{"title":"Du neutre, ici en français mais également là(-bas) en arabe","authors":"Manuel Sartori","doi":"10.1163/15700585-20231681","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<h2>Résumé</h2><p>Cet article ambitionne d’interroger, pour l’arabe, les emplois neutres du point de vue du genre de réalités qui ne le sont pas forcément du point de vue grammatical. Il montre que certaines formes dites « masculines » ont en fait un emploi neutre du point de vue du genre, faisant <em>fonctionnellement</em> de ce « masculin » un neutre par défaut. Ceci rappelle qu’il n’y a pas de relation biunivoque entre genre grammatical d’une part et identité sexuée d’autre part. Pour ce faire, plusieurs exemples sont pris qui illustrent à la fois des emplois neutralisés du point de vue du genre, mais aussi des formes de neutralisation où le masculin originel a été amputé de sa marque spécifique de masculin, et qui rappellent enfin l’existence de formes intrinsèquement neutres. L’article montre particulièrement par le biais des démonstratifs d’éloignement (<em>ḏālika</em>, ...) et des déictiques « là » (<em>hunāka</em>) et « là-bas » (<em>hunālika</em>), qui sont tous formés par l’adjonction du <em>kāf al-ḫiṭāb</em> (« kāf d’adresse ») et qui connaissaient tous originellement une flexion (<em>ḏāliki, hunākumā, hunālikum</em>, etc.), que nous voyons à l’œuvre le figement en <em>-ka</em> de ce <em>kāf al-ḫiṭāb</em>. Ce figement n’est pas l’écrasement du féminin et du non-singulier au profit du seul masculin singulier, mais le résultat d’un emploi neutralisé, par recours à la forme la moins marquée du système. La fin est d’éviter une flexion en genre et nombre en fonction de celui (désormais neutre) à qui l’on s’adresse.</p>","PeriodicalId":8163,"journal":{"name":"Arabica","volume":"47 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.2000,"publicationDate":"2024-07-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Arabica","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1163/15700585-20231681","RegionNum":4,"RegionCategory":"哲学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q2","JCRName":"HISTORY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Résumé
Cet article ambitionne d’interroger, pour l’arabe, les emplois neutres du point de vue du genre de réalités qui ne le sont pas forcément du point de vue grammatical. Il montre que certaines formes dites « masculines » ont en fait un emploi neutre du point de vue du genre, faisant fonctionnellement de ce « masculin » un neutre par défaut. Ceci rappelle qu’il n’y a pas de relation biunivoque entre genre grammatical d’une part et identité sexuée d’autre part. Pour ce faire, plusieurs exemples sont pris qui illustrent à la fois des emplois neutralisés du point de vue du genre, mais aussi des formes de neutralisation où le masculin originel a été amputé de sa marque spécifique de masculin, et qui rappellent enfin l’existence de formes intrinsèquement neutres. L’article montre particulièrement par le biais des démonstratifs d’éloignement (ḏālika, ...) et des déictiques « là » (hunāka) et « là-bas » (hunālika), qui sont tous formés par l’adjonction du kāf al-ḫiṭāb (« kāf d’adresse ») et qui connaissaient tous originellement une flexion (ḏāliki, hunākumā, hunālikum, etc.), que nous voyons à l’œuvre le figement en -ka de ce kāf al-ḫiṭāb. Ce figement n’est pas l’écrasement du féminin et du non-singulier au profit du seul masculin singulier, mais le résultat d’un emploi neutralisé, par recours à la forme la moins marquée du système. La fin est d’éviter une flexion en genre et nombre en fonction de celui (désormais neutre) à qui l’on s’adresse.