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Abstract
À l’instar de l’archipel caribéen, décrit dans l’avis au lecteur comme la « préface des Amériques » ou comme les Ant-isles, c’est-à-dire à la façon d’un espace qu’il faudrait nécessairement traverser afin d’atteindre la terre ferme, l’imaginaire du paradis se présente comme une sorte de seuil. Comment ce discours frontalier affecte-t-il l’organisation de la présentation du monde étranger ? Dans un sens, sans s’inscrire directement dans la tradition de l’isolario, le livre lui-même ressemble à la géographie qu’il décrit, à un archipel, constitué d’îlots discursifs qui s’étendent à l’infini1. La comparaison n’est pas sans rappeler ce que Gérard Genette caractérise comme les « seuils » ou les « franges » d’un texte, à savoir le paratexte qui enveloppe et prolonge le texte, le transformant ainsi en livre2. La relation de voyage du XVIIe siècle est littéralement enveloppée de paratextes, dont la diversité excède largement celle de la liste proposée par Genette3. Celles qui sont publiées en grand format, notamment, comme l’histoire de Du Tertre, en sont remplies à tel point qu’il semble que la paratextualité doive entrer dans la définition générique de la relation de voyage. La paratextualité effectue une sorte de compartimentation matérielle du discours et donne la priorité à une démonstration qui ne passe pas par l’échange oral, mais par la lecture. « Le lecteur », écrit Henri-Jean Martin, « cesse ainsi d’écouter en lui-même le discours reproduit sur la page : il regarde celle-ci et parfois la parcourt un peu à la manière d’une carte4 ». Le lecteur s’oriente lui-même dans les îlots textuels que le livre donne à voir.