{"title":"Politiques de l’attente","authors":"Charles Reveillere, Pierre-Antoine Chauvin","doi":"10.3917/arss.250.0006","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/arss.250.0006","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":48673,"journal":{"name":"Actes De La Recherche En Sciences Sociales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3,"publicationDate":"2024-01-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140512013","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
L’attente en prison naît des innombrables situations où l’accomplissement par les prisonniers de tâches ordinaires nécessite l’autorisation ou la coopération des autorités pénitentiaires. Le quotidien carcéral se trouve rythmé par ce temps vide de l’attente, dont l’administration revendique la maîtrise. Il a souvent été avancé que cette vacuité du temps pénitentiaire venait marquer l’échec, ou le remplacement, du projet disciplinaire décrit par Michel Foucault. La prison se réduirait alors à sa seule fonction de neutralisation de populations à risque. L’objet de cet article est pourtant de montrer que l’attente devient à son tour un support d’injonctions disciplinaires à bien attendre , construisant l’impatience comme une déviance morale à corriger et marquant ainsi la survivance d’un projet disciplinaire amoindri mais toujours structurant, qui cible tout particulièrement un public de jeunes hommes issus de milieux populaires. Plus qu’à être productif, la prison contemporaine prétend leur apprendre à attendre, et ce non seulement dans le cadre carcéral mais aussi dans les relations à d’autres institutions, notamment étatiques.
{"title":"Une discipline du vide","authors":"Corentin Durand","doi":"10.3917/arss.250.0020","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/arss.250.0020","url":null,"abstract":"L’attente en prison naît des innombrables situations où l’accomplissement par les prisonniers de tâches ordinaires nécessite l’autorisation ou la coopération des autorités pénitentiaires. Le quotidien carcéral se trouve rythmé par ce temps vide de l’attente, dont l’administration revendique la maîtrise. Il a souvent été avancé que cette vacuité du temps pénitentiaire venait marquer l’échec, ou le remplacement, du projet disciplinaire décrit par Michel Foucault. La prison se réduirait alors à sa seule fonction de neutralisation de populations à risque. L’objet de cet article est pourtant de montrer que l’attente devient à son tour un support d’injonctions disciplinaires à bien attendre , construisant l’impatience comme une déviance morale à corriger et marquant ainsi la survivance d’un projet disciplinaire amoindri mais toujours structurant, qui cible tout particulièrement un public de jeunes hommes issus de milieux populaires. Plus qu’à être productif, la prison contemporaine prétend leur apprendre à attendre, et ce non seulement dans le cadre carcéral mais aussi dans les relations à d’autres institutions, notamment étatiques.","PeriodicalId":48673,"journal":{"name":"Actes De La Recherche En Sciences Sociales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3,"publicationDate":"2024-01-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140511964","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Cet article s’intéresse au rôle des administrations dans la mise en œuvre du droit au logement et dans la distribution inégale des chances et des délais d’attente pour l’accès au logement social. À l’image de ce que l’on observe depuis plusieurs années à l’entrée de l’enseignement supérieur, le placement des candidat·es au logement social s’opère aujourd’hui dans un champ toujours plus segmenté : diversification des filières, foisonnement de labels et de critères de priorisation, développement d’« itinéraires bis » pensés comme temporaires, multiplication des dispositifs d’accompagnement, etc. À l’appui d’un suivi statistique de 696 familles sans domicile hébergées à l’hôtel à Paris, cette enquête montre que l’inflation des labellisations « prioritaires » a engendré une spécialisation et une hiérarchisation entre les files d’attente dites « prioritaires » à l’entrée du parc social. Elle révèle de surcroît que toute sortie de la file d’attente se paye au prix d’une relégation durable dans la compétition. L’auto-élimination des candidat·es enregistre en premier lieu le poids exorbitant du capital économique dans le tri des prétendant·es. Elle affecte singulièrement les familles sans domicile les plus éloignées de l’emploi, mais aussi celles qui détiennent un petit capital social leur permettant de trouver d’autres portes de sortie chez des tiers ou dans le parc privé. L’article met, par ailleurs, en évidence le poids des stratégies de placement élaborées par les agent·es du guichet qui appartiennent, dans leur grand majorité, aux classes moyennes salariées du public. Les délais d’attente sont prescrits aux candidat·es en fonction d’attendus moraux mais aussi de stéréotypes sociaux. Pris dans leur ensemble, ces mécanismes de tri contribuent à la stratification interne aux classes populaires et à la redistribution inégalitaire dans l’espace résidentiel d’individus partageant pourtant, initialement, un certain degré de proximité sociale.
{"title":"L’administration inégalitaire de l’attente","authors":"Pierre-Antoine Chauvin","doi":"10.3917/arss.250.0080","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/arss.250.0080","url":null,"abstract":"Cet article s’intéresse au rôle des administrations dans la mise en œuvre du droit au logement et dans la distribution inégale des chances et des délais d’attente pour l’accès au logement social. À l’image de ce que l’on observe depuis plusieurs années à l’entrée de l’enseignement supérieur, le placement des candidat·es au logement social s’opère aujourd’hui dans un champ toujours plus segmenté : diversification des filières, foisonnement de labels et de critères de priorisation, développement d’« itinéraires bis » pensés comme temporaires, multiplication des dispositifs d’accompagnement, etc. À l’appui d’un suivi statistique de 696 familles sans domicile hébergées à l’hôtel à Paris, cette enquête montre que l’inflation des labellisations « prioritaires » a engendré une spécialisation et une hiérarchisation entre les files d’attente dites « prioritaires » à l’entrée du parc social. Elle révèle de surcroît que toute sortie de la file d’attente se paye au prix d’une relégation durable dans la compétition. L’auto-élimination des candidat·es enregistre en premier lieu le poids exorbitant du capital économique dans le tri des prétendant·es. Elle affecte singulièrement les familles sans domicile les plus éloignées de l’emploi, mais aussi celles qui détiennent un petit capital social leur permettant de trouver d’autres portes de sortie chez des tiers ou dans le parc privé. L’article met, par ailleurs, en évidence le poids des stratégies de placement élaborées par les agent·es du guichet qui appartiennent, dans leur grand majorité, aux classes moyennes salariées du public. Les délais d’attente sont prescrits aux candidat·es en fonction d’attendus moraux mais aussi de stéréotypes sociaux. Pris dans leur ensemble, ces mécanismes de tri contribuent à la stratification interne aux classes populaires et à la redistribution inégalitaire dans l’espace résidentiel d’individus partageant pourtant, initialement, un certain degré de proximité sociale.","PeriodicalId":48673,"journal":{"name":"Actes De La Recherche En Sciences Sociales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3,"publicationDate":"2024-01-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140511906","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La loi prévoit aujourd’hui que, lorsqu’un·e enfant est retiré·e de sa famille pour être placé·e, le placement se termine dès que les institutions judiciaires et administratives actent la fin du danger au domicile parental. Le placement ouvre ainsi le temps d’une parentalité suspendue à l’attente du retour de l’enfant. À partir d’une enquête ethnographique et statistique sur les institutions de placement et sur les parents concernés, l’article explore la façon dont l’attente et la menace de sa prolongation sont utilisées comme levier de contrôle et de normalisation des classes populaires – et plus particulièrement des mères. Cela passe notamment par l’imposition d’attentes intermédiaires. Leur respect conditionne la durée du placement, ce qui participe à la reproduction de l’ordre social – ordre de classe, de genre et de santé. Pour la majorité la plus dominée des parents, le placement perdure. Face à ce provisoire qui dure, les parents – socialisés de façon différentielle par les attentes, intermédiaires et finale, et conscients de l’inefficacité des efforts accumulés – développent deux types stratégies de cessation de l’attente : la déparentalisation et l’institutionnalisation de leur parenté.
{"title":"Jusqu’où attendre son retour ?","authors":"Hélène Oehmichen","doi":"10.3917/arss.250.0040","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/arss.250.0040","url":null,"abstract":"La loi prévoit aujourd’hui que, lorsqu’un·e enfant est retiré·e de sa famille pour être placé·e, le placement se termine dès que les institutions judiciaires et administratives actent la fin du danger au domicile parental. Le placement ouvre ainsi le temps d’une parentalité suspendue à l’attente du retour de l’enfant. À partir d’une enquête ethnographique et statistique sur les institutions de placement et sur les parents concernés, l’article explore la façon dont l’attente et la menace de sa prolongation sont utilisées comme levier de contrôle et de normalisation des classes populaires – et plus particulièrement des mères. Cela passe notamment par l’imposition d’attentes intermédiaires. Leur respect conditionne la durée du placement, ce qui participe à la reproduction de l’ordre social – ordre de classe, de genre et de santé. Pour la majorité la plus dominée des parents, le placement perdure. Face à ce provisoire qui dure, les parents – socialisés de façon différentielle par les attentes, intermédiaires et finale, et conscients de l’inefficacité des efforts accumulés – développent deux types stratégies de cessation de l’attente : la déparentalisation et l’institutionnalisation de leur parenté.","PeriodicalId":48673,"journal":{"name":"Actes De La Recherche En Sciences Sociales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3,"publicationDate":"2024-01-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140511976","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
La littérature sociologique consacrée à l’hôpital, et plus particulièrement aux services d’urgences, a depuis longtemps documenté l’existence d’un tri des patient·es, qui a pour fonction de les faire attendre ou non, en vue de les inclure vers la filière de soins appropriée à leur état. À partir d’une relecture de journaux de terrain au prisme d’une sociologie politique de l’attente, nous proposons ici d’appréhender les filières de soins comme autant de files d’attente pour l’accès aux soins d’urgence, mais également de penser le tri comme un dispositif de gouvernement de/par l’attente. Nous montrerons ainsi que ce dispositif produit des files d’attente différentes et socialement stratifiées ayant chacune sa politique du tri dont les contours se définissent dans sa relation avec les autres. Une statistique « armée » par l’ethnographie révèle que les disparités repérées sont le signe d’une qualité de soin variée selon les files d’attente, celle-ci étant appréciée à l’aune du temps d’attente. Sa mesure ethnographique permet de dévoiler in fine l’existence d’un accès aux soins d’urgence à plusieurs « vitesses sociales ».
{"title":"Urgence et tri des malades","authors":"S. Morel","doi":"10.3917/arss.250.0100","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/arss.250.0100","url":null,"abstract":"La littérature sociologique consacrée à l’hôpital, et plus particulièrement aux services d’urgences, a depuis longtemps documenté l’existence d’un tri des patient·es, qui a pour fonction de les faire attendre ou non, en vue de les inclure vers la filière de soins appropriée à leur état. À partir d’une relecture de journaux de terrain au prisme d’une sociologie politique de l’attente, nous proposons ici d’appréhender les filières de soins comme autant de files d’attente pour l’accès aux soins d’urgence, mais également de penser le tri comme un dispositif de gouvernement de/par l’attente. Nous montrerons ainsi que ce dispositif produit des files d’attente différentes et socialement stratifiées ayant chacune sa politique du tri dont les contours se définissent dans sa relation avec les autres. Une statistique « armée » par l’ethnographie révèle que les disparités repérées sont le signe d’une qualité de soin variée selon les files d’attente, celle-ci étant appréciée à l’aune du temps d’attente. Sa mesure ethnographique permet de dévoiler in fine l’existence d’un accès aux soins d’urgence à plusieurs « vitesses sociales ».","PeriodicalId":48673,"journal":{"name":"Actes De La Recherche En Sciences Sociales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3,"publicationDate":"2024-01-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140511420","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Des travaux ont déjà montré que l’épreuve de l’attente transforme les attentes populaires : elle livre les individus à un temps vacant, pendant lequel les espérances se réduisent à petit feu ; elle leur fait vivre une temporalité arbitraire, où ils intériorisent une condition subordonnée. Cet article montre que l’attente peut aussi être une ressource de gouvernement des classes populaires pour des institutions qui cherchent non plus à leur faire accepter leur place, mais à les déplacer. S’engage alors un gouvernement des aspirations par l’attente, qui joue sur deux horizons temporels. D’un côté, il fait miroiter un avenir meilleur (ailleurs) ; de l’autre, il rend le présent insupportable (ici). Si bien qu’il ne laisse d’autre choix aux individus que d’être dans l’attente d’un changement à venir. La démonstration s’appuie sur deux ethnographies longitudinales, dans des quartiers populaires ciblés par des projets urbains impliquant le départ des habitant·es. L’auteur va voir ce qu’il se passe quand il ne se passe (apparemment) rien, dans la période d’attente qui sépare les premières annonces d’un déplacement à venir et le moment de sa mise en œuvre. Il décrit des politiques qui placent les individus sur le qui-vive pendant des années, en prévision d’un changement qui pourrait arriver à tout moment, mais qui se fait attendre. En destinant les habitant·es à une mobilité future, ces politiques impulsent une dynamique de projection qui rend le présent inhabité. En plaçant en suspens la gestion de ces territoires, elles dégradent leurs conditions actuelles d’existence, au point de rendre le présent inhabitable. Contraintes symboliques et matérielles s’articulent pour fabriquer le consentement des habitant·es au départ : ils et elles en viennent à souhaiter partir, pour en finir au plus vite avec cette attente devenue trop éprouvante, quitte à accepter des modalités de départ bien en deçà de leurs espérances.
{"title":"La fabrique temporelle du consentement","authors":"Charles Reveillere","doi":"10.3917/arss.250.0060","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/arss.250.0060","url":null,"abstract":"Des travaux ont déjà montré que l’épreuve de l’attente transforme les attentes populaires : elle livre les individus à un temps vacant, pendant lequel les espérances se réduisent à petit feu ; elle leur fait vivre une temporalité arbitraire, où ils intériorisent une condition subordonnée. Cet article montre que l’attente peut aussi être une ressource de gouvernement des classes populaires pour des institutions qui cherchent non plus à leur faire accepter leur place, mais à les déplacer. S’engage alors un gouvernement des aspirations par l’attente, qui joue sur deux horizons temporels. D’un côté, il fait miroiter un avenir meilleur (ailleurs) ; de l’autre, il rend le présent insupportable (ici). Si bien qu’il ne laisse d’autre choix aux individus que d’être dans l’attente d’un changement à venir. La démonstration s’appuie sur deux ethnographies longitudinales, dans des quartiers populaires ciblés par des projets urbains impliquant le départ des habitant·es. L’auteur va voir ce qu’il se passe quand il ne se passe (apparemment) rien, dans la période d’attente qui sépare les premières annonces d’un déplacement à venir et le moment de sa mise en œuvre. Il décrit des politiques qui placent les individus sur le qui-vive pendant des années, en prévision d’un changement qui pourrait arriver à tout moment, mais qui se fait attendre. En destinant les habitant·es à une mobilité future, ces politiques impulsent une dynamique de projection qui rend le présent inhabité. En plaçant en suspens la gestion de ces territoires, elles dégradent leurs conditions actuelles d’existence, au point de rendre le présent inhabitable. Contraintes symboliques et matérielles s’articulent pour fabriquer le consentement des habitant·es au départ : ils et elles en viennent à souhaiter partir, pour en finir au plus vite avec cette attente devenue trop éprouvante, quitte à accepter des modalités de départ bien en deçà de leurs espérances.","PeriodicalId":48673,"journal":{"name":"Actes De La Recherche En Sciences Sociales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3,"publicationDate":"2024-01-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"140511982","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Avoir des enfants lesbiennes, gays, bi sexuel·les et trans’ (LGBT) transforme-t-il les manières d’être, de faire et de penser des parents concernés ? Cet article examine comment les parcours des minorités sexuelles et de genre peuvent rejaillir sur leurs parents et engendrer des processus de resocialisation. À partir d’une enquête qualitative menée auprès de personnes LGBT adultes et de leurs parents, il montre que ces processus vécus par les parents débouchent sur des transformations de leurs socialisations majoritaires hétéronormatives. En mobilisant la notion interactionniste de carrière, l’article analyse les phases communes par lesquelles passent les parents de LGBT et dégage les formes de socialisation indirecte et partielle à l’expérience minoritaire qui en découlent. Pour saisir les rouages de ces resocialisations, il explore ensuite la pluralité des effets de la carrière de parents de LGBT, en distinguant les cas où les parcours des enfants engendrent des transformations individuelles assez poussées, de ceux où le coming-out ne fait pas événement dans les trajectoires parentales. Développées à partir des minorités sexuelles et de genre et de leurs parents, ces analyses renseignent les effets socialisateurs des écarts à l’hétéronormativité ; elles permettent aussi, plus largement, de saisir des socialisations familiales qui se déploient de manière ascendante, des enfants vers les parents.
{"title":"Devenir parents de LGBT","authors":"Camille Masclet","doi":"10.3917/arss.249.0076","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/arss.249.0076","url":null,"abstract":"Avoir des enfants lesbiennes, gays, bi sexuel·les et trans’ (LGBT) transforme-t-il les manières d’être, de faire et de penser des parents concernés ? Cet article examine comment les parcours des minorités sexuelles et de genre peuvent rejaillir sur leurs parents et engendrer des processus de resocialisation. À partir d’une enquête qualitative menée auprès de personnes LGBT adultes et de leurs parents, il montre que ces processus vécus par les parents débouchent sur des transformations de leurs socialisations majoritaires hétéronormatives. En mobilisant la notion interactionniste de carrière, l’article analyse les phases communes par lesquelles passent les parents de LGBT et dégage les formes de socialisation indirecte et partielle à l’expérience minoritaire qui en découlent. Pour saisir les rouages de ces resocialisations, il explore ensuite la pluralité des effets de la carrière de parents de LGBT, en distinguant les cas où les parcours des enfants engendrent des transformations individuelles assez poussées, de ceux où le coming-out ne fait pas événement dans les trajectoires parentales. Développées à partir des minorités sexuelles et de genre et de leurs parents, ces analyses renseignent les effets socialisateurs des écarts à l’hétéronormativité ; elles permettent aussi, plus largement, de saisir des socialisations familiales qui se déploient de manière ascendante, des enfants vers les parents.","PeriodicalId":48673,"journal":{"name":"Actes De La Recherche En Sciences Sociales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3,"publicationDate":"2023-08-29","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"43774941","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Depuis les années 1970, les normes relatives à l’éducation sexuelle des enfants au sein de la famille ont profondément évolué. Contre le « régime de non-dit » qui dominait jusqu’alors, les parents sont désormais invités à parler de sexualité avec leurs enfants avant même l’entrée dans la puberté. Cette parole constitue aujourd’hui une marque de bonne parentalité, tandis que son absence apparaît souvent comme le signe d’un manque de « modernité » éducative. À partir d’une enquête auprès de familles d’enfants de 10-11 ans, l’article étudie comment les parents s’approprient – ou non – cette norme de discussion sur la sexualité dans la famille, et montre que cette appropriation repose sur des ressources et des intérêts socialement situés. Il analyse également ce que l’application de cette norme – ou son absence – produit sur les enfants en termes de socialisation, en démontrant que les pratiques des parents sont inégalement propices à l’acquisition précoce des savoirs savants sur la sexualité et à l’apprentissage de la manière légitime de parler de ce sujet.
{"title":"Parler de sexualité à ses enfants","authors":"Martine Court","doi":"10.3917/arss.249.0038","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/arss.249.0038","url":null,"abstract":"Depuis les années 1970, les normes relatives à l’éducation sexuelle des enfants au sein de la famille ont profondément évolué. Contre le « régime de non-dit » qui dominait jusqu’alors, les parents sont désormais invités à parler de sexualité avec leurs enfants avant même l’entrée dans la puberté. Cette parole constitue aujourd’hui une marque de bonne parentalité, tandis que son absence apparaît souvent comme le signe d’un manque de « modernité » éducative. À partir d’une enquête auprès de familles d’enfants de 10-11 ans, l’article étudie comment les parents s’approprient – ou non – cette norme de discussion sur la sexualité dans la famille, et montre que cette appropriation repose sur des ressources et des intérêts socialement situés. Il analyse également ce que l’application de cette norme – ou son absence – produit sur les enfants en termes de socialisation, en démontrant que les pratiques des parents sont inégalement propices à l’acquisition précoce des savoirs savants sur la sexualité et à l’apprentissage de la manière légitime de parler de ce sujet.","PeriodicalId":48673,"journal":{"name":"Actes De La Recherche En Sciences Sociales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3,"publicationDate":"2023-08-29","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"46549168","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Questionner l’amour et la sexualité des enfants n’est pas chose aisée en sciences sociales, d’autant qu’il s’agit de domaines considérés comme étant faits par et pour les adultes. Pourtant, dès l’entrée en CP, les tou·tes-petit·es sont loin d’être désintéressé·es par le sujet et ont a minima une petite idée de ce dont il s’agit, à savoir une relation intime entre un garçon et une fille . L’objectif de cet article est de souligner les différents processus par lesquels l’hétérosexualité s’impose durant l’enfance, avec l’évidence du naturel et le naturel de l’évidence . À partir d’une enquête ethnographique et d’entretiens auprès d’enfants de 6 à 11 ans, il montre les différentes manières dont les adultes et les pairs entretiennent l’idée que la sexualité serait exclusivement orientée vers l’autre sexe, à travers de multiples présomptions hétérosexuelles et taquineries homophobes qui contribuent à invisibiliser les amours homosexuelles potentielles. Quelques mineures exceptions à cette évidence existent, notamment chez les filles et les enfants des classes supérieures, en raison d’une éducation sentimentale moins strictement (hétéro)sexuée.
{"title":"La production de l’évidence hétérosexuelle chez les enfants","authors":"Kevin Diter","doi":"10.3917/arss.249.0020","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/arss.249.0020","url":null,"abstract":"Questionner l’amour et la sexualité des enfants n’est pas chose aisée en sciences sociales, d’autant qu’il s’agit de domaines considérés comme étant faits par et pour les adultes. Pourtant, dès l’entrée en CP, les tou·tes-petit·es sont loin d’être désintéressé·es par le sujet et ont a minima une petite idée de ce dont il s’agit, à savoir une relation intime entre un garçon et une fille . L’objectif de cet article est de souligner les différents processus par lesquels l’hétérosexualité s’impose durant l’enfance, avec l’évidence du naturel et le naturel de l’évidence . À partir d’une enquête ethnographique et d’entretiens auprès d’enfants de 6 à 11 ans, il montre les différentes manières dont les adultes et les pairs entretiennent l’idée que la sexualité serait exclusivement orientée vers l’autre sexe, à travers de multiples présomptions hétérosexuelles et taquineries homophobes qui contribuent à invisibiliser les amours homosexuelles potentielles. Quelques mineures exceptions à cette évidence existent, notamment chez les filles et les enfants des classes supérieures, en raison d’une éducation sentimentale moins strictement (hétéro)sexuée.","PeriodicalId":48673,"journal":{"name":"Actes De La Recherche En Sciences Sociales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3,"publicationDate":"2023-08-29","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"46336000","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
Martine Court, Gwénaëlle Mainsant, Camille Masclet, M. Pérez
{"title":"Pour une étude des socialisations à et par la sexualité","authors":"Martine Court, Gwénaëlle Mainsant, Camille Masclet, M. Pérez","doi":"10.3917/arss.249.0004","DOIUrl":"https://doi.org/10.3917/arss.249.0004","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":48673,"journal":{"name":"Actes De La Recherche En Sciences Sociales","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3,"publicationDate":"2023-08-29","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"41533308","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"社会学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}