Borges et/est le Livre : fiction, fictionnalisation et fictivité

Abstract

The theme of the book staged in the texts of Jorge Luis Borges has the capacity to generate significant intertextuality. Its frequency in the Borgesian literary production (tales, short stories, essays, even poetry) justified this study. One of the iconic fictions of this naming is, without a doubt, The Book of Sand, where Borges imagined that there could be an “Endless Book”, the book of books that contains all the books past, present and future. While the Argentine author invests the book in his fictional stories as a character in his own right, this heroization has a bearing on the outcome of the plot and on the characters’ actions. The book, like a character in a novel, is somehow “more than itself ”, a paper medium, stained with ink. Being the keystone of the narrative, it acquires a status that is more than that of a mere fictional figure. In Borgesian fictions, it became the germ of a conception of the world. The insertion of the book as the main character of the book highlights, Borges’s tender love for this substratum and the way he adds value to it. Le thème du livre mis en scène dans les textes de Jorge Luis Borges a la capacité de générer une intertextualité signifiante. Sa fréquence dans la production littéraire borgésienne (contes, nouvelles, essais, même poésies) a justifié cette étude. L’une des fictions emblématiques de cette mise en abyme est, sans aucun doute, Le Livre de sable, où Borges a imaginé qu’il puisse exister un « Livre sans fin », le livre des livres qui contient tous les livres passés, présents et à venir. Si l’auteur argentin investit le livre dans ses récits de fiction en tant que personnage à part entière, cette héroïsation influe sur l’issue de l’intrigue et sur l’agir des personnages. Le livre, à l’instar d’un personnage de roman, est en quelque sorte « plus que lui-même », support en papier, tacheté d’encre. Clé de voûte du récit, il acquiert un statut qui est davantage que celui d’un simple figurant fictif. Il devient alors, dans les œuvres de fiction borgésiennes, le ferment d’une conception du monde. L’insertion du livre comme personnage principal du livre met en évidence, la dilection de Borges pour ce substrat et la manière dont il le valorise.