Les implications du dispositif d’immigration : pratiques de définitions et de redéfinitions publiques et privées des intimités binationales en France et en Belgique
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Abstract
Cadre de la recherche : En France et en Belgique, depuis 2000, des dispositions legislatives ont renforce les conditions pour conclure les unions entre un national et un ressortissant non europeen et pour permettre a ce dernier d’acceder au sejour. Le dispositif d’immigration — delimitant un acces selectif a la nation par la construction des formes acceptables de « faire famille » — travaille les intimites des couples.
Objectif : Cet article interroge les changements de l’intimite des couples binationaux a l’aune des rencontres avec le dispositif d’immigration.
Methodologie : Le materiau empirique est issu d’une enquete multisituee conduite par collecte des recits de vie des conjoints d’une centaine des couples, analyses avec la « methode d’evaluation biographique des politiques », et par observations participantes au sein des structures associatives dans des villes francaises et belges.
Resultats : Au fil des formalites administratives, l’intimite se fait publique pour ces partenaires obliges a performer les « amoureux » comme le dispositif d’immigration le souhaite. Cela implique un travail sur les frontieres de leur intimite conjugale qui varie selon la permeabilite des individus a l’ingerence etatique. Diverses modalites de transformation de l’intime, en adhesion ou en contraste avec la logique etatique, se profilent : « a deux vitesses », « resilientes », « en echange » et « en eclats ».
Conclusion : Ces intimites identifiees resultent des « pactes » a la source de l’union et du travail que les partenaires ont pu effectuer aux frontieres des rencontres avec l’Etat. Dans une optique de « citoyennete intime », ce travail articule des decisions privees et des pratiques publiques, ainsi que des dilemmes moraux.
Contribution : L’article interroge l’imbrication des frontieres institutionnelles, travaillees par les politiques publiques, et conjugales, travaillees par les emotions, les attentes et les echanges, par une sociologie des pratiques performatives et intimes.