflechissant a ses projets litteraires en 1940, elle ecrit : « En somme, ma fille, tu veux faire ta petite Guerre et paix1 ». Issue d’une famille cultivee de la haute bourgeoisie russe, et titulaire du certificat d’etudes superieures de litterature russe de la Sorbonne, Nemirovsky avait une bonne connaissance des classiques de la litterature de son pays de naissance2. Ce que les critiques de Suite francaise n’ont pas remarque, c’est que la reflexion de Nemirovsky sur Tolstoi passe par sa lecture de deux critiques litteraires anglais occupant une position central","PeriodicalId":398913,"journal":{"name":"Les écrivains théoriciens de la littérature (1920-1945)","volume":"3 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-05-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"114340896","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La presence de la figure du Diable dans les œuvres fictionnelles d’Andre Gide a fascine les lecteurs comme les critiques. Elle a occasionne depuis leur parution une longue serie de travaux visant a elucider le rapport equivoque que l’ecrivain ambigu, a la fois tout devoilement et tout mystere, entretenait avec le Mal, posant toutefois la question des seuls points de vue ethique et theologique.Plus recemment, le flou semantique autour du terme « demon » dans les ecrits de Gide a donne lieu a plusieurs analyses de sa parente probable avec le daimon grec. A partir de comparaisons similaires avec les œuvres de Baudelaire, de Blake, de Dostoievski, de Goethe et de Nietzsche, elles insistent toutes sur le caractere moral de la lutte du Bien et du Mal au sein des memes extraits de Paludes, des Nourritures terrestres, de L’Immoraliste, des Faux-Monnayeurs, etc. Aucun critique ne glose la pratique scripturale a l’œuvre dans ces representations demoniaques. La presente etude propose de deplacer la question de la comprehension daimonique du demonisme gidien vers une lecture de sa conception de l’art romanesque.Du daimon socratique au « demon » gidienLes exegetes des textes anciens s’entendent pour definir le daimonion de Socrate comme le pouvoir intermediaire ou demi-dieu qui a pour but de faire respecter la justice divine. Le philosophe grec est inculpe de vouloir introduire cette figure a la place des dieux de la cite. Chez Platon, ce sont uniquement ses accusateurs qui emploient le t
{"title":"Le démonisme d’André Gide : le pouvoir de l’induction","authors":"Claudia Bouliane","doi":"10.4000/books.pufc.7752","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/books.pufc.7752","url":null,"abstract":"La presence de la figure du Diable dans les œuvres fictionnelles d’Andre Gide a fascine les lecteurs comme les critiques. Elle a occasionne depuis leur parution une longue serie de travaux visant a elucider le rapport equivoque que l’ecrivain ambigu, a la fois tout devoilement et tout mystere, entretenait avec le Mal, posant toutefois la question des seuls points de vue ethique et theologique.Plus recemment, le flou semantique autour du terme « demon » dans les ecrits de Gide a donne lieu a plusieurs analyses de sa parente probable avec le daimon grec. A partir de comparaisons similaires avec les œuvres de Baudelaire, de Blake, de Dostoievski, de Goethe et de Nietzsche, elles insistent toutes sur le caractere moral de la lutte du Bien et du Mal au sein des memes extraits de Paludes, des Nourritures terrestres, de L’Immoraliste, des Faux-Monnayeurs, etc. Aucun critique ne glose la pratique scripturale a l’œuvre dans ces representations demoniaques. La presente etude propose de deplacer la question de la comprehension daimonique du demonisme gidien vers une lecture de sa conception de l’art romanesque.Du daimon socratique au « demon » gidienLes exegetes des textes anciens s’entendent pour definir le daimonion de Socrate comme le pouvoir intermediaire ou demi-dieu qui a pour but de faire respecter la justice divine. Le philosophe grec est inculpe de vouloir introduire cette figure a la place des dieux de la cite. Chez Platon, ce sont uniquement ses accusateurs qui emploient le t","PeriodicalId":398913,"journal":{"name":"Les écrivains théoriciens de la littérature (1920-1945)","volume":"66 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-05-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"131052536","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’auteur des Pieds nickeles (1895), explique Paul Blanchart dans une excellente monographie sur Tristan Bernard, « est tout le contraire d’un theoricien, d’un doctrinaire, d’un estheticien. Ses œuvres ne sont dictees par aucun principe preconcu. Il semble ne jamais obeir qu’a l’inspiration du moment. Rien, dans sa production, de volontaire et de systematique1. » Gageons alors que cette etude ne soit accueillie en ces termes : « Tristan Bernard theoricien de la litterature ? Allons, allons ! Un peu de serieux ! ». Car il se trouve que l’auteur de tant de pieces celebres etait aussi un habile romancier, manifestant une remarquable sensibilite a l’egard des debats theoriques de son temps, comme en temoigne notamment sa collaboration active, a une epoque-charniere de l’histoire litteraire, a La Revue blanche. En 1895, en outre, Tristan Bernard publie X…roman impromptu2, aux cotes de Georges Auriol, Georges Courteline, Jules Renard et Pierre Veber. Ce premier coup d’essai, ecrit sans souci de logique ni de vraisemblance, illustre d’emblee la posture subversive de l’auteur a l’egard des modalites du roman realiste-naturaliste. L’entreprise, si ludique et mercantile soit-elle, engageait en effet l’ecrivain sur la voie d’une experimentation romanesque dont Aux Abois, Journal d’un meurtrier, roman deroutant publie chez Albin Michel en 1933, constitua une ultime et remarquable realisation. Quoiqu’il n’ait pas eu l’echo espere dans la critique de l’epoque, l’ouvrage precurseur de Trista
保罗·布兰查特(Paul Blanchart)在一本关于特里斯坦·伯纳德(Tristan Bernard)的优秀专著中解释说,《五脚》(Pieds nickeles, 1895)的作者“与理论家、教条主义者和美学家完全相反”。它的工作不受任何既定原则的支配。他似乎从不服从当下的灵感。在它的生产中,没有任何自愿或系统的东西。因此,我们打赌这项研究不会被接受为:“特里斯坦·伯纳德文学理论家?来吧,来吧!有点严肃!»。因为如此多著名作品的作者碰巧也是一位技艺高超的小说家,对他那个时代的理论辩论表现出了非凡的敏感性,这可以从他与文学历史的关键时期——《布兰奇评论》的积极合作中看出。1895年,特里斯坦·伯纳德与乔治·奥里奥、乔治·库尔特林、儒勒·雷纳德和皮埃尔·韦贝尔一起出版了《即兴小说》。这第一次尝试,在写作中没有考虑逻辑和可能性,说明了作者对现实主义-自然主义小说形式的颠覆态度。尽管这项事业很有趣,也很商业化,但它确实让这位作家踏上了小说实验的道路。1933年,阿尔宾·米歇尔(Albin Michel)出版了《谋杀者日记》(Journal of a murder),这是一部令人难忘的小说,最终取得了非凡的成就。尽管在《时代》的批评中没有期望的回声,但特里斯塔的开创性著作
{"title":"Aux Abois de Tristan Bernard. Genèse d’une écriture de l’absurde","authors":"Cyril Piroux","doi":"10.4000/BOOKS.PUFC.7762","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/BOOKS.PUFC.7762","url":null,"abstract":"L’auteur des Pieds nickeles (1895), explique Paul Blanchart dans une excellente monographie sur Tristan Bernard, « est tout le contraire d’un theoricien, d’un doctrinaire, d’un estheticien. Ses œuvres ne sont dictees par aucun principe preconcu. Il semble ne jamais obeir qu’a l’inspiration du moment. Rien, dans sa production, de volontaire et de systematique1. » Gageons alors que cette etude ne soit accueillie en ces termes : « Tristan Bernard theoricien de la litterature ? Allons, allons ! Un peu de serieux ! ». Car il se trouve que l’auteur de tant de pieces celebres etait aussi un habile romancier, manifestant une remarquable sensibilite a l’egard des debats theoriques de son temps, comme en temoigne notamment sa collaboration active, a une epoque-charniere de l’histoire litteraire, a La Revue blanche. En 1895, en outre, Tristan Bernard publie X…roman impromptu2, aux cotes de Georges Auriol, Georges Courteline, Jules Renard et Pierre Veber. Ce premier coup d’essai, ecrit sans souci de logique ni de vraisemblance, illustre d’emblee la posture subversive de l’auteur a l’egard des modalites du roman realiste-naturaliste. L’entreprise, si ludique et mercantile soit-elle, engageait en effet l’ecrivain sur la voie d’une experimentation romanesque dont Aux Abois, Journal d’un meurtrier, roman deroutant publie chez Albin Michel en 1933, constitua une ultime et remarquable realisation. Quoiqu’il n’ait pas eu l’echo espere dans la critique de l’epoque, l’ouvrage precurseur de Trista","PeriodicalId":398913,"journal":{"name":"Les écrivains théoriciens de la littérature (1920-1945)","volume":"47 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-05-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"116097218","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La ou d’autres proposent des œuvres je ne pretends pas autre chose que de montrer mon esprit.La vie est de bruler des questions.Je ne concois pas d’œuvre comme detachee de la vie.Je n’aime pas la creation detachee. Je ne concois pas non plus l’esprit comme detache de lui-meme. Chacune de mes œuvres, chacun des plans de moi-meme, chacune des floraisons glacieres de mon âme interieure bave sur moi. (51)1Lorsqu’il publie en juillet 1925 aux Editions de la Nouvelle Revue francaise L’Ombilic des Limbes, qui s’ouvre sur ces mots, Artaud a vingt-huit ans et s’est engage dans un processus d’ecriture qui a deja abouti a la publication en septembre 1924 d’une correspondance avec le directeur de la Nouvelle Revue francaise, Jacques Riviere. Devant son refus initial de publier les poemes d’Artaud, ce dernier avait reclame son « droit a l’existence », ce que Riviere a tout a fait compris ; et Artaud le reclame si bien, en decrivant egalement ce qui l’empeche d’acceder a cette existence, que Riviere realise qu’il est en face d’un cas singulier dans la litterature, et que ce jeune homme qui sait encore si mal organiser son inspiration en poemes aboutis sait par contre admirablement decrire ce qui l’empeche d’enoncer son verbe et de le cristalliser en une œuvre… Jusqu’au moment ou il prendra conscience que leur correspondance est en soi une œuvre et qu’il convient de la publier, ce qu’il proposera a Artaud.La valeur poetique de cette correspondance pose la question du genre, et malgre la gra
{"title":"(D)écrire l’impossibilité d’écrire : la correspondance Artaud/Rivière","authors":"Stéphane Cermakian","doi":"10.4000/books.pufc.7692","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/books.pufc.7692","url":null,"abstract":"La ou d’autres proposent des œuvres je ne pretends pas autre chose que de montrer mon esprit.La vie est de bruler des questions.Je ne concois pas d’œuvre comme detachee de la vie.Je n’aime pas la creation detachee. Je ne concois pas non plus l’esprit comme detache de lui-meme. Chacune de mes œuvres, chacun des plans de moi-meme, chacune des floraisons glacieres de mon âme interieure bave sur moi. (51)1Lorsqu’il publie en juillet 1925 aux Editions de la Nouvelle Revue francaise L’Ombilic des Limbes, qui s’ouvre sur ces mots, Artaud a vingt-huit ans et s’est engage dans un processus d’ecriture qui a deja abouti a la publication en septembre 1924 d’une correspondance avec le directeur de la Nouvelle Revue francaise, Jacques Riviere. Devant son refus initial de publier les poemes d’Artaud, ce dernier avait reclame son « droit a l’existence », ce que Riviere a tout a fait compris ; et Artaud le reclame si bien, en decrivant egalement ce qui l’empeche d’acceder a cette existence, que Riviere realise qu’il est en face d’un cas singulier dans la litterature, et que ce jeune homme qui sait encore si mal organiser son inspiration en poemes aboutis sait par contre admirablement decrire ce qui l’empeche d’enoncer son verbe et de le cristalliser en une œuvre… Jusqu’au moment ou il prendra conscience que leur correspondance est en soi une œuvre et qu’il convient de la publier, ce qu’il proposera a Artaud.La valeur poetique de cette correspondance pose la question du genre, et malgre la gra","PeriodicalId":398913,"journal":{"name":"Les écrivains théoriciens de la littérature (1920-1945)","volume":"33 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-05-05","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"114907509","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Ramon Fernandez fut, au meme titre que Benjamin Cremieux, Andre Suares ou Albert Thibaudet, l’un des grands critiques de La NRF comme en temoigne notamment la chronique (Les Essais) qu’il tenait dans cette meme revue. Ramon Fernandez est aussi le romancier du Pari (prix Femina en 1932) et des Violents, roman paru deux ans plus tard et qui est la suite du premier. Ces deux romans doivent etre lus et analyses en fonction d’un engagement humaniste qui a donne naissance a une esthetique de la signification litteraire centree sur l’idee de « message ». En cela ils adoptent, en apparence, les principes que Fernandez a theorises tout au long de ses articles et ouvrages de critique, a savoir que la principale richesse d’une œuvre reside dans sa dimension morale. Cette theorie procede d’une critique philosophique telle que son auteur l’a definie en ouverture de son essai, De la critique philosophique, publie en 1926 chez Gallimard :Albert Thibaudet distinguait naguere trois sortes de critiques : la critique universitaire, la critique des artistes et la critique parlee, celle des salons et des milieux professionnels, espece de bourse des valeurs litteraires. Au-dessus, au-dessous ou a cote de ces trois critiques n’y aurait-il point la place pour une quatrieme, qui examinant les problemes traites par les trois autres avec une methode plus franchement philosophique, ne se contenterait pas d’etudier les œuvres pour elles-memes dans leur signification historique ou technique, mais tâcherai
Ramon Fernandez,就像Benjamin Cremieux, Andre Suares和Albert Thibaudet一样,是NRF的主要批评者之一,他在同一杂志上的编年史(Les Essais)证明了这一点。拉蒙·费尔南德斯也是《帕里》(1932年Femina奖)和《暴力》的小说家,《暴力》是两年后出版的第一部小说的续集。这两部小说必须根据一种人文主义的承诺来阅读和分析,这种承诺产生了一种以“信息”概念为中心的文学意义美学。在这一点上,他们似乎采用了费尔南德斯在他的文章和批评作品中提出的原则,即作品的主要财富在于它的道德维度。这个混合过程理论这样的批判哲学的作者提到议事率直的测试当中,哲学的批判,1926年出版的意译:Albert Thibaudet清矗立了三类:艺术家的学术批评、批评,批评和批判parlee展览会和专业界的、自私的btl的证券交易所。在这三种批评之上、之下或旁边,难道就没有第四种批评的空间吗?第四种批评用更坦率的哲学方法来考察其他三种批评所处理的问题,而不满足于仅仅从历史或技术意义上研究作品,而是试图从历史意义上研究作品
{"title":"Ramon Fernandez et la critique philosophique","authors":"G. Charbonnier","doi":"10.4000/books.pufc.7652","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/books.pufc.7652","url":null,"abstract":"Ramon Fernandez fut, au meme titre que Benjamin Cremieux, Andre Suares ou Albert Thibaudet, l’un des grands critiques de La NRF comme en temoigne notamment la chronique (Les Essais) qu’il tenait dans cette meme revue. Ramon Fernandez est aussi le romancier du Pari (prix Femina en 1932) et des Violents, roman paru deux ans plus tard et qui est la suite du premier. Ces deux romans doivent etre lus et analyses en fonction d’un engagement humaniste qui a donne naissance a une esthetique de la signification litteraire centree sur l’idee de « message ». En cela ils adoptent, en apparence, les principes que Fernandez a theorises tout au long de ses articles et ouvrages de critique, a savoir que la principale richesse d’une œuvre reside dans sa dimension morale. Cette theorie procede d’une critique philosophique telle que son auteur l’a definie en ouverture de son essai, De la critique philosophique, publie en 1926 chez Gallimard :Albert Thibaudet distinguait naguere trois sortes de critiques : la critique universitaire, la critique des artistes et la critique parlee, celle des salons et des milieux professionnels, espece de bourse des valeurs litteraires. Au-dessus, au-dessous ou a cote de ces trois critiques n’y aurait-il point la place pour une quatrieme, qui examinant les problemes traites par les trois autres avec une methode plus franchement philosophique, ne se contenterait pas d’etudier les œuvres pour elles-memes dans leur signification historique ou technique, mais tâcherai","PeriodicalId":398913,"journal":{"name":"Les écrivains théoriciens de la littérature (1920-1945)","volume":"19 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-05-05","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124065005","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les ecrivains de l’entre-deux-guerres ont generalement prefere se tenir a l’ecart de l’Universite, institution qu’ils jugeaient hostile, voire repoussante. Alors qu’aujourd’hui un certain nombre d’ecrivains ont elu domicile dans l’enseignement superieur (encore recemment Milan Kundera, aujourd’hui Helene Cixous, Pierre Pachet ou Tiphaine Samoyault – pour ne citer qu’eux), l’histoire litteraire, qui se trouvait alors en position de quasi-hegemonie, decourageait ceux qui songeaient a developper un discours critique ou theorique a l’Universite en parallele de leurs œuvres litteraires. La fameuse « methode des sources » de Lanson dominait ; les facultes des lettres restaient des hauts lieux du positivisme dans lesquels on se contentait d’essayer d’expliquer l’œuvre par la masse la plus importante possible d’elements biographiques sur un auteur donne.Pourtant la tentation universitaire n’a cesse de hanter La NRF, notamment par l’intermediaire de celui qui en fut son « redacteur en chef » a partir de 1925 – Jean Paulhan. En effet, apres des etudes de lettres et de philosophie, l’auteur des Fleurs de Tarbes a entretenu le projet d’une these, depuis son voyage a Madagascar en 1907 jusqu’a la Deuxieme Guerre mondiale, soit pres de trente ans pendant lesquels il se replongeait periodiquement dans sa Semantique du proverbe, texte proteiforme qui abritait de nombreuses et diverses reflexions sur le langage. De ce projet inacheve nous sont parvenus de tres nombreux brouillons, aujourd’hui
在两次世界大战之间,作家们通常更喜欢呆在大学之外,他们认为大学是敌对的,甚至是令人厌恶的。而今不少d’ecrivains当选了户籍仍在高等教育(Pierre Pachet Helene Cixous米兰·昆德拉,今天,同事的面或Tiphaine Samoyault—litteraire史等),当时发生的位置、quasi-hegemonie decourageait那些想着培养了批判性话语或1.2 a大学在其作品btl平行。兰森著名的“来源法”占主导地位;文学院仍然是实证主义的中心,在那里,人们满足于试图用尽可能多的传记元素来解释某一特定作者的作品。然而,大学的诱惑并没有停止困扰着NRF,特别是通过1925年以来的“主编”——让·保尔汉。事实上,吃过的信件和哲学的研究,作者花当成了草案这样的交谈,自1907年马达加斯加的旅程,直到第二次世界大战期间,占将近三十岁有沉下去periodiquement日文件中的成语,头脑拥有许多不同文字语言上的条件反射。从这个未完成的项目中,我们收到了许多草稿,今天
{"title":"Jean Paulhan et Jean Grenier à l’Université","authors":"Charles Coustille","doi":"10.4000/BOOKS.PUFC.7642","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/BOOKS.PUFC.7642","url":null,"abstract":"Les ecrivains de l’entre-deux-guerres ont generalement prefere se tenir a l’ecart de l’Universite, institution qu’ils jugeaient hostile, voire repoussante. Alors qu’aujourd’hui un certain nombre d’ecrivains ont elu domicile dans l’enseignement superieur (encore recemment Milan Kundera, aujourd’hui Helene Cixous, Pierre Pachet ou Tiphaine Samoyault – pour ne citer qu’eux), l’histoire litteraire, qui se trouvait alors en position de quasi-hegemonie, decourageait ceux qui songeaient a developper un discours critique ou theorique a l’Universite en parallele de leurs œuvres litteraires. La fameuse « methode des sources » de Lanson dominait ; les facultes des lettres restaient des hauts lieux du positivisme dans lesquels on se contentait d’essayer d’expliquer l’œuvre par la masse la plus importante possible d’elements biographiques sur un auteur donne.Pourtant la tentation universitaire n’a cesse de hanter La NRF, notamment par l’intermediaire de celui qui en fut son « redacteur en chef » a partir de 1925 – Jean Paulhan. En effet, apres des etudes de lettres et de philosophie, l’auteur des Fleurs de Tarbes a entretenu le projet d’une these, depuis son voyage a Madagascar en 1907 jusqu’a la Deuxieme Guerre mondiale, soit pres de trente ans pendant lesquels il se replongeait periodiquement dans sa Semantique du proverbe, texte proteiforme qui abritait de nombreuses et diverses reflexions sur le langage. De ce projet inacheve nous sont parvenus de tres nombreux brouillons, aujourd’hui","PeriodicalId":398913,"journal":{"name":"Les écrivains théoriciens de la littérature (1920-1945)","volume":"167 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-05-05","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"132832528","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Il y a les heures ou l’on ecrit pour vivre, les heures ou l’on vit pour ecrire. Il y a aussi les heures que l’on vit et que l’on n’ecrit pas, qu’on garde au fond de soi comme on garde un mystere, selon les mots du poete1. Le temps passe et l’homme avec, dans le tourbillon de ses passions, de ses silences et indifferences. Fugacite des mots, des emotions, des desirs, des deuils et des amours, des travaux et des jours, des offenses et des honneurs, des guerres et des arts. Des sentiments les plus nobles aux degouts les plus francs, le temps d’une vie humaine, la bre(v)itas de quatre-vingts annees honorables, et les couleurs et vernis ont passe. Ecrire sur la vanite, c’est ecrire sur la vie, c’est mediter sur l’œuvre a faire et sur l’œuvre faite, c’est penser le vivant depuis la mort comme point focal d’ou sont regardes la vie et ses tumultes, l’œuvre et ses gloires, l’homme en ses jeux et ses trajectoires. C’est dire de quelle duree la vie de l’ecriture se charge, qu’elle grave sur le marbre ou le papier la devise meme qui la detruit comme parole de gloire, en un mouvement paradoxal : « Chacun devrait parvenir a son ascese fondamentale. La mienne serait le silence2. », note l’ecrivain Canetti.S’il y a vanite de l’ecriture, pourquoi donc ecrire la vanite ?N’en serait-ce pas le comble, la vanite supreme, une vanite pour dire la vanite meme ? C’en serait aussi son enonce enigmatique, paradoxal : non plus, sur le mode de Pascal, « J’ecris qu’il est vain de peindre3 », mais a la man
{"title":"Une Vanité selon Valéry. Le Bris de la littérature.","authors":"J. Peslier","doi":"10.4000/books.pufc.7702","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/books.pufc.7702","url":null,"abstract":"Il y a les heures ou l’on ecrit pour vivre, les heures ou l’on vit pour ecrire. Il y a aussi les heures que l’on vit et que l’on n’ecrit pas, qu’on garde au fond de soi comme on garde un mystere, selon les mots du poete1. Le temps passe et l’homme avec, dans le tourbillon de ses passions, de ses silences et indifferences. Fugacite des mots, des emotions, des desirs, des deuils et des amours, des travaux et des jours, des offenses et des honneurs, des guerres et des arts. Des sentiments les plus nobles aux degouts les plus francs, le temps d’une vie humaine, la bre(v)itas de quatre-vingts annees honorables, et les couleurs et vernis ont passe. Ecrire sur la vanite, c’est ecrire sur la vie, c’est mediter sur l’œuvre a faire et sur l’œuvre faite, c’est penser le vivant depuis la mort comme point focal d’ou sont regardes la vie et ses tumultes, l’œuvre et ses gloires, l’homme en ses jeux et ses trajectoires. C’est dire de quelle duree la vie de l’ecriture se charge, qu’elle grave sur le marbre ou le papier la devise meme qui la detruit comme parole de gloire, en un mouvement paradoxal : « Chacun devrait parvenir a son ascese fondamentale. La mienne serait le silence2. », note l’ecrivain Canetti.S’il y a vanite de l’ecriture, pourquoi donc ecrire la vanite ?N’en serait-ce pas le comble, la vanite supreme, une vanite pour dire la vanite meme ? C’en serait aussi son enonce enigmatique, paradoxal : non plus, sur le mode de Pascal, « J’ecris qu’il est vain de peindre3 », mais a la man","PeriodicalId":398913,"journal":{"name":"Les écrivains théoriciens de la littérature (1920-1945)","volume":"25 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-05-05","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"126798092","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Entre les deux guerres, se developpe un nouveau type de revue, en prise sur l’evenement. Generaliste, elle entend baliser tout le champ des connaissances. Dans les faits, elle traite de problemes philosophiques, sociaux, economiques, politiques, culturels. La litterature y tient encore une bonne place. Meme si son tirage et son influence furent longtemps modestes, Esprit, fonde en 1932, a reussi a se perenniser. La revue est, a l’origine, l’organe d’un mouvement personnaliste1 qui se donne pour tâche de faire entrer les elites chretiennes dans leur temps. Son originalite tient a ce que, si les catholiques sont nombreux dans sa redaction et plus encore dans son lectorat, ce n’est pas une publication d’Eglise. Largement ouverte a des protestants, des Juifs, des incroyants, elle revendique son autonomie et son pluralisme. Elle mene un dialogue au long cours avec des revues et des personnalites qui ne partagent pas toutes ses aspirations et conceptions.Emmanuel Mounier et la premiere equipe d’Esprit appartiennent a la generation nee entre 1900 et 1910. Ils sont donc les contemporains de Malraux, de Sartre et des surrealistes. Pour eux, les ecrivains bien-pensants, Rene Bazin, Paul Bourget, Henry Bordeaux appartiennent au passe. Ils ont contribue a enfermer les catholiques dans un ghetto anti-moderniste donc passeiste ou l’Action francaise est comme poisson dans l’eau2. La condamnation de celle-ci par le Vatican change la donne en 1926. L’echec de Vigile, la presence de Sept puis
在两次世界大战之间,出现了一种新的对事件的回顾。它是一个多面手,旨在为整个知识领域指明方向。事实上,它涉及哲学、社会、经济、政治和文化问题。文学仍然占有重要地位。尽管它的发行量和影响力在很长一段时间内都不大,但成立于1932年的Esprit成功地延续了下来。最初,该杂志是一场个人运动的机构,旨在让基督教精英进入他们的时代。它的独创性在于,尽管它的编辑和读者中有很多天主教徒,但它不是一份教会出版物。它对新教徒、犹太人和非信徒开放,并声称自己是自治和多元化的。她与不认同她所有抱负和观点的杂志和名人进行了长期对话。Emmanuel Mounier和la premiere equipe d ' esprit属于1900年至1910年间的nee一代。因此,他们是马尔罗、萨特和超现实主义者的同时代人。对他们来说,雷内·巴赞(Rene Bazin)、保罗·布尔热(Paul Bourget)和亨利·波尔多(Henry Bordeaux)等深思熟虑的作家属于过去。他们把天主教徒关在一个反现代主义的贫民窟里,所以法国的行动就像水里的鱼。1926年,梵蒂冈对她的谴责改变了局面。守夜的失败,七人的出现
{"title":"La littérature à Esprit (1932-1941)","authors":"J. Guérin","doi":"10.4000/books.pufc.7622","DOIUrl":"https://doi.org/10.4000/books.pufc.7622","url":null,"abstract":"Entre les deux guerres, se developpe un nouveau type de revue, en prise sur l’evenement. Generaliste, elle entend baliser tout le champ des connaissances. Dans les faits, elle traite de problemes philosophiques, sociaux, economiques, politiques, culturels. La litterature y tient encore une bonne place. Meme si son tirage et son influence furent longtemps modestes, Esprit, fonde en 1932, a reussi a se perenniser. La revue est, a l’origine, l’organe d’un mouvement personnaliste1 qui se donne pour tâche de faire entrer les elites chretiennes dans leur temps. Son originalite tient a ce que, si les catholiques sont nombreux dans sa redaction et plus encore dans son lectorat, ce n’est pas une publication d’Eglise. Largement ouverte a des protestants, des Juifs, des incroyants, elle revendique son autonomie et son pluralisme. Elle mene un dialogue au long cours avec des revues et des personnalites qui ne partagent pas toutes ses aspirations et conceptions.Emmanuel Mounier et la premiere equipe d’Esprit appartiennent a la generation nee entre 1900 et 1910. Ils sont donc les contemporains de Malraux, de Sartre et des surrealistes. Pour eux, les ecrivains bien-pensants, Rene Bazin, Paul Bourget, Henry Bordeaux appartiennent au passe. Ils ont contribue a enfermer les catholiques dans un ghetto anti-moderniste donc passeiste ou l’Action francaise est comme poisson dans l’eau2. La condamnation de celle-ci par le Vatican change la donne en 1926. L’echec de Vigile, la presence de Sept puis","PeriodicalId":398913,"journal":{"name":"Les écrivains théoriciens de la littérature (1920-1945)","volume":"14 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-04-22","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"114203049","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}