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Abstract
Depuis le travail pionnier de Raphael Lemkin, les etudes sur le genocide se sont surtout developpees a la croisee du droit et des sciences sociales. Il en resulte un usage souvent normatif du terme « genocide », source de multiples controverses et difficultes conceptuelles. Comment sortir de ces problemes ? Cet article se prononce resolument en faveur de l’emancipation des genocide studies a l’egard de l’approche juridique. Il preconise en premier lieu l’utilisation d’un vocabulaire non normatif autour de la notion de « massacre », proposee comme unite lexicale de reference. Il avance aussi l’expression plus generale de « processus de destruction », dont le massacre est la forme la plus spectaculaire. L’acte de massacrer n’est pas veritablement « fou » mais obeit a ce que l’auteur appelle une « rationalite delirante ». A cet egard, il distingue deux logiques de destruction : l’une orientee vers la soumission du groupe, l’autre vers son eradication. C’est dans ce second cas que l’on parlera d’un processus genocidaire. Ainsi, cet article voudrait rompre avec toute definition statique du genocide pour concevoir celui-ci bien davantage comme une dynamique specifique de destruction des civils, produit a la fois de la volonte des acteurs et de circonstances favorables.