Les inegalites sociales ne sont pas dues au processus de socialisation lui-meme, mais a l’amplification des inegalites existant a un etat pre-humain ou aucun accord sur l’institution de valeurs et de significations communes n’a ete trouve. Cet etat est fictif dans la mesure ou les hommes doivent leur humanite et leur survie a un processus d’imposition de normes sociales. Ils sont en fait des sujets sociaux, incapables de survivre en dehors de toute relation sociale. Ce fondement anthropologique est a etablir pour avoir une vision juste des inegalites entre les hommes. De la, on peut distinguer deux types de societes, les societes heteronomes ayant justifie cette inegalite par un ensemble de croyances en la superiorite de certains etres sur d’autres et les societes autonomes ayant enonce l’abstraction d’une egalite des droits et des conditions. L’autonomie est la reconnaissance que l’egalite des conditions est a construire au sein d’un contrat politique a reinventer a chaque epoque pour corriger les inegalites qui persistent dans l’etat social. De ce point de vue, les inegalites deviennent un moteur de creativite sociale, parce que les individus se trouvent constamment dans le besoin de creer de nouvelles institutions pouvant diminuer le poids de celles-la ainsi que le cortege d’injustices engendrees. On evite alors le biais d’une fabrication utopique de l’egalite qui serait la negation d’une caracteristique fondamentale de l’etre humain, a savoir sa puissance de creativite.
{"title":"L'autonomie comme mise en équation de la liberté et de l'égalité","authors":"C. Premat","doi":"10.3917/RISS.190.0737","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/RISS.190.0737","url":null,"abstract":"Les inegalites sociales ne sont pas dues au processus de socialisation lui-meme, mais a l’amplification des inegalites existant a un etat pre-humain ou aucun accord sur l’institution de valeurs et de significations communes n’a ete trouve. Cet etat est fictif dans la mesure ou les hommes doivent leur humanite et leur survie a un processus d’imposition de normes sociales. Ils sont en fait des sujets sociaux, incapables de survivre en dehors de toute relation sociale. Ce fondement anthropologique est a etablir pour avoir une vision juste des inegalites entre les hommes. De la, on peut distinguer deux types de societes, les societes heteronomes ayant justifie cette inegalite par un ensemble de croyances en la superiorite de certains etres sur d’autres et les societes autonomes ayant enonce l’abstraction d’une egalite des droits et des conditions. L’autonomie est la reconnaissance que l’egalite des conditions est a construire au sein d’un contrat politique a reinventer a chaque epoque pour corriger les inegalites qui persistent dans l’etat social. De ce point de vue, les inegalites deviennent un moteur de creativite sociale, parce que les individus se trouvent constamment dans le besoin de creer de nouvelles institutions pouvant diminuer le poids de celles-la ainsi que le cortege d’injustices engendrees. On evite alors le biais d’une fabrication utopique de l’egalite qui serait la negation d’une caracteristique fondamentale de l’etre humain, a savoir sa puissance de creativite.","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"65 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2006-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"115939945","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’article entreprend d’eclairer les liens entre le droit antidiscriminatoire, considere sous l’angle de sa mise en œuvre et de son devenir en termes de politiques publiques, et la statistique en montrant comment, tant chez les chercheurs que chez les activists et « policy makers », la defiance initiale a fait place a une confiance mise dans l’equipement de categories ethniques et/ou raciales. Une premiere partie est relative aux dispositions legales et a leurs contraintes d’operationnalisation. Celle-ci s’efforce de rendre compte de la centralite du dispositif d’« ethnic monitoring » et du tournant « multiculturaliste » de la politique antidiscriminatoire anglaise. L’auteur se penche ensuite sur les justifications et critiques dont ont fait l’objet la confection puis le renouvellement des categories ethniques inscrites dans le recensement en 1991 et 2001.
{"title":"Mobiliser les pouvoirs de la statistique pour l'action antidiscriminatoire : le cas du Royaume-Uni","authors":"Joan Stavo-Debauge","doi":"10.3917/RISS.183.0049","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/RISS.183.0049","url":null,"abstract":"L’article entreprend d’eclairer les liens entre le droit antidiscriminatoire, considere sous l’angle de sa mise en œuvre et de son devenir en termes de politiques publiques, et la statistique en montrant comment, tant chez les chercheurs que chez les activists et « policy makers », la defiance initiale a fait place a une confiance mise dans l’equipement de categories ethniques et/ou raciales. Une premiere partie est relative aux dispositions legales et a leurs contraintes d’operationnalisation. Celle-ci s’efforce de rendre compte de la centralite du dispositif d’« ethnic monitoring » et du tournant « multiculturaliste » de la politique antidiscriminatoire anglaise. L’auteur se penche ensuite sur les justifications et critiques dont ont fait l’objet la confection puis le renouvellement des categories ethniques inscrites dans le recensement en 1991 et 2001.","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2005-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"115333367","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Le racial redistricting est un mode de redecoupage electoral mis en place aux Etats-Unis pendant les annees quatre-vingt-dix. Il a pour objectif et pour effet d’augmenter le nombre de circonscriptions a majorite noire ou hispanique en vue d’accroitre le nombre des elus ayant recu la majorite des suffrages des membres de ces minorites. Le racial redistricting est donc un dispositif public qui prend explicitement en compte l’identite ethno-raciale des individus. Son apparition s’explique par le fait que, dans le contexte juridique et politique de la fin des annees 1980, les redecoupeurs avaient tout interet a adopter un tel dispositif en vue de perenniser leur presence aux postes de pouvoir. Mais a peine le racial redistricting etait-il introduit que sa constitutionnalite allait etre mise en doute. La Cour Supreme definit alors les conditions de validite des classifications raciales dans le processus du redecoupage electoral. Sa jurisprudence complexe repond notamment au souci de minimiser la visibilite de la prise en compte du facteur racial dans le decoupage electoral, et ceci en vue d’integrer plus completement les Noirs (et les Hispaniques) dans le systeme politique americain.
{"title":"Le racial redistricting aux tats-Unis: une introduction la jurisprudence de la Cour suprme","authors":"J. Mignot","doi":"10.3917/RISS.183.0153","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/RISS.183.0153","url":null,"abstract":"Le racial redistricting est un mode de redecoupage electoral mis en place aux Etats-Unis pendant les annees quatre-vingt-dix. Il a pour objectif et pour effet d’augmenter le nombre de circonscriptions a majorite noire ou hispanique en vue d’accroitre le nombre des elus ayant recu la majorite des suffrages des membres de ces minorites. Le racial redistricting est donc un dispositif public qui prend explicitement en compte l’identite ethno-raciale des individus. Son apparition s’explique par le fait que, dans le contexte juridique et politique de la fin des annees 1980, les redecoupeurs avaient tout interet a adopter un tel dispositif en vue de perenniser leur presence aux postes de pouvoir. Mais a peine le racial redistricting etait-il introduit que sa constitutionnalite allait etre mise en doute. La Cour Supreme definit alors les conditions de validite des classifications raciales dans le processus du redecoupage electoral. Sa jurisprudence complexe repond notamment au souci de minimiser la visibilite de la prise en compte du facteur racial dans le decoupage electoral, et ceci en vue d’integrer plus completement les Noirs (et les Hispaniques) dans le systeme politique americain.","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"8 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2005-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"122717201","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La citoyennete americaine, telle qu’elle est proclamee dans la Declaration d’Independance, repose sur le jusnaturalisme. Toutefois, le vocabulaire meme de la Declaration signale egalement la presence d’une autre dimension ideologique que celle des theories du droit naturel et du contrat social. La « nature » et le « Dieu de la nature » sous les auspices desquels se place la Declaration ne representent pas seulement les fondements rationnels de lois morales appelees a s’incarner dans des lois positives. Ils renvoient aussi a un ordre cense refleter la volonte divine, ordre qui institue des divisions et des hierarchies au sein meme de la « nature » en question – y compris la nature humaine. C’est l’alliance, voire la fusion de ces deux dimensions inherentes a la notion de nature – referent ultime garantissant la validite de certains principes protecteurs et socle legitimant des inegalites apparentes – qui constitue sans doute le principal trait distinctif de la philosophie politique americaine. L’objet de cet article est d’analyser l’imbrication des deux logiques apparemment contradictoires que constituent l’universalisme et le « racialisme » et le role de celle-ci dans la genese de la nation americaine, en suivant la trace des deux logiques du discours fondateur de Thomas Jefferson a la subversion critique de W.E.B. Du Bois.
{"title":"La construction de la citoyenneté américaine : une question de droits ou une question de races ?","authors":"M. Bessone","doi":"10.3917/RISS.183.0121","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/RISS.183.0121","url":null,"abstract":"La citoyennete americaine, telle qu’elle est proclamee dans la Declaration d’Independance, repose sur le jusnaturalisme. Toutefois, le vocabulaire meme de la Declaration signale egalement la presence d’une autre dimension ideologique que celle des theories du droit naturel et du contrat social. La « nature » et le « Dieu de la nature » sous les auspices desquels se place la Declaration ne representent pas seulement les fondements rationnels de lois morales appelees a s’incarner dans des lois positives. Ils renvoient aussi a un ordre cense refleter la volonte divine, ordre qui institue des divisions et des hierarchies au sein meme de la « nature » en question – y compris la nature humaine. C’est l’alliance, voire la fusion de ces deux dimensions inherentes a la notion de nature – referent ultime garantissant la validite de certains principes protecteurs et socle legitimant des inegalites apparentes – qui constitue sans doute le principal trait distinctif de la philosophie politique americaine. L’objet de cet article est d’analyser l’imbrication des deux logiques apparemment contradictoires que constituent l’universalisme et le « racialisme » et le role de celle-ci dans la genese de la nation americaine, en suivant la trace des deux logiques du discours fondateur de Thomas Jefferson a la subversion critique de W.E.B. Du Bois.","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"99 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2005-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"127101012","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Les politiques de redistribution ciblees dans les societes multiculturelles peuvent poser un « dilemme de reconnaissance » : les groupes beneficiaires doivent etre officiellement reconnus, definis et parfois mobilises, ce qui renforce les distinctions entre les groupes et menace donc de favoriser les conflits, la discrimination et l’inegalite au lieu d’y remedier. Nombre de gouvernements sont tres conscients de ce dilemme et, pour le resoudre, ils modifient le systeme des categories utilisees dans les politiques de redistribution. Dans la presente etude, on se penchera sur les choix qui s’offrent aux gouvernements – acceptation, negation et substitution – en se concentrant sur cette derniere. La substitution consiste pour un gouvernement a definir pour ses politiques de redistribution des objectifs qui evitent d’accentuer ou de reconnaitre des distinctions genantes entre les groupes tout en permettant une redistribution au profit de ces groupes. La question qui se pose est de savoir si cela fonctionne. La substitution est de plus en plus recherchee dans des pays du monde entier, mais ses effets n’ont guere ete etudies. Deux cas exemplaires sont ici presentes : celui de l’Inde et celui du Nigeria, deux pays qui font l’experience de la substitution depuis les annees 1950, ce qui offre d’amples possibilites d’en etudier les effets a long terme.
{"title":"Politiques ciblées dans les sociétés multiculturelles : acceptation, négation et substitution","authors":"Frank de Zwart","doi":"10.3917/RISS.183.0163","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/RISS.183.0163","url":null,"abstract":"Les politiques de redistribution ciblees dans les societes multiculturelles peuvent poser un « dilemme de reconnaissance » : les groupes beneficiaires doivent etre officiellement reconnus, definis et parfois mobilises, ce qui renforce les distinctions entre les groupes et menace donc de favoriser les conflits, la discrimination et l’inegalite au lieu d’y remedier. Nombre de gouvernements sont tres conscients de ce dilemme et, pour le resoudre, ils modifient le systeme des categories utilisees dans les politiques de redistribution. Dans la presente etude, on se penchera sur les choix qui s’offrent aux gouvernements – acceptation, negation et substitution – en se concentrant sur cette derniere. La substitution consiste pour un gouvernement a definir pour ses politiques de redistribution des objectifs qui evitent d’accentuer ou de reconnaitre des distinctions genantes entre les groupes tout en permettant une redistribution au profit de ces groupes. La question qui se pose est de savoir si cela fonctionne. La substitution est de plus en plus recherchee dans des pays du monde entier, mais ses effets n’ont guere ete etudies. Deux cas exemplaires sont ici presentes : celui de l’Inde et celui du Nigeria, deux pays qui font l’experience de la substitution depuis les annees 1950, ce qui offre d’amples possibilites d’en etudier les effets a long terme.","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"17 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2005-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124923778","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La plupart des « societes multiculturelles » dans le monde tentent d’agir contre les discriminations raciales et certaines, moins nombreuses, ont adopte des politiques volontaristes de promotion de l’egalite qui s’appuient sur un monitoring statistique. L’utilisation intensive de statistiques est requise par l’action contre les discriminations indirectes, concept juridique recemment importe dans l’ensemble des pays de l’Union europeenne depuis 2000. Cependant, l’elaboration et la collecte de donnees statistiques informant sur les discriminations raciales necessitent la mise en place d’un dispositif technique qui souleve des questions de strategie politique et de methodologie d’action. En s’appuyant sur les resultats d’une etude comparative des statistiques mobilisees dans les dispositifs antidiscriminatoires aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada, aux Pays-Bas et en Australie, notre analyse compare les differents modes de collecte et nomenclatures en les replacant dans leur contexte pour relever les compromis effectues entre les imperatifs juridiques et politiques de lutte contre les discriminations et des objectifs de reconnaissance des identites s’inscrivant dans un projet multiculturaliste.
{"title":"La mesure des discriminations raciales : l'usage des statistiques dans les politiques publiques","authors":"P. Simon","doi":"10.3917/RISS.183.0013","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/RISS.183.0013","url":null,"abstract":"La plupart des « societes multiculturelles » dans le monde tentent d’agir contre les discriminations raciales et certaines, moins nombreuses, ont adopte des politiques volontaristes de promotion de l’egalite qui s’appuient sur un monitoring statistique. L’utilisation intensive de statistiques est requise par l’action contre les discriminations indirectes, concept juridique recemment importe dans l’ensemble des pays de l’Union europeenne depuis 2000. Cependant, l’elaboration et la collecte de donnees statistiques informant sur les discriminations raciales necessitent la mise en place d’un dispositif technique qui souleve des questions de strategie politique et de methodologie d’action. En s’appuyant sur les resultats d’une etude comparative des statistiques mobilisees dans les dispositifs antidiscriminatoires aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada, aux Pays-Bas et en Australie, notre analyse compare les differents modes de collecte et nomenclatures en les replacant dans leur contexte pour relever les compromis effectues entre les imperatifs juridiques et politiques de lutte contre les discriminations et des objectifs de reconnaissance des identites s’inscrivant dans un projet multiculturaliste.","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2005-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"122000678","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Aux Etats-Unis, on sait que les politiques antidiscriminatoires se sont appuyees sur les categories raciales jadis explicitement utilisees a des fins de discrimination. Apres avoir brievement retrace l’histoire des dispositifs officiels en matiere de classification raciale et examine leurs relations avec les lois et les pratiques racistes, l’article decrit l’elaboration progressive d’un ensemble de garanties juridiques contre la discrimination raciale, evolution qui trouve son point d’aboutissement dans le Civil Rights Movement des annees 1950, 1960 et 1970. Il est explique comment les statistiques raciales interviennent dans la mise en œuvre de la legislation antidiscriminatoire et indique quelles categories raciales sont aujourd’hui utilisees a cette fin. Les debats souleves par la collecte d’informations sur les appartenances raciales destinees a faciliter ladite mise en œuvre sont egalement evoques. En conclusion, il est suggere que, si le principe d’une classification raciale officielle suscite depuis peu des critiques politiques autonomes, l’element le plus notable est la prise de conscience actuellement perceptible des tensions existant entre les exigences du systeme mis en place pour faire respecter les lois antidiscriminatoires et l’emergence d’un « droit » des Americains a definir eux-memes librement leur appartenance raciale, bref, entre la politique de la repartition et celle de la reconnaissance.
{"title":"De l'épée au bouclier : des usages discriminatoires et antidiscriminatoires de la race aux États-Unis","authors":"Ann Morning, D. Sabbagh","doi":"10.3917/RISS.183.0063","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/RISS.183.0063","url":null,"abstract":"Aux Etats-Unis, on sait que les politiques antidiscriminatoires se sont appuyees sur les categories raciales jadis explicitement utilisees a des fins de discrimination. Apres avoir brievement retrace l’histoire des dispositifs officiels en matiere de classification raciale et examine leurs relations avec les lois et les pratiques racistes, l’article decrit l’elaboration progressive d’un ensemble de garanties juridiques contre la discrimination raciale, evolution qui trouve son point d’aboutissement dans le Civil Rights Movement des annees 1950, 1960 et 1970. Il est explique comment les statistiques raciales interviennent dans la mise en œuvre de la legislation antidiscriminatoire et indique quelles categories raciales sont aujourd’hui utilisees a cette fin. Les debats souleves par la collecte d’informations sur les appartenances raciales destinees a faciliter ladite mise en œuvre sont egalement evoques. En conclusion, il est suggere que, si le principe d’une classification raciale officielle suscite depuis peu des critiques politiques autonomes, l’element le plus notable est la prise de conscience actuellement perceptible des tensions existant entre les exigences du systeme mis en place pour faire respecter les lois antidiscriminatoires et l’emergence d’un « droit » des Americains a definir eux-memes librement leur appartenance raciale, bref, entre la politique de la repartition et celle de la reconnaissance.","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"183 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2005-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"129387142","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Si « refleter la diversite de la population francaise » est aujourd’hui un objectif affiche par les partis politiques, les chaines de television, les grandes entreprises ou les etablissements d’enseignement superieur, le lieu de sa formulation initiale est la fonction publique de l’Etat. Dans ce contexte, le theme en question est indissociable de l’importation d’un modele de « bureaucratie representative » specifiquement americain, importation elle-meme determinee par des considerations pragmatiques et liee aux problemes specifiques rencontres par deux corps de la fonction publique : l’armee et la police nationale. En revanche, la generalisation a tous les agents de l’Etat de cet objectif de « diversite » et la priorite plus ou moins explicite accordee a la dimension « ethnique » de celle-ci souleve, en France, des difficultes insolubles, tant au plan sociologique qu’au plan juridique.
{"title":"« Refléter la diversité de la population française » : naissance et développement d'un objectif flou","authors":"G. Calvès","doi":"10.3917/RISS.183.0177","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/RISS.183.0177","url":null,"abstract":"Si « refleter la diversite de la population francaise » est aujourd’hui un objectif affiche par les partis politiques, les chaines de television, les grandes entreprises ou les etablissements d’enseignement superieur, le lieu de sa formulation initiale est la fonction publique de l’Etat. Dans ce contexte, le theme en question est indissociable de l’importation d’un modele de « bureaucratie representative » specifiquement americain, importation elle-meme determinee par des considerations pragmatiques et liee aux problemes specifiques rencontres par deux corps de la fonction publique : l’armee et la police nationale. En revanche, la generalisation a tous les agents de l’Etat de cet objectif de « diversite » et la priorite plus ou moins explicite accordee a la dimension « ethnique » de celle-ci souleve, en France, des difficultes insolubles, tant au plan sociologique qu’au plan juridique.","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"198 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2005-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"114190038","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’article resume d’abord l’histoire des politiques relatives aux minorites ethniques aux Pays-Bas et le developpement des categories « minorite ethnique » et « allochtone » originales en ce qu’elles font du handicap socioeconomique une dimension constitutive du statut de minorite et replacent la question des minorites dans le cadre politique neerlandais plus large du systeme dit des « piliers ». L’article examine ensuite la place des statistiques dans l’elaboration des politiques gouvernementales, sachant que le recensement national n’est plus effectue depuis 1971, et s’attache plus precisement au cas de l’education, ou des efforts statistiques majeurs sont consacres a l’identification des processus de handicap et d’integration. Enfin, l’article examine brievement les debats actuels sur la situation des minorites ethniques aux Pays-Bas dans le contexte d’une remise en cause de plus en plus vive des modeles neerlandais existants en matiere de politiques concernant les minorites.
{"title":"Le suivi des minorités ethniques aux Pays-Bas","authors":"V. Guiraudon, Karen Phalet, Jessika ter Wal","doi":"10.3917/RISS.183.0083","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/RISS.183.0083","url":null,"abstract":"L’article resume d’abord l’histoire des politiques relatives aux minorites ethniques aux Pays-Bas et le developpement des categories « minorite ethnique » et « allochtone » originales en ce qu’elles font du handicap socioeconomique une dimension constitutive du statut de minorite et replacent la question des minorites dans le cadre politique neerlandais plus large du systeme dit des « piliers ». L’article examine ensuite la place des statistiques dans l’elaboration des politiques gouvernementales, sachant que le recensement national n’est plus effectue depuis 1971, et s’attache plus precisement au cas de l’education, ou des efforts statistiques majeurs sont consacres a l’identification des processus de handicap et d’integration. Enfin, l’article examine brievement les debats actuels sur la situation des minorites ethniques aux Pays-Bas dans le contexte d’une remise en cause de plus en plus vive des modeles neerlandais existants en matiere de politiques concernant les minorites.","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"27 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2005-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"122011438","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
En jouant un role central dans le gouvernement post-keynesien de division raciale et de la gestion de la pauvrete, le systeme carceral surdimensionne caracteristique des Etats-Unis est devenu un facteur preeminent dans le (re)modelage de la race et de la citoyennete. Il ne se borne pas a materialiser le clivage racial par son assimilation pratique de la couleur noire a la criminalite et a la violence pathologique. Tout comme l’esclavage avait realise la « mort sociale » des captifs africains importes et de leurs descendants avant l’abolition, l’incarceration massive d’Afro-Americains entraine la mort civique de ceux qu’il piege en les excluant du contrat social. Les detenus sont la cible d’un triple mouvement d’enfermement exclusionniste qui leur refuse l’acces au capital culturel institutionnalise, leur interdit de beneficier de la redistribution sociale et les disqualifie de la participation politique. La legislation de decheance penale des droits civiques qui interdit a pres de deux millions d’Americains noirs de voter les (re)place dans le role historique d’antithese vivante de l’« Americain modele ». L’etroite parente entre la rhetorique et la politique d’expurgation politique des detenus au tournant du siecle et celles de l’exclusion des Noirs au cours des epoques precedentes permet de penser que la blackness constitue le crime civique primordial selon la conception durkheimienne du crime considere comme « un acte qui blesse des etats forts de la conscience collective », en l’occurrence la representation idealisee que l’Amerique se fait d’elle-meme comme la terre promise de la liberte, de l’egalite et de l’autodetermination. En reactivant et en modernisant la logique de l’infamia racialisee, l’excommunication des criminels nous rappelle que la division en castes est un element constitutif et non pas teratologique du republicanisme americain. Elle atteste le caractere stratifie et restrictif de la citoyennete americaine a l’aube du nouveau millenaire.
{"title":"La race comme crime civique","authors":"Loïc Wacquant","doi":"10.3917/RISS.183.0135","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/RISS.183.0135","url":null,"abstract":"En jouant un role central dans le gouvernement post-keynesien de division raciale et de la gestion de la pauvrete, le systeme carceral surdimensionne caracteristique des Etats-Unis est devenu un facteur preeminent dans le (re)modelage de la race et de la citoyennete. Il ne se borne pas a materialiser le clivage racial par son assimilation pratique de la couleur noire a la criminalite et a la violence pathologique. Tout comme l’esclavage avait realise la « mort sociale » des captifs africains importes et de leurs descendants avant l’abolition, l’incarceration massive d’Afro-Americains entraine la mort civique de ceux qu’il piege en les excluant du contrat social. Les detenus sont la cible d’un triple mouvement d’enfermement exclusionniste qui leur refuse l’acces au capital culturel institutionnalise, leur interdit de beneficier de la redistribution sociale et les disqualifie de la participation politique. La legislation de decheance penale des droits civiques qui interdit a pres de deux millions d’Americains noirs de voter les (re)place dans le role historique d’antithese vivante de l’« Americain modele ». L’etroite parente entre la rhetorique et la politique d’expurgation politique des detenus au tournant du siecle et celles de l’exclusion des Noirs au cours des epoques precedentes permet de penser que la blackness constitue le crime civique primordial selon la conception durkheimienne du crime considere comme « un acte qui blesse des etats forts de la conscience collective », en l’occurrence la representation idealisee que l’Amerique se fait d’elle-meme comme la terre promise de la liberte, de l’egalite et de l’autodetermination. En reactivant et en modernisant la logique de l’infamia racialisee, l’excommunication des criminels nous rappelle que la division en castes est un element constitutif et non pas teratologique du republicanisme americain. Elle atteste le caractere stratifie et restrictif de la citoyennete americaine a l’aube du nouveau millenaire.","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"326 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2005-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"132981326","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}