{"title":"Entre l’ouverture et le cloisonnement : paternité monoparentale dans Manger l’autre d’Ananda Devi","authors":"B. Cunniah","doi":"10.31261/rs.2022.21.06","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"L’emprise des hommes sur les femmes, cet amour masculin qui se transforme en tyrannie, sont des constantes dans l’univers romanesque d’Ananda Devi. Dès les premiers textes nommément Rue la Poudrière (1988), émerge l’image du père alcoolique et violent qui conduit sa fille à la prostitution. Trente ans plus tard, la vision de la romancière ne s’est en rien adoucie. Plus complexe, moins centré sur Maurice, le portrait de la paternité que dresse cette écrivaine dans Manger l’autre (2018) jette une ambigüité grandissante autour du rôle du père dans la descente aux enfers de sa fille. Loin des bourreaux décrits dans La vie de Joséphin le fou (2003) ou dans Le sari vert (2009), le père apparaît ici sous les traits de l’empathie et de l’amour. Cela dit, la vision du monde d’Ananda Devi par rapport à ce dernier ne change pas. À travers cette éternelle stigmatisation du patriarcat, la romancière nous transporte dans le monde de l’obésité morbide, du harcèlement scolaire et des réservoirs de haine que recèlent les réseaux sociaux. \nDans Manger l’autre, un texte aux accents universels, le monstre n’est plus masculin mais bien féminin. En l’absence de la mère accablée par ses obsessions égocentriques, les chances de réussites du père sont minimes. Or, Manger l’autre se lit comme un sacerdoce paternel. Le père assume son rôle, aime pour deux et surtout passe des heures à cuisiner ce que sa fille désire. Il va même jusqu’à encourager l’épanouissement sexuel de cette dernière en lui accordant une liberté de tous les instants. Et pourtant, rien de cela n’est suffisant pour absoudre l’homme dans l’univers d’Ananda Devi. Dans ce contexte, l’objectif de cette étude est de démontrer et d’analyser l’assiduité de cette romancière mauricienne à mettre en scène l’échec du père quoi qu’il puisse entreprendre au sein de sa famille.","PeriodicalId":332744,"journal":{"name":"Romanica Silesiana","volume":"34 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2022-06-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Romanica Silesiana","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.31261/rs.2022.21.06","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
L’emprise des hommes sur les femmes, cet amour masculin qui se transforme en tyrannie, sont des constantes dans l’univers romanesque d’Ananda Devi. Dès les premiers textes nommément Rue la Poudrière (1988), émerge l’image du père alcoolique et violent qui conduit sa fille à la prostitution. Trente ans plus tard, la vision de la romancière ne s’est en rien adoucie. Plus complexe, moins centré sur Maurice, le portrait de la paternité que dresse cette écrivaine dans Manger l’autre (2018) jette une ambigüité grandissante autour du rôle du père dans la descente aux enfers de sa fille. Loin des bourreaux décrits dans La vie de Joséphin le fou (2003) ou dans Le sari vert (2009), le père apparaît ici sous les traits de l’empathie et de l’amour. Cela dit, la vision du monde d’Ananda Devi par rapport à ce dernier ne change pas. À travers cette éternelle stigmatisation du patriarcat, la romancière nous transporte dans le monde de l’obésité morbide, du harcèlement scolaire et des réservoirs de haine que recèlent les réseaux sociaux.
Dans Manger l’autre, un texte aux accents universels, le monstre n’est plus masculin mais bien féminin. En l’absence de la mère accablée par ses obsessions égocentriques, les chances de réussites du père sont minimes. Or, Manger l’autre se lit comme un sacerdoce paternel. Le père assume son rôle, aime pour deux et surtout passe des heures à cuisiner ce que sa fille désire. Il va même jusqu’à encourager l’épanouissement sexuel de cette dernière en lui accordant une liberté de tous les instants. Et pourtant, rien de cela n’est suffisant pour absoudre l’homme dans l’univers d’Ananda Devi. Dans ce contexte, l’objectif de cette étude est de démontrer et d’analyser l’assiduité de cette romancière mauricienne à mettre en scène l’échec du père quoi qu’il puisse entreprendre au sein de sa famille.
男人对女人的控制,这种男性的爱变成了暴政,在阿南达·德维的浪漫世界中是永恒的。在第一部名为《Rue la poudriere》(1988)的作品中,酗酒和暴力的父亲将女儿引诱卖淫的形象出现了。三十年后,这位小说家的视野丝毫没有减弱。在2018年的《另一个人》(Manger l’autre)中,这位作家对父亲身份的描绘更加复杂,也不那么以莫里斯为中心,这使得父亲在女儿堕入地狱的过程中所扮演的角色越来越模糊。与《疯狂的约瑟夫的生活》(2003)或《绿色纱丽》(2009)中描述的刽子不同,父亲在这里以同情和爱的特征出现。然而,阿南达·德维的世界观并没有改变。通过这种对父权制的永恒耻辱,小说家将我们带入了病态肥胖、校园欺凌和社交网络中隐藏的仇恨水库的世界。在《吃他者》(Manger l’autre)这篇具有普遍口音的文章中,怪物不再是男性,而是女性。如果母亲没有被自我中心的痴迷所压倒,父亲成功的机会就很小。吃别人读起来就像父亲的祭司。父亲扮演了他的角色,爱两个人,最重要的是花几个小时烹饪他女儿想要的东西。它甚至通过在任何时候给予她自由来鼓励她的性满足。然而,这些都不足以赦免阿南达维宇宙中的人。在此背景下,本研究的目的是展示和分析这位毛里求斯小说家在描绘父亲的失败方面的勤奋,无论他在家庭中做什么。