{"title":"Imaginaire musical : repères et perspectives","authors":"Thierry Santurenne","doi":"10.58282/colloques.1277","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Dans son dernier ouvrage Musicophilia1, sous-titre « La musique, le cerveau et nous », le neurologiste Oliver Sacks rappelle que les informations musicales et visuelles ne sont pas traitees de la meme facon par le cerveau : alors que nous sommes contraints de reconstruire un monde visuel qui nous appartienne en propre, avec ce que cela implique de travail de l'imagination, le rappel intrapsychique d'une œuvre musicale doit etre quant a lui fidele a l'original. Dans cette optique, il est permis de penser que c'est le langage, notamment sous sa forme litteraire, qui confere a la musique une nouvelle plasticite propre a nourrir l'imaginaire. D'autre part, si notre culture occidentale modelee par une pensee de la rupture originelle nous pousse a considerer l'experience musicale comme la restauration du sentiment originel d'union avec le monde - que l'on parle de dionysisme dans le sillage de Nietzsche ou d'experience « oceanique », a la suite de Freud – et le langage comme marque d'une impuissance radicale a apprehender sans detours l'essence meme des choses, la creation litteraire informee par la musique constitue une maniere originale de se reapproprier un sens perdu, toujours percu comme le noyau insaisissable de la condition humaine. Il n'est en cela pas etonnant que la presence d'un imaginaire musical en litterature concerne frequemment un sujet bâti sur l'experience de la separation, auquel s'identifiera quicon","PeriodicalId":226964,"journal":{"name":"Littérature et musique","volume":"94 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2010-05-02","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Littérature et musique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.1277","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Dans son dernier ouvrage Musicophilia1, sous-titre « La musique, le cerveau et nous », le neurologiste Oliver Sacks rappelle que les informations musicales et visuelles ne sont pas traitees de la meme facon par le cerveau : alors que nous sommes contraints de reconstruire un monde visuel qui nous appartienne en propre, avec ce que cela implique de travail de l'imagination, le rappel intrapsychique d'une œuvre musicale doit etre quant a lui fidele a l'original. Dans cette optique, il est permis de penser que c'est le langage, notamment sous sa forme litteraire, qui confere a la musique une nouvelle plasticite propre a nourrir l'imaginaire. D'autre part, si notre culture occidentale modelee par une pensee de la rupture originelle nous pousse a considerer l'experience musicale comme la restauration du sentiment originel d'union avec le monde - que l'on parle de dionysisme dans le sillage de Nietzsche ou d'experience « oceanique », a la suite de Freud – et le langage comme marque d'une impuissance radicale a apprehender sans detours l'essence meme des choses, la creation litteraire informee par la musique constitue une maniere originale de se reapproprier un sens perdu, toujours percu comme le noyau insaisissable de la condition humaine. Il n'est en cela pas etonnant que la presence d'un imaginaire musical en litterature concerne frequemment un sujet bâti sur l'experience de la separation, auquel s'identifiera quicon