Philippe Lamb, Oussama Darouichi, Claudia Jonczyk Sédès
{"title":"La performance des PMEs internationales: État des lieux et pistes de recherches futures","authors":"Philippe Lamb, Oussama Darouichi, Claudia Jonczyk Sédès","doi":"10.1002/cjas.1675","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<p>Les petites et moyennes entreprises (PME) jouent un rôle essentiel dans le commerce international (Suh et Kim, <span>2014</span>; Toulova, Votoupalova et Kubickova, <span>2015</span>). Elles représentent plus de 99% des entreprises, 70% des emplois et contribuent entre 50% à 60% de la valeur ajoutée au niveau mondial (OCDE, <span>2017a</span>, <span>2017b</span>). Aussi, plus de 78% des entreprises exportatrices dans le monde sont des PME (Li, <span>2018</span>).</p><p>Nous pouvons distinguer différentes catégories de PMEs internationales<sup>1</sup> selon l'organisation des activités à l'international (Torrès, <span>1997</span>). La « PME internationale » se contente de vendre ses produits sur les marchés étrangers, alors que la « PME globale », pleinement intégrée à l'international, coordonne ses activités en amont et en aval de sa chaîne de valeurs dans de nombreux pays. Enfin, la « PME glocale » commercialise ses produits sur le marché domestique, mais coordonne des activités en amont de sa chaîne de valeurs, telles que des importations ou l'engagement de personnel étranger. Aussi, St-Pierre et Perrault (<span>2009</span>) mettent en évidence trois dimensions mutuellement non-exclusives de l'internationalisation de la PME. L'internationalisation « mercantile » combine des activités d'exportation, d'importation, de sous-traitance et éventuellement d'investissement direct étranger. L'internationalisation technologique concerne l'amélioration des activités de production, R&D et des compétences relatives à partir de ressources situées à l'international. Enfin, l'internationalisation organisationnelle se réfère à la capacité de la PME de gérer les projets à l'international, en termes de contrôle de la valeur, d'efficacité et de gestion des risques.</p><p>La PME internationale est un sujet largement débattu depuis l’étude pionnière de Johanson et Wiedersheim-Paul (<span>1975</span>). En revanche, l'intérêt pour la performance des PMEs internationales est relativement récent. Alors que les premières études sur le sujet apparaissent dans les années 1990 (Hart et Tzokas, <span>1999</span>; Lefebvre, Lefebvre et Bourgault, <span>1998</span>; Rolfo, Vaglio et Vitali, <span>1993</span>), la question de la performance est devenue l'un des sujets les plus débattus dans la littérature portant sur les PMEs internationales (Morais et Ferreira, <span>2019</span>; Ribau, Moreira et Raposo, <span>2018</span>). En effet, il s'agit d'un enjeu de taille du point de vue managérial. Cela est d'autant plus vrai dans le contexte économique actuel. La globalisation et la digitalisation ont augmenté l'intensité concurrentielle, ce qui oblige les PME à accroître leur compétitivité à l'international (Etemad, Wilkinson et Dana, <span>2010</span>; Lemaire, <span>2013</span>; Manyika, Lund, Bughin, Woetzel, Stamenov et Dhingra, <span>2016</span>).</p><p>En raison du nombre croissant de contributions scientifiques relatives à la performance des PME internationales (Figure 1), le besoin est grandissant de fournir une analyse détaillée de l’état de l'art dans le domaine. De plus, la plupart des études se focalisent sur une catégorie spécifique de déterminants, telle que l'orientation entrepreneuriale, les caractéristiques du dirigeant ou le mode d'entrée adopté. Il en résulte une fragmentation du domaine de recherche, ce qui limite les possbilités de contribution théorique (Gligor, Esmark et Gölgeci, <span>2016</span>). Afin d'offrir une vue d'ensemble structurée des recherches dans le domaine, nous proposons une vue d'ensemble qui regroupe, d'une part, les déterminants de la performance internes et externes des PMEs internationales, et d'autre part, les différentes mesures de performance utilisées.</p><p>La procédure adoptée est conforme aux prescriptions méthodologiques relatives à la réalisation d'une revue de littérature systématique (Caligiuri et Thomas, <span>2013</span>; Fink, <span>2013</span>; Levy et Ellis, <span>2006</span>; Rowley et Slack, <span>2004</span>). Tel que proposé par Denyer et Tranfield (<span>2009</span>), nous avons suivi un processus en cinq étapes: (i) questions de recherche, (ii) collecte des articles, (iii) sélection et disponibilité des articles, (iv) analyse et synthèse des articles et enfin, (v) présentation et discussion des résultats.</p><p>Les contributions scientifiques ont été collectées sur la base de données Scopus, entre janvier 2019 et octobre 2019. A l'aide de mots-clés et combinaisons de mots-clés, une recherche manuelle en français et en anglais a été menée. De plus, nous avons également procédé à une « backward reference search » et une « backward author search » (Levy et Ellis, <span>2006</span>).</p><p>Sur la base de ces critères, 231 contributions ont été retenues, couvrant une période de 1993 à 2019. Nous avons ensuite procédé à une analyse de contenu sur la base d'une matrice, comportant les 11 variables suivantes (étape 4): auteurs, revue scientifique, année, sujet, questions de recherche, cadre théorique, méthodologie, pays, déterminants de la performance, mesures de performances et principaux résultats. L'analyse de contenu à l'aide de la matrice est complétée par une analyse thématique inductive (Attride-Stirling, <span>2001</span>), utilisée notamment pour identifier des problématiques clés débattues dans la littérature et regrouper les contributions en fonction des déterminants et mesures de performance étudiés. À l'instar de Jones, Coviello et Tang (<span>2011</span>), nous avons procédé à une analyse descriptive basée sur l'analyse de contenu et notre propre compréhension des articles.</p><p>Le Tableau 1 présente la répartition annuelle des articles répertoriés selon les 10 revues les plus fréquentes dans le domaine. La colonne « Autres » regroupe les articles qui n'ont pas été publiés dans ces revues. Les articles ont été publiés dans 71 revues. Les 10 principales revues mentionnées dans le Tableau 1 représentent 35% du total des contributions répertoriées. Ce pourcentage est plus faible que d'autres revues de littérature en affaires internationales (Morais et Ferreira, <span>2019</span>; Ribau et al., <span>2018</span>); ce qui atteste de la fragmentation théorique du domaine de recherche. La Revue internationale PME totalise 10 articles et représente ainsi la troisième revue en termes de nombre de contributions, après le Journal of International Entrepreneurship et l’International Business Review, qui comptent, respectivement, 15 et 12 contributions.</p><p>Il est intéressant de constater que les articles les plus cités ne sont pas forcément publiés dans les revues les plus fréquentes. Le Tableau 2 présente les études les plus citées dans le domaine. Ainsi, les trois contributions les plus citées ont été publiées par Strategic Management Journal, Journal of Business Venturing et Journal of International Business Studies. Aucune des revues susmentionnées n'apparaît dans la liste des 10 revues les plus fréquentes dans le domaine figurant dans le Tableau 1.</p><p>Nous commençons par exposer les déterminants et mesures de la performance des PME internationales. Le résultat de cette analyse est synthétisé par la Figure 2. Le Tableau 3 informe sur les références correspondant à chaque déterminant et mesure de la performance. Nous présentons ensuite les différentes perspectives théoriques dans le domaine et les cadres méthodologiques adoptés.</p>","PeriodicalId":47349,"journal":{"name":"Canadian Journal of Administrative Sciences-Revue Canadienne Des Sciences De L Administration","volume":"39 4","pages":"O65-O84"},"PeriodicalIF":1.2000,"publicationDate":"2022-06-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/cjas.1675","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Canadian Journal of Administrative Sciences-Revue Canadienne Des Sciences De L Administration","FirstCategoryId":"91","ListUrlMain":"https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cjas.1675","RegionNum":4,"RegionCategory":"管理学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"BUSINESS","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les petites et moyennes entreprises (PME) jouent un rôle essentiel dans le commerce international (Suh et Kim, 2014; Toulova, Votoupalova et Kubickova, 2015). Elles représentent plus de 99% des entreprises, 70% des emplois et contribuent entre 50% à 60% de la valeur ajoutée au niveau mondial (OCDE, 2017a, 2017b). Aussi, plus de 78% des entreprises exportatrices dans le monde sont des PME (Li, 2018).
Nous pouvons distinguer différentes catégories de PMEs internationales1 selon l'organisation des activités à l'international (Torrès, 1997). La « PME internationale » se contente de vendre ses produits sur les marchés étrangers, alors que la « PME globale », pleinement intégrée à l'international, coordonne ses activités en amont et en aval de sa chaîne de valeurs dans de nombreux pays. Enfin, la « PME glocale » commercialise ses produits sur le marché domestique, mais coordonne des activités en amont de sa chaîne de valeurs, telles que des importations ou l'engagement de personnel étranger. Aussi, St-Pierre et Perrault (2009) mettent en évidence trois dimensions mutuellement non-exclusives de l'internationalisation de la PME. L'internationalisation « mercantile » combine des activités d'exportation, d'importation, de sous-traitance et éventuellement d'investissement direct étranger. L'internationalisation technologique concerne l'amélioration des activités de production, R&D et des compétences relatives à partir de ressources situées à l'international. Enfin, l'internationalisation organisationnelle se réfère à la capacité de la PME de gérer les projets à l'international, en termes de contrôle de la valeur, d'efficacité et de gestion des risques.
La PME internationale est un sujet largement débattu depuis l’étude pionnière de Johanson et Wiedersheim-Paul (1975). En revanche, l'intérêt pour la performance des PMEs internationales est relativement récent. Alors que les premières études sur le sujet apparaissent dans les années 1990 (Hart et Tzokas, 1999; Lefebvre, Lefebvre et Bourgault, 1998; Rolfo, Vaglio et Vitali, 1993), la question de la performance est devenue l'un des sujets les plus débattus dans la littérature portant sur les PMEs internationales (Morais et Ferreira, 2019; Ribau, Moreira et Raposo, 2018). En effet, il s'agit d'un enjeu de taille du point de vue managérial. Cela est d'autant plus vrai dans le contexte économique actuel. La globalisation et la digitalisation ont augmenté l'intensité concurrentielle, ce qui oblige les PME à accroître leur compétitivité à l'international (Etemad, Wilkinson et Dana, 2010; Lemaire, 2013; Manyika, Lund, Bughin, Woetzel, Stamenov et Dhingra, 2016).
En raison du nombre croissant de contributions scientifiques relatives à la performance des PME internationales (Figure 1), le besoin est grandissant de fournir une analyse détaillée de l’état de l'art dans le domaine. De plus, la plupart des études se focalisent sur une catégorie spécifique de déterminants, telle que l'orientation entrepreneuriale, les caractéristiques du dirigeant ou le mode d'entrée adopté. Il en résulte une fragmentation du domaine de recherche, ce qui limite les possbilités de contribution théorique (Gligor, Esmark et Gölgeci, 2016). Afin d'offrir une vue d'ensemble structurée des recherches dans le domaine, nous proposons une vue d'ensemble qui regroupe, d'une part, les déterminants de la performance internes et externes des PMEs internationales, et d'autre part, les différentes mesures de performance utilisées.
La procédure adoptée est conforme aux prescriptions méthodologiques relatives à la réalisation d'une revue de littérature systématique (Caligiuri et Thomas, 2013; Fink, 2013; Levy et Ellis, 2006; Rowley et Slack, 2004). Tel que proposé par Denyer et Tranfield (2009), nous avons suivi un processus en cinq étapes: (i) questions de recherche, (ii) collecte des articles, (iii) sélection et disponibilité des articles, (iv) analyse et synthèse des articles et enfin, (v) présentation et discussion des résultats.
Les contributions scientifiques ont été collectées sur la base de données Scopus, entre janvier 2019 et octobre 2019. A l'aide de mots-clés et combinaisons de mots-clés, une recherche manuelle en français et en anglais a été menée. De plus, nous avons également procédé à une « backward reference search » et une « backward author search » (Levy et Ellis, 2006).
Sur la base de ces critères, 231 contributions ont été retenues, couvrant une période de 1993 à 2019. Nous avons ensuite procédé à une analyse de contenu sur la base d'une matrice, comportant les 11 variables suivantes (étape 4): auteurs, revue scientifique, année, sujet, questions de recherche, cadre théorique, méthodologie, pays, déterminants de la performance, mesures de performances et principaux résultats. L'analyse de contenu à l'aide de la matrice est complétée par une analyse thématique inductive (Attride-Stirling, 2001), utilisée notamment pour identifier des problématiques clés débattues dans la littérature et regrouper les contributions en fonction des déterminants et mesures de performance étudiés. À l'instar de Jones, Coviello et Tang (2011), nous avons procédé à une analyse descriptive basée sur l'analyse de contenu et notre propre compréhension des articles.
Le Tableau 1 présente la répartition annuelle des articles répertoriés selon les 10 revues les plus fréquentes dans le domaine. La colonne « Autres » regroupe les articles qui n'ont pas été publiés dans ces revues. Les articles ont été publiés dans 71 revues. Les 10 principales revues mentionnées dans le Tableau 1 représentent 35% du total des contributions répertoriées. Ce pourcentage est plus faible que d'autres revues de littérature en affaires internationales (Morais et Ferreira, 2019; Ribau et al., 2018); ce qui atteste de la fragmentation théorique du domaine de recherche. La Revue internationale PME totalise 10 articles et représente ainsi la troisième revue en termes de nombre de contributions, après le Journal of International Entrepreneurship et l’International Business Review, qui comptent, respectivement, 15 et 12 contributions.
Il est intéressant de constater que les articles les plus cités ne sont pas forcément publiés dans les revues les plus fréquentes. Le Tableau 2 présente les études les plus citées dans le domaine. Ainsi, les trois contributions les plus citées ont été publiées par Strategic Management Journal, Journal of Business Venturing et Journal of International Business Studies. Aucune des revues susmentionnées n'apparaît dans la liste des 10 revues les plus fréquentes dans le domaine figurant dans le Tableau 1.
Nous commençons par exposer les déterminants et mesures de la performance des PME internationales. Le résultat de cette analyse est synthétisé par la Figure 2. Le Tableau 3 informe sur les références correspondant à chaque déterminant et mesure de la performance. Nous présentons ensuite les différentes perspectives théoriques dans le domaine et les cadres méthodologiques adoptés.
期刊介绍:
The Canadian Journal of Administrative Sciences (CJAS) is a multidisciplinary, peer-reviewed, international quarterly that publishes manuscripts with a strong theoretical foundation. The journal welcomes literature reviews, quantitative and qualitative studies as well as conceptual pieces. CJAS is an ISI-listed journal that publishes papers in all key disciplines of business. CJAS is a particularly suitable home for manuscripts of a crossdisciplinary nature. All papers must state in an explicit and compelling way their unique contribution to advancing theory and/or practice in the administrative sciences.