Monica Saucedo, Catherine Deneux-Tharaux, le Comité National d’Experts sur les Mort Maternelles
{"title":"Mortalité maternelle en France, 2016–2018, fréquence, causes et profil des femmes","authors":"Monica Saucedo, Catherine Deneux-Tharaux, le Comité National d’Experts sur les Mort Maternelles","doi":"10.1016/j.anrea.2024.03.005","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Décrire, pour la période 2016–2018, la fréquence, les causes et les facteurs de risque des morts maternelles (MM) en France.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Données issues de l’enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles pour 2016–2018.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Pour la période 2016–2018, 272 morts maternelles sont survenues en France pendant une grossesse ou dans l’année qui a suivi sa terminaison, soit un ratio de mortalité maternelle (RMM) de 11,8 décès pour 100 000 naissances vivantes (NV) (IC95 % 10,4–13,3), et de 8,5 (IC95 % 7,4–9,8) pour la mortalité jusqu’à 42<!--> <!-->jours. Par rapport aux femmes âgées de 20–24<!--> <!-->ans, le risque est multiplié par 2,6 pour les femmes âgées de 35–39<!--> <!-->ans, par 5 à partir de 40<!--> <!-->ans. Les femmes obèses sont 2 fois plus fréquentes parmi les morts maternelles (26 %) que dans la population générale des femmes enceintes (11 %). Il existe des disparités territoriales – les femmes résidant dans les DROMs, présentent un risque de mortalité maternelle multiplié par 2 par rapport à celles de métropole (différence significative mais de moindre ampleur qu’en 2013–2015) –, et des disparités sociales, la mortalité des femmes migrantes est plus élevée que celle des femmes nées en France, surmortalité particulièrement marquée pour les femmes nées en Afrique subsaharienne dont le risque est 3 fois celui des femmes nées en France. Une femme décédée sur trois (34 %) présentait au moins un critère de vulnérabilité socio-économique versus 22 % dans la population globale des parturientes. La place prépondérante des suicides et causes psychiatriques se confirme pour la période de la période 2016–2018, 1<sup>re</sup> cause de mortalité maternelle considérée jusqu’à 1 an (17 %), avec un RMM de 1,9/100 000 NV, soit environ un décès de cause psychiatrique toutes les 3 semaines. Les maladies cardiovasculaires sont la 2<sup>e</sup> cause de MM jusqu’à 1 an (14 %) et la 1<sup>re</sup> cause de MM jusqu’à 42<!--> <!-->jours (16 %), avec 1,3 décès pour 100 000 NV. L’embolie amniotique se place comme la 3<sup>e</sup> cause (8 %) (et 2<sup>e</sup> cause, 11 %, de MM jusqu’à 42<!--> <!-->jours), avec un RMM de 0,9 pour 100 000 NV. Après une baisse régulière, la mortalité maternelle par hémorragie obstétricale est à un niveau stable par rapport au triennium précédent 2013–2015, RMM de 0,9/100 000 NV, soit la 5<sup>e</sup> cause de MM à 1 an (7 %), 4<sup>e</sup> cause de MM jusqu’à 42<!--> <!-->jours (10 %).</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Le ratio global de mortalité maternelle ne montre pas de tendance à la baisse, même à méthode et périmètre constants. Des inégalités territoriales persistent mais changent dans leur ampleur et dans les régions concernées. Les inégalités sociales sont marquées et demeurent inchangées. Le profil des causes de mortalité maternelle considérée jusqu’à 1 an après la grossesse montre la place prépondérante des suicides et des maladies cardiovasculaires, ce qui rappelle que la santé des femmes enceintes ou récemment accouchées ne se limite pas à la sphère obstétricale, et souligne l’importance de la multidisciplinarité dans la prise en charge et l’organisation des soins autour des femmes dans cette période.</p></div><div><h3>Objective</h3><p>To describe, for the 2016–2018 period, the frequency, causes, and risk factors of maternal deaths in France.</p></div><div><h3>Method</h3><p>Data from the National Confidential Enquiry into Maternal Deaths for 2016–2018.</p></div><div><h3>Results</h3><p>For 2016–2018, 272 maternal deaths occurred in France up to 1 year after the end of pregnancy, i.e., a maternal mortality ratio of 11,8 per 100,000 live births (95%CI 10,4–13,3), and 8.5 (95%CI 7,4–9,8) for maternal mortality up to 42 days. Compared to women aged 20–24, the risk of maternal death is multiplied by 2.6 for women aged 35–39, by 5 for women aged 40 and over. Obese women are twice as frequent among maternal deaths (26%) than in the general population of parturients (11%). There are territorial disparities – the maternal mortality ratio in the French overseas departments is 2 times higher than in metropolitan France (significant difference but smaller than in 2013–2015) –, and social disparities – the mortality of migrant women remains higher than that of women born in France, particularly for women born in sub-Saharan Africa whose risk is 3 times higher than that of native women. One in three women who died (34%) had socio-economic vulnerability versus 22% in the overall population of parturients. Among causes of maternal deaths, the predominant role of psychiatric conditions (mostly suicides) is confirmed for the period 2016–2018, leading cause of maternal mortality considered up to 1 year (17%), MMR of 1.9/100,000 NV. i.e. approximately one death from psychiatric causes every 3 weeks. Cardiovascular diseases are the second leading cause of maternal mortality up to one year (14%) and the leading cause up to 42 days (16%), with 1.3 deaths per 100,000 NV. Amniotic fluid embolism ranks as the 3rd cause (8%) (2nd cause, 11%, for MM limited to 42 days), i.e. MMR of 0.9 per 100,000 NV. After a regular decline over the last decade, maternal mortality from obstetric hemorrhage is at a stable level compared to the previous triennium 2013–2015, MMR of 0.9/100,000 NV, i.e. 5th cause of MM up to one year (7%) and 4th cause of MM up to 42 days.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>The overall national maternal mortality ratio does not show a downward trend, even with constant surveillance method. Territorial inequalities persist but change in their magnitude and in the regions concerned. The profile of the causes of maternal mortality up to one year of the pregnancy end shows the leading role of suicides and cardiovascular diseases, which illustrates that the health of pregnant women or those who have recently given birth is not limited to the obstetric domain, and highlights the importance of multidisciplinarity in the management and organization of care for women in this period.</p></div>","PeriodicalId":42551,"journal":{"name":"Anesthesie & Reanimation","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.2000,"publicationDate":"2024-05-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352580024000650/pdfft?md5=4cdefe89ebaa2adf0b20539923e7925c&pid=1-s2.0-S2352580024000650-main.pdf","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Anesthesie & Reanimation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352580024000650","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"ANESTHESIOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
Décrire, pour la période 2016–2018, la fréquence, les causes et les facteurs de risque des morts maternelles (MM) en France.
Méthode
Données issues de l’enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles pour 2016–2018.
Résultats
Pour la période 2016–2018, 272 morts maternelles sont survenues en France pendant une grossesse ou dans l’année qui a suivi sa terminaison, soit un ratio de mortalité maternelle (RMM) de 11,8 décès pour 100 000 naissances vivantes (NV) (IC95 % 10,4–13,3), et de 8,5 (IC95 % 7,4–9,8) pour la mortalité jusqu’à 42 jours. Par rapport aux femmes âgées de 20–24 ans, le risque est multiplié par 2,6 pour les femmes âgées de 35–39 ans, par 5 à partir de 40 ans. Les femmes obèses sont 2 fois plus fréquentes parmi les morts maternelles (26 %) que dans la population générale des femmes enceintes (11 %). Il existe des disparités territoriales – les femmes résidant dans les DROMs, présentent un risque de mortalité maternelle multiplié par 2 par rapport à celles de métropole (différence significative mais de moindre ampleur qu’en 2013–2015) –, et des disparités sociales, la mortalité des femmes migrantes est plus élevée que celle des femmes nées en France, surmortalité particulièrement marquée pour les femmes nées en Afrique subsaharienne dont le risque est 3 fois celui des femmes nées en France. Une femme décédée sur trois (34 %) présentait au moins un critère de vulnérabilité socio-économique versus 22 % dans la population globale des parturientes. La place prépondérante des suicides et causes psychiatriques se confirme pour la période de la période 2016–2018, 1re cause de mortalité maternelle considérée jusqu’à 1 an (17 %), avec un RMM de 1,9/100 000 NV, soit environ un décès de cause psychiatrique toutes les 3 semaines. Les maladies cardiovasculaires sont la 2e cause de MM jusqu’à 1 an (14 %) et la 1re cause de MM jusqu’à 42 jours (16 %), avec 1,3 décès pour 100 000 NV. L’embolie amniotique se place comme la 3e cause (8 %) (et 2e cause, 11 %, de MM jusqu’à 42 jours), avec un RMM de 0,9 pour 100 000 NV. Après une baisse régulière, la mortalité maternelle par hémorragie obstétricale est à un niveau stable par rapport au triennium précédent 2013–2015, RMM de 0,9/100 000 NV, soit la 5e cause de MM à 1 an (7 %), 4e cause de MM jusqu’à 42 jours (10 %).
Conclusion
Le ratio global de mortalité maternelle ne montre pas de tendance à la baisse, même à méthode et périmètre constants. Des inégalités territoriales persistent mais changent dans leur ampleur et dans les régions concernées. Les inégalités sociales sont marquées et demeurent inchangées. Le profil des causes de mortalité maternelle considérée jusqu’à 1 an après la grossesse montre la place prépondérante des suicides et des maladies cardiovasculaires, ce qui rappelle que la santé des femmes enceintes ou récemment accouchées ne se limite pas à la sphère obstétricale, et souligne l’importance de la multidisciplinarité dans la prise en charge et l’organisation des soins autour des femmes dans cette période.
Objective
To describe, for the 2016–2018 period, the frequency, causes, and risk factors of maternal deaths in France.
Method
Data from the National Confidential Enquiry into Maternal Deaths for 2016–2018.
Results
For 2016–2018, 272 maternal deaths occurred in France up to 1 year after the end of pregnancy, i.e., a maternal mortality ratio of 11,8 per 100,000 live births (95%CI 10,4–13,3), and 8.5 (95%CI 7,4–9,8) for maternal mortality up to 42 days. Compared to women aged 20–24, the risk of maternal death is multiplied by 2.6 for women aged 35–39, by 5 for women aged 40 and over. Obese women are twice as frequent among maternal deaths (26%) than in the general population of parturients (11%). There are territorial disparities – the maternal mortality ratio in the French overseas departments is 2 times higher than in metropolitan France (significant difference but smaller than in 2013–2015) –, and social disparities – the mortality of migrant women remains higher than that of women born in France, particularly for women born in sub-Saharan Africa whose risk is 3 times higher than that of native women. One in three women who died (34%) had socio-economic vulnerability versus 22% in the overall population of parturients. Among causes of maternal deaths, the predominant role of psychiatric conditions (mostly suicides) is confirmed for the period 2016–2018, leading cause of maternal mortality considered up to 1 year (17%), MMR of 1.9/100,000 NV. i.e. approximately one death from psychiatric causes every 3 weeks. Cardiovascular diseases are the second leading cause of maternal mortality up to one year (14%) and the leading cause up to 42 days (16%), with 1.3 deaths per 100,000 NV. Amniotic fluid embolism ranks as the 3rd cause (8%) (2nd cause, 11%, for MM limited to 42 days), i.e. MMR of 0.9 per 100,000 NV. After a regular decline over the last decade, maternal mortality from obstetric hemorrhage is at a stable level compared to the previous triennium 2013–2015, MMR of 0.9/100,000 NV, i.e. 5th cause of MM up to one year (7%) and 4th cause of MM up to 42 days.
Conclusion
The overall national maternal mortality ratio does not show a downward trend, even with constant surveillance method. Territorial inequalities persist but change in their magnitude and in the regions concerned. The profile of the causes of maternal mortality up to one year of the pregnancy end shows the leading role of suicides and cardiovascular diseases, which illustrates that the health of pregnant women or those who have recently given birth is not limited to the obstetric domain, and highlights the importance of multidisciplinarity in the management and organization of care for women in this period.