Elizabeth Grossetti, Véronique Tessier, Eugênia Gomes, pour le Comité national d’experts sur la mortalité maternelle
{"title":"Mortalité maternelle chez les femmes avec vulnérabilité sociale en France 2016–2018","authors":"Elizabeth Grossetti, Véronique Tessier, Eugênia Gomes, pour le Comité national d’experts sur la mortalité maternelle","doi":"10.1016/j.anrea.2024.03.017","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Les situations de vulnérabilité sociale sont un facteur connu de risque médical en périnatalité, autant sur le versant fœtal que maternel. Dans le cadre de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM), l’introduction en 2015 d’items spécifiques concernant le statut social a permis de recréer cette variable composite. Sur la période 2016–2018, une femme décédée sur trois était en situation de vulnérabilité sociale. Parmi ces 79 décès, 32 (41 %) sont en rapport avec des causes obstétricales directes, 26 (33 %) en rapport avec des causes obstétricales indirectes, 12 (15 %) en rapport avec des suicides et 8 (10 %) de cause inconnue. Les soins ont été estimés sous-optimaux dans 73 % des cas contre 64 % dans le groupe des morts maternelles sans vulnérabilité sociale identifiée. Quarante-trois décès ont été jugés probablement (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->12) ou peut-être (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->31) évitables, 25 non évitables, et 11 n’étaient pas assez documentés pour cette évaluation ; soit une proportion de 63 % d’évitabilité probable ou possible, proportion plus importante comparée à celle de 56 % d’évitabilité chez les femmes sans vulnérabilité sociale identifiée. Dans un tiers des décès maternels, un défaut d’interaction entre la femme et le système de soins était impliqué dans la chaîne des événements ayant conduit au décès, soit 2 fois plus que chez les femmes non socialement vulnérables. L’amélioration de l’interaction de la femme en situation de vulnérabilité sociale avec le système hospitalier et les réseaux institutionnels et associatifs de soins, d’accueil et d’accompagnement est une priorité. Une organisation médico-sociale spécifique et réactive pourrait y contribuer.</p></div><div><p>Social vulnerability is a known factor in perinatal medical risk, both for the foetus and the mother. As part of the French confidential enquiry into maternal deaths, the introduction in 2015 of specific items relating to social status has made it possible to recreate this composite variable. Over the period 2016–2018, one woman in three who died was in a situation of social vulnerability. Of these 79 deaths, 32 (41%) were related to direct obstetric causes, 26 (33%) to indirect obstetric causes, 12 (15%) to suicides and 8 (10%) of unknown cause. Care was considered sub-optimal in 73% of cases, compared with 64% in the group of maternal deaths with no identified social vulnerability. Forty-three deaths were judged to be probably (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->12) or possibly (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->31) avoidable, 25 were not avoidable, and 11 were not sufficiently documented for this assessment; i.e. a proportion of 63% of probable or possible avoidability, a higher proportion compared with the 56% of avoidability among women with no identified social vulnerability. In one third of maternal deaths, a lack of interaction between the woman and the healthcare system was involved in the chain of events leading to death, <em>i.e.</em><em>,</em> 2 times more than in the case of socially non-vulnerable women. Improving the interaction of women in socially vulnerable situations with the hospital system and the institutional and voluntary networks providing care, support and assistance is a priority. A specific, responsive medical and social organisation could contribute to this.</p></div>","PeriodicalId":42551,"journal":{"name":"Anesthesie & Reanimation","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.2000,"publicationDate":"2024-05-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Anesthesie & Reanimation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352580024000777","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"ANESTHESIOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les situations de vulnérabilité sociale sont un facteur connu de risque médical en périnatalité, autant sur le versant fœtal que maternel. Dans le cadre de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM), l’introduction en 2015 d’items spécifiques concernant le statut social a permis de recréer cette variable composite. Sur la période 2016–2018, une femme décédée sur trois était en situation de vulnérabilité sociale. Parmi ces 79 décès, 32 (41 %) sont en rapport avec des causes obstétricales directes, 26 (33 %) en rapport avec des causes obstétricales indirectes, 12 (15 %) en rapport avec des suicides et 8 (10 %) de cause inconnue. Les soins ont été estimés sous-optimaux dans 73 % des cas contre 64 % dans le groupe des morts maternelles sans vulnérabilité sociale identifiée. Quarante-trois décès ont été jugés probablement (n = 12) ou peut-être (n = 31) évitables, 25 non évitables, et 11 n’étaient pas assez documentés pour cette évaluation ; soit une proportion de 63 % d’évitabilité probable ou possible, proportion plus importante comparée à celle de 56 % d’évitabilité chez les femmes sans vulnérabilité sociale identifiée. Dans un tiers des décès maternels, un défaut d’interaction entre la femme et le système de soins était impliqué dans la chaîne des événements ayant conduit au décès, soit 2 fois plus que chez les femmes non socialement vulnérables. L’amélioration de l’interaction de la femme en situation de vulnérabilité sociale avec le système hospitalier et les réseaux institutionnels et associatifs de soins, d’accueil et d’accompagnement est une priorité. Une organisation médico-sociale spécifique et réactive pourrait y contribuer.
Social vulnerability is a known factor in perinatal medical risk, both for the foetus and the mother. As part of the French confidential enquiry into maternal deaths, the introduction in 2015 of specific items relating to social status has made it possible to recreate this composite variable. Over the period 2016–2018, one woman in three who died was in a situation of social vulnerability. Of these 79 deaths, 32 (41%) were related to direct obstetric causes, 26 (33%) to indirect obstetric causes, 12 (15%) to suicides and 8 (10%) of unknown cause. Care was considered sub-optimal in 73% of cases, compared with 64% in the group of maternal deaths with no identified social vulnerability. Forty-three deaths were judged to be probably (n = 12) or possibly (n = 31) avoidable, 25 were not avoidable, and 11 were not sufficiently documented for this assessment; i.e. a proportion of 63% of probable or possible avoidability, a higher proportion compared with the 56% of avoidability among women with no identified social vulnerability. In one third of maternal deaths, a lack of interaction between the woman and the healthcare system was involved in the chain of events leading to death, i.e., 2 times more than in the case of socially non-vulnerable women. Improving the interaction of women in socially vulnerable situations with the hospital system and the institutional and voluntary networks providing care, support and assistance is a priority. A specific, responsive medical and social organisation could contribute to this.