{"title":"La salle de bains Art nouveau du château Laurens à Agde (Hérault)","authors":"Bruno Montamat","doi":"10.4000/insitu.39354","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Au sein de ce parfait représentant de l’éclectisme décoratif en vogue autour de 1900 qu’est le château Laurens à Agde (Hérault), la salle de bains conçue par le Parisien Eugène-Martial Simas apparaît comme un exemple idéal des paradoxes de l’Art nouveau : un ensemble d’art décoratif unique conçu de manière rationnelle à partir de l’union de l’art et de l’industrie. En effet, ce décorateur de théâtre, attiré un temps par les arts industriels, a largement puisé dans les productions de la manufacture de faïences de Sarreguemines et de la maison parisienne Fontaine (serrurerie) pour imaginer une salle d’hygiène à la gloire des bienfaits de l’eau. Si la présence de carreaux et de serrureries créés par les ténors de L’Art dans Tout (Félix Aubert, Alexandre Charpentier) a longtemps fait passer Emmanuel Laurens, propriétaire du château, pour un esthète du Midi oublié, c’est en raison de la méconnaissance du rôle fondamental qu’ont pu jouer en province les tapissiers-décorateurs locaux, relais des nouvelles tendances décoratives auprès d’une bourgeoisie séduite par une certaine modernité. Enfin, par sa théâtralité, cette architecture de céramique s’inscrit dans un symbolisme subtil qui fait écho aux théories spirituelles de ce penseur nébuleux qu’était Laurens, félibre et grand admirateur du mythique ascétisme cathare pour lequel l’eau a des vertus purificatrices. Cette salle de bains de 1898 apparaîtrait alors comme le premier acte de fondation d’un lieu dédié au dépassement nietzschéen, issu d’un ésotérisme chrétien fin de siècle.","PeriodicalId":53866,"journal":{"name":"In Situ-Revue de Patrimoines","volume":"14 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2023-09-25","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"In Situ-Revue de Patrimoines","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/insitu.39354","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"HUMANITIES, MULTIDISCIPLINARY","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Au sein de ce parfait représentant de l’éclectisme décoratif en vogue autour de 1900 qu’est le château Laurens à Agde (Hérault), la salle de bains conçue par le Parisien Eugène-Martial Simas apparaît comme un exemple idéal des paradoxes de l’Art nouveau : un ensemble d’art décoratif unique conçu de manière rationnelle à partir de l’union de l’art et de l’industrie. En effet, ce décorateur de théâtre, attiré un temps par les arts industriels, a largement puisé dans les productions de la manufacture de faïences de Sarreguemines et de la maison parisienne Fontaine (serrurerie) pour imaginer une salle d’hygiène à la gloire des bienfaits de l’eau. Si la présence de carreaux et de serrureries créés par les ténors de L’Art dans Tout (Félix Aubert, Alexandre Charpentier) a longtemps fait passer Emmanuel Laurens, propriétaire du château, pour un esthète du Midi oublié, c’est en raison de la méconnaissance du rôle fondamental qu’ont pu jouer en province les tapissiers-décorateurs locaux, relais des nouvelles tendances décoratives auprès d’une bourgeoisie séduite par une certaine modernité. Enfin, par sa théâtralité, cette architecture de céramique s’inscrit dans un symbolisme subtil qui fait écho aux théories spirituelles de ce penseur nébuleux qu’était Laurens, félibre et grand admirateur du mythique ascétisme cathare pour lequel l’eau a des vertus purificatrices. Cette salle de bains de 1898 apparaîtrait alors comme le premier acte de fondation d’un lieu dédié au dépassement nietzschéen, issu d’un ésotérisme chrétien fin de siècle.