{"title":"Modèle prophétique et modèle de sainteté dans le soufisme ancien","authors":"Suleiman A. Mourad","doi":"10.1163/9789004466739_010","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Que signifiait l’imitation du Prophète Muḥammad pour les mystiques les plus anciens, au IIe/VIIIe siècle ? Comment la vénération du Prophète a-t-elle été exprimée durant cette période initiale ? Et comment cette conception a-t-elle évoluée ? Ce modeste article voudrait apporter quelques éléments à un domaine de recherche déjà bien parcouru par les spécialistes. Les réponses dépendent bien sûr de la définition donnée au terme « mystique » – lui-même si discuté en langue française. Il est généralement admis que la mystique n’est pas l’équivalent d’une simple dévotion, même très intense. Elle ne s’identifie pas non plus à l’ascèse, même sévère. Beaucoup a été écrit sur la démarcation entre le renoncement dit zuhd, et la mystique correspondant au soufisme proprement dit1. On peut en tout cas aisément démarquer les œuvres sur le zuhd comme celles de Ibn al-Mubārak (m. 181/797) ou de Ibn Ḥanbal (m. 241/855) de la mystique soufie. En bref, posons la mystique comme une recherche expériencielle de la présence divine dès ici-bas. Ce qui modifie profondément le vécu religieux : la perspective eschatologique en particulier diffère de celle du croyant ordinaire. Si la présence miséricordieuse de Dieu est approchée dès ici-bas, l’éternité devient de quelque manière déjà présente ; même sans parler ici d’union mystique. Quand et comment la mystique au sens strict est-elle apparue en islam ? Était-elle présente dès les premières générations ? Clairement, il est impossible d’affirmer quoique ce soit en ce sens pour ce qui est du premier siècle, de la génération des Compagnons et des Suivants. La vaste littérature accumulée à ce sujet dépend de reconstitutions dues à des traditionnistes des générations ultérieures sur lesquelles l’historien n’a pas véritablement prise. Les récits et paroles concernant par exemple Salmān al-Fārisī, Abū al-Dardāʾ, Ḥudhayfa ibn","PeriodicalId":332294,"journal":{"name":"The Presence of the Prophet in Early Modern and Contemporary Islam","volume":"52 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2021-11-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"The Presence of the Prophet in Early Modern and Contemporary Islam","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1163/9789004466739_010","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Que signifiait l’imitation du Prophète Muḥammad pour les mystiques les plus anciens, au IIe/VIIIe siècle ? Comment la vénération du Prophète a-t-elle été exprimée durant cette période initiale ? Et comment cette conception a-t-elle évoluée ? Ce modeste article voudrait apporter quelques éléments à un domaine de recherche déjà bien parcouru par les spécialistes. Les réponses dépendent bien sûr de la définition donnée au terme « mystique » – lui-même si discuté en langue française. Il est généralement admis que la mystique n’est pas l’équivalent d’une simple dévotion, même très intense. Elle ne s’identifie pas non plus à l’ascèse, même sévère. Beaucoup a été écrit sur la démarcation entre le renoncement dit zuhd, et la mystique correspondant au soufisme proprement dit1. On peut en tout cas aisément démarquer les œuvres sur le zuhd comme celles de Ibn al-Mubārak (m. 181/797) ou de Ibn Ḥanbal (m. 241/855) de la mystique soufie. En bref, posons la mystique comme une recherche expériencielle de la présence divine dès ici-bas. Ce qui modifie profondément le vécu religieux : la perspective eschatologique en particulier diffère de celle du croyant ordinaire. Si la présence miséricordieuse de Dieu est approchée dès ici-bas, l’éternité devient de quelque manière déjà présente ; même sans parler ici d’union mystique. Quand et comment la mystique au sens strict est-elle apparue en islam ? Était-elle présente dès les premières générations ? Clairement, il est impossible d’affirmer quoique ce soit en ce sens pour ce qui est du premier siècle, de la génération des Compagnons et des Suivants. La vaste littérature accumulée à ce sujet dépend de reconstitutions dues à des traditionnistes des générations ultérieures sur lesquelles l’historien n’a pas véritablement prise. Les récits et paroles concernant par exemple Salmān al-Fārisī, Abū al-Dardāʾ, Ḥudhayfa ibn