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Abstract
Les groupes du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) qui fleurissent en 1973-1974 en France défendent, pour forcer le changement de loi, une activité abortive non clandestine, qui en vient à façonner une part substantielle de la formation militante. une approche localisée des MLAC révèle que la transmission des savoirs abortifs divise, et même cristallise les luttes de sens au sein du mouvement. En particulier, les bornes de la formation sont un nœud de tensions entre médecins et non-médecins. Alors que la formation pourrait subvertir la division des rôles, elle semble aboutir à la fabrique de savoirs spécialisés et à la clôture du groupe professionnel. De sorte que « la pratique » polarise les attentes : est-elle un état transitoire destiné à faire de l’avortement un « acte médical comme les autres », ou bien une action politique pérenne pour l’accès des femmes à l’autodétermination de leur corps ? Reposant sur une vaste enquête par entretiens et archives sur divers MLAC, cet article analyse la formation à la pratique abortive comme terrain de luttes internes. Il interroge la définition conflictuelle du public légitime de la formation (sélectionner ou massifier ?), avant de montrer comment les groupes aux intérêts différenciés qui en résultent (MLAC à majorité médicale ou profane) développent des usages et sens divergents de la passation de savoirs. Se dégagent alors deux modes de formation d’ordre idéal-typique : la dissociation entre soins et techniques versus leur union.
期刊介绍:
Fondée en 1975 par Pierre Bourdieu et un groupe de chercheurs du centre de sociologie européenne, Actes de le recherche en sciences sociales rassemble la production d’un vaste réseau international de chercheurs. La revue publie les résultats de recherches, achevées ou en cours, en sociologie et dans les disciplines voisines (histoire sociale, sociolinguistique, économie politique, etc.).
Elle offre ainsi des outils intellectuels pour comprendre les phénomènes sociaux du monde contemporain, dans la perspective d’une sociologie critique des modes de domination.