{"title":"Soirée alcoolisée de gel hydroalcoolique","authors":"Alexandr Gish , Raphael Cornez , Florian Hakim , Grenier Corentin , Camille Richeval , Luc Humbert , Jean-François Wiart , Delphine Allorge , Jean-michel Gaulier","doi":"10.1016/j.toxac.2024.09.010","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>Rapporter un cas d’un décès en lien avec une ingestion massive de gel hydroalcoolique lors d’une soirée.</div></div><div><h3>Histoire du cas</h3><div>Le corps d’un homme de 58<!--> <!-->ans est retrouvé par les pompiers au décours d’une soirée alcoolisée. Des témoins rapportent une consommation de boissons alcoolisées de l’ensemble des participants à la soirée, et que certains d’entre eux auraient fait ingurgiter du gel hydroalcoolique (SHA) à la victime qui a ensuite été victime d’un malaise et placée en PLS. Il est retrouvé la présence de nombreux flacons de SHA à proximité du corps. Les antécédents du défunt rapportent une consommation chronique excessive d’alcool. À l’autopsie, il n’a pas été retrouvé de lésions traumatiques. Il a été mis en évidence une présence d’un œdème pulmonaire et d’une congestion polyviscérale non spécifique évoquant une cause de décès toxique. Les prélèvements autopsiques et les flacons de SHA sont transmis au laboratoire.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Les échantillons ont été analysé par GC-FID, CL-MS/MS, CL-SMHR à la recherche et dosages des alcools et des autres xénobiotiques.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Les analyses ont permis de mettre en évidence de l’alcoolémie à 5,08<!--> <!-->g/L dans le sang périphérique et à 5,98<!--> <!-->g/L dans l’humeur vitrée du défunt. Il n’a pas été détecté la présence d’autres xénobiotiques dans les prélèvements autopsiques de la victime.</div></div><div><h3>Discussion/Conclusion</h3><div>Dans le monde, 2,6 millions de décès étaient attribuables à la consommation d’alcool en 2019 [OMS]. Les concentrations dans le sang périphérique supérieures à 5<!--> <!-->g/L sont généralement compatibles avec la survenue d’effets toxiques majeurs (coma et dépression respiratoire) potentiellement létaux [Deveaux M. 1998, pp 111–126. Elsevier. Paris]. La concentration d’alcool dans l’humeur vitrée permet d’écarter l’hypothèse d’impact de production post-mortem d’éthanol sur l’alcoolémie mesurée. Les flacons de SHA retrouvés à la proximité du corps ne contenaient que de l’éthanol, à l’exclusion de tout autre alcool, et présentaient un degré alcoolique à 70<!--> <!-->°C correspondant à environ 56<!--> <!-->g d’éthanol par flacon de 100<!--> <!-->mL. Pour un patient de 70<!--> <!-->kg, l’éthanolémie mesurée correspondrait environ à l’ingestion de 4 à 5 flacons de SHA. Mais il est clair que dans le cas présenté, l’éthanolémie post-mortem relevée est la conséquence de la prise cumulative de boissons alcoolisées et de SHA, dans des mesures qu’il n’est pas possible d’estimer. Étant un alcool fort « bon marché », les SHA connaissent un détournement d’utilisation dans la population des alcooliques chroniques. Ce cas illustre l’importance de la prise en compte des risques d’alcoolisation aiguë massive liés à ce détournement, et rappelle également l’importance de la recherche des autres alcools (isopropanol et méthanol notamment) dans le cas de suspicion de consommation SHA.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 4","pages":"Page 314"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-11-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007824002609","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
Rapporter un cas d’un décès en lien avec une ingestion massive de gel hydroalcoolique lors d’une soirée.
Histoire du cas
Le corps d’un homme de 58 ans est retrouvé par les pompiers au décours d’une soirée alcoolisée. Des témoins rapportent une consommation de boissons alcoolisées de l’ensemble des participants à la soirée, et que certains d’entre eux auraient fait ingurgiter du gel hydroalcoolique (SHA) à la victime qui a ensuite été victime d’un malaise et placée en PLS. Il est retrouvé la présence de nombreux flacons de SHA à proximité du corps. Les antécédents du défunt rapportent une consommation chronique excessive d’alcool. À l’autopsie, il n’a pas été retrouvé de lésions traumatiques. Il a été mis en évidence une présence d’un œdème pulmonaire et d’une congestion polyviscérale non spécifique évoquant une cause de décès toxique. Les prélèvements autopsiques et les flacons de SHA sont transmis au laboratoire.
Méthodes
Les échantillons ont été analysé par GC-FID, CL-MS/MS, CL-SMHR à la recherche et dosages des alcools et des autres xénobiotiques.
Résultats
Les analyses ont permis de mettre en évidence de l’alcoolémie à 5,08 g/L dans le sang périphérique et à 5,98 g/L dans l’humeur vitrée du défunt. Il n’a pas été détecté la présence d’autres xénobiotiques dans les prélèvements autopsiques de la victime.
Discussion/Conclusion
Dans le monde, 2,6 millions de décès étaient attribuables à la consommation d’alcool en 2019 [OMS]. Les concentrations dans le sang périphérique supérieures à 5 g/L sont généralement compatibles avec la survenue d’effets toxiques majeurs (coma et dépression respiratoire) potentiellement létaux [Deveaux M. 1998, pp 111–126. Elsevier. Paris]. La concentration d’alcool dans l’humeur vitrée permet d’écarter l’hypothèse d’impact de production post-mortem d’éthanol sur l’alcoolémie mesurée. Les flacons de SHA retrouvés à la proximité du corps ne contenaient que de l’éthanol, à l’exclusion de tout autre alcool, et présentaient un degré alcoolique à 70 °C correspondant à environ 56 g d’éthanol par flacon de 100 mL. Pour un patient de 70 kg, l’éthanolémie mesurée correspondrait environ à l’ingestion de 4 à 5 flacons de SHA. Mais il est clair que dans le cas présenté, l’éthanolémie post-mortem relevée est la conséquence de la prise cumulative de boissons alcoolisées et de SHA, dans des mesures qu’il n’est pas possible d’estimer. Étant un alcool fort « bon marché », les SHA connaissent un détournement d’utilisation dans la population des alcooliques chroniques. Ce cas illustre l’importance de la prise en compte des risques d’alcoolisation aiguë massive liés à ce détournement, et rappelle également l’importance de la recherche des autres alcools (isopropanol et méthanol notamment) dans le cas de suspicion de consommation SHA.